POLE-POSITION

L’été promet d’être intéressant pour les attaquants. Avant même d’avoir touché un ballon, Robert Lewandowski a vu augmenter sa valeur marchande.

Maik Barthel est au bord de l’immense piscine de Gamprin, un hameau du Liechtenstein. Les montagnes se découpent à l’horizon. L’agent fait construire une nouvelle villa de 400 m2 et un jardin d’hiver. La construction lui a déjà coûté quelques millions d’euros mais il va peut-être en récupérer une partie.

Car Barthel va peut-être réaliser le deal de sa vie. Il est en effet un des deux managers de Robert Lewandowski (27 ans). Le capitaine de la Pologne vient d’être sacré meilleur buteur de Bundesliga avec trente goals et a fêté le doublé avec le Bayern. En d’autres termes, Barthel est assis sur une mine d’or.

Les avants du calibre de Lewandowski sont les plus courtisés. A part le Polonais, il y a Zlatan Ibrahimovic, Karim Benzema et Gonzalo Higuain, que Naples ne laissera partir que contre 95 millions.

Ces dernières semaines, le téléphone n’arrête pas de sonner chez Barthel et son partenaire polonais Cezary Kucharski.  » Robert n’a pas de prix de marché car il n’y a tout simplement pas de marché pour lui « , constate Barthel.  » Je veux dire que quand la demande est plus grande que l’offre, celle-ci a le choix.  »

Bref, Barthel et Kucharski déterminent le prix de Lewandowski. Un club finira bien par payer la somme requise. Comme le salaire, elle dépassera tout ce qu’on a déjà versé pour un transfert.

INFLATION CHINOISE

Le moment est idéal pour une somme extravagante. L’été prochain, les clubs anglais vont être noyés sous l’argent grâce au nouveau contrat TV qui injecte 3,3 milliards d’euros en Premier League. Grâce aux Chinois. Ils veulent montrer des matches attrayants. Récemment, le club de Jiangsu Suning a déboursé 50 millions d’euros pour Alex Teixeira.

Le médian offensif n’a gagné des prix qu’avec le Shakhtar Donetsk.  » S’il vaut 50 millions, Robert en vaut 300 « , s’exclame Barthel. C’est sans doute ce qu’il dit aux directeurs sportifs de Barcelone et d’Arsenal quand ils s’enquièrent des conditions de l’avant polonais. Toutefois, l’avant est lié au Bayern jusqu’au 30 juin 2019 et son contrat ne comporte aucune clause de départ. On estime sa valeur marchande actuelle à 70 millions d’euros. En principe, il ne peut partir qu’avec l’accord du Bayern.

Dortmund a transféré Lewandowski de Lech Poznan pour 4,5 millions en 2010. Quatre ans plus tard, le buteur a rejoint le Bayern, où il est devenu une star d’envergure mondiale. Il a été sacré meilleur buteur de Bundesliga à deux reprises, une fois avec chaque club. L’avant polonais a déjà marqué 121 buts en 194 matches de championnat. Son statut semble dépasser les frontières de l’Allemagne.

Interrogé, l’avant répond :  » En football, les contrats ne sont pas sacro-saints. Qu’on trouve ça juste ou pas, c’est comme ça. Ce ne sont pas toujours les joueurs qui rompent leur contrat non plus. Combien de fois un club ne place-t-il pas un joueur dont il n’a plus l’utilité sur le marché ?  »

PAS ROMANTIQUE

Lewandowski n’est pas romantique. Il est un professionnel, qui explique clairement ce qu’il pense de son métier.  » Quand il s’agit de ma carrière, c’est moi le patron. Je suis le seul à décider. Mes managers se chargent d’exécuter mes décisions.  »

Il n’a jamais menti à personne.  » Jamais je n’ai dit que j’achèverais ma carrière dans tel ou tel club, pas plus que je n’ai embrassé l’emblème du club après avoir marqué. Ce n’est qu’une façade, ça n’a rien à voir avec la manière de faire des affaires.  »

Que doit faire un buteur ?  » Marquer, peu importe comment. Ça requiert certaines qualités. La technique joue un rôle, comme la vista et l’art de chercher des brèches ou de se poster où le ballon va arriver. Mais l’essentiel est de garder la tête froide, de se protéger de toutes les pressions. On commence à mal jouer et on perd sa valeur dès qu’on se laisse influencer par la presse, l’adversaire ou l’impact de négociations.  »

La vie de ceux qui misent tout sur une carrière d’avant-centre n’est pas facile. La plupart des grands clubs jouent depuis des années avec un seul attaquant spécifique mais en comptent souvent plus de deux. Pour faire carrière, mieux vaut donc devenir médian.

Toute médaille a son revers : comme les médians offensifs abondent, leur valeur diminue alors que celle des attaquants de classe augmente.

LE REAL SUR LA BALLE

Il n’est donc pas surprenant que le Real s’intéresse sérieusement à Lewandowski. Le directeur général José Angel Sanchez n’a pas pris l’avion de retour pour Madrid immédiatement après le quart de finale de Champions League à Wolfsburg : il est passé par Munich. On y a parlé de montants à donner le tournis aux agents de Lewandowski, qui connaissent pourtant tous les prix. Le Real serait prêt à payer un salaire de 25 millions d’euros plus les primes et les commissions des managers. Pour un contrat de six ans, ça représente 200 millions, sans compter le transfert.

 » Le Real est venu il y a quelques semaines et nous l’avons écouté « , explique Kucharski.  » C’est un club très attractif. Nous avons mis le Bayern au courant.  » Mais que souhaite Lewandowski ? Quand on lui pose la question, son visage se transforme en masque.  » C’est clair, le Real est attrayant pour tout footballeur mais je suis encore sous contrat au Bayern pour trois ans. Ma femme et moi nous plaisons à Munich. Le Bayern est un chouette club, avec de bons supporters. La ville est agréable, l’offre culturelle énorme, sans oublier la nature, les montagnes. D’un autre côté, je vis depuis six ans en Allemagne. J’y ai tout gagné. Il faut donc réfléchir au sens qu’il y aurait à chercher un nouveau défi.  »

Ces derniers mois, le Bayern est parvenu à s’attacher ses joueurs les plus importants pour de longues périodes. Il n’a pas encore réussi à convaincre Robert Lewandowski. Il y a eu quelques entretiens mais les responsables du Bayern jugent scandaleuses les exigences du clan Lewandowski. Il serait question d’un salaire annuel de plus de 20 millions d’euros. Lewandowski deviendrait de loin le footballeur le plus grassement payé du Bayern. Pour l’heure, les négociations sont au point mort.

Karl Heinz Rummenigge, le patron du Bayern, a fait part du point de vue du club, quand la presse a éventé l’intérêt du Real.  » Lewandowski jouera encore pour le Bayern la saison prochaine. Ça ne fait aucun doute.  » A suivre…

PAR RAFAEL BUSCHMANN – PHOTO NIKE

 » Quand il s’agit de ma carrière, c’est moi le patron, je suis le seul à décider.  » ROBERT LEWANDOWSKI

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