POKER MENTEUR

Une lutte de pouvoir dans les couloirs d’Anderlecht, une opposition orchestrée depuis Bruges, des politiciens bruxellois qui transpirent et un groupe Ghelamco plein de confiance. Le dossier de l’Eurostade déborde d’intrigues. Panorama (VRT) a placé tous les protagonistes devant la caméra. Sauf Anderlecht, qui se tait. Pourquoi ?

Il y a deux semaines déjà, la VRT se faisait écho d’une plainte déposée devant la Commission européenne par Walter Van Steenbrugge au nom de plusieurs supporters du Club Bruges. Selon l’avocat, les subsides accordés tant pour la construction de la Ghelamco Arena de Gand que pour celle de l’Eurostade à Bruxelles, ne sont pas légaux et profitent à deux rivaux du Club : Gand et Anderlecht. « Le football professionnel, c’est du commerce et en matière de commerce, il faut respecter les règlements relatifs à la concurrence », dit Bart Verhaeghe, président du Club Bruges, dans le reportage de l’émission Panorama.

Ils sont futés ces supporters qui ont compris cela, et qui ont vu l’intérêt d’aller en justice. Mais tout est-il vraiment parti d’eux ? Van Steenbrugge, lui-même fervent du Club, a défendu Verhaeghe dans une affaire où le président de Bruges était accusé d’avoir agressé un steward de Lokeren. A Bruges, on affirme que les deux hommes ont eux-mêmes recruté des supporters dans la tribune pour aller en justice.

 » Van Steenbrugge a parlé à la moitié de mes connaissances pour qu’ils adhèrent « , dit l’un d’entre eux. On leur aurait dit que les honoraires de l’avocat seraient pris en charge par le club. Un beau geste qui n’aura servi à rien : pour diverses raisons, entrepreneurs et gros bonnets brugeois n’avaient pas envie d’aller en justice. L’ironie du sort veut à présent que le noyau dur du groupe défendu par Van Steenbrugge devant la Commission européenne soit… gantois.

Au Stade Jan Breydel, on n’en revient pas.  » Comme vous, nous avons pris connaissance de cette plainte par la presse « , dit Kirsten Willem, le porte-parole du Club.  » Le Club n’est en rien impliqué dans cette affaire et il en a encore moins pris l’initiative. Notre club est celui qui compte le plus de supporters dans le pays et il ne peut répondre des faits et gestes de tous.  »

UN COMMANDITAIRE MYSTÉRIEUX

Revenons un an en arrière, fin mai 2015. « Rénover le stade Roi Baudouin coûterait trois fois moins cher que construire un nouveau stade », titre Het Nieuwsblad qui affirme se baser sur « une nouvelle étude hyper-détaillée. » Des détails dont on ne retrouve pas la moindre trace dans l’article, qui n’est basé que sur un nombre : 110 millions d’euros. Selon le bureau d’architectes Goedefroo+Goedefroo, c’est ce que coûteraient la rénovation et l’agrandissement du stade Roi Baudouin. Bien moins cher, donc, qu’un nouvel Eurostade. Le bureau n’en dit pas plus et refuse notamment de dire qui a commandité l’étude. Selon le journal, il s’agit d’éviter une récupération politique. « Ce projet doit être jugé sur ses mérites architecturaux », dit Sven Goedefroo.

Des mérites, Didier De Baere, n’en trouve pas beaucoup. Impliqué dans le début du dossier de stade national à Bruxelles en tant que Stadium Project Manager de l’Union belge, il estime que cette étude ignore complètement un problème technique de construction fondamental.  » Si le stade Roi Baudouin est en mauvais état, c’est dû à des nappes d’eau souterraines qui abîment les piliers de béton. L’explication est simple : le stade est situé en contrebas du plateau du Heysel. Une étude précédente a démontré que la construction d’un deuxième et d’un troisième anneau était impossible sans de gros travaux aux fondations. Or, l’étude de Godefroo+Godefroo ne parle pas seulement d’un deuxième anneau géant mais aussi d’une esplanade en terrasse autour du stade. Cela exige de gros travaux aux fondations et un coût supplémentaire de 30 millions d’euros au moins.  »

Pour De Baere, il y a un autre problème. « Rénover, ça veut dire maintenir la piste d’athlétisme. Dès lors, Anderlecht ne viendra pas. Je ne vois non plus ni loges, ni skyboxes. Comment rentabiliser le stade, dès lors ? Ghelamco paye la construction du stade mais qui va mettre 110 ou 140 millions ou plus encore pour un stade Roi Baudouin inexploitable ? L’Etat ? Va-t-on dès lors vraiment utiliser des deniers publics pour une rénovation qui accueillerait un événement par an (le Mémorial Van Damme, ndlr) dont l’organisateur n’est même pas une fédération sportive mais une entreprise commerciale (Golazo, ndlr) ?

UN CHOIX LOGIQUE

Wilfried Meert écoute tout cela en sirotant un café et fronce les sourcils.  » On me soupçonne d’être à la base de cette étude « , grimace le fondateur de la grand-messe de l’athlétisme qui, chaque été, remplit le stade Roi Baudouin.  » S’il y a bien un événement qui, au cours des 40 dernières années, a fait connaître Bruxelles à travers le monde, c’est le Mémorial. Les politiciens se creusent les méninges pour rendre une image positive à notre capitale mais si on démolit le stade Roi Baudouin, ce sera la fin du Mémorial. Je crois en un stade Roi Baudouin aménagé, plus petit, qui fasse partie d’une cité sportive. J’ai vu l’étude de Goedefroo+Goedefroo. Le concept est beau mais il doit être adapté. Ils n’ont pas voulu me dire qui était le commanditaire. Par la suite, j’ai appris qu’il s’agirait de Vincent Mannaert. Je m’en doutais un peu : qui d’autre ? La fédération d’athlétisme n’en a pas les moyens.  »

Il n’est pas difficile de faire le lien entre Vincent Mannaert et Goedefroo+Goedefroo. Mannaert, passé de Zulte Waregem au Club Bruges en 2011, avait déjà confié la rénovation du Stade Arc-en-Ciel au bureau d’architectes de Wielsbeke. Il est aussi ami avec Sven Goedefroo. Autre lien : l’agence de communication louvaniste qui s’occupe du dossier de l’étude travaille aussi pour Uplace, le projet immobilier de Verhaeghe. « No comment », répond l’agence à ce sujet. On sait que Verhaeghe et Uplace veulent construire un nouveau stade à Bruges. Et l’homme rêve d’un grand centre commercial à Machelen, sur le ring de Bruxelles, à quelques kilomètres du Heysel. Là aussi, au Club, on se dit surpris et on n’avoue pas être le commanditaire de l’étude.  » Cela aussi, c’est par la presse que nous l’avons appris mais il n’est pas illogique que le commanditaire ait fait appel au bureau Goedefroo+Goedefroo. En Belgique, les bureaux d’architectes compétents en matière de construction et de rénovation de stades ne sont pas nombreux.  »

CHANTAGE

Cette compétence, Ghelamco l’a. Uplace, pas encore puisque le projet de stade brugeois sur la chaussée de Blankenberge n’avance pas. Alors que Ghelamco jongle avec les millions, Verhaeghe se montre très prudent. Selon les spécialistes, il se pose des questions quant à la rentabilité d’un stade à cet endroit. Du dossier de demande de subsides rentré à la Région flamande en 2014, il appert que le Club Bruges compte sur une aide publique d’une cinquantaine de pour cent. Un constat ennuyeux pour Verhaeghe dont le discours s’appuie sur la concurrence déloyale que représentent les aides publiques.

Entre-temps, la ville de Bruges a entamé la procédure d’expropriation des terrains en vue du nouveau stade par l’intermédiaire de l’Intercommunale ouest-flandrienne. Elle doit non seulement tenter de trouver un accord avec les agriculteurs et le CPAS, mais doit aussi se mettre à table – oh surprise – avec l’ennemi numéro un de Verhaeghe à Gand et à Bruxelles car il apparaît que quelques parcelles de terrain (3,5 hectares, pour être précis) sur le site du futur stade de Bruges appartiennent à Ghelamco.  » C’est exact « , dit l’échevin brugeois des finances Boudewijn Laloo.  » Mais je ne considère pas cela comme un problème. L’offre et la demande vont se rencontrer.  »

En cherchant un peu, on apprend que les options que Ghelamco possède entrent dans le cadre d’un investissement spéculatif plus ancien. Depuis que le plan de secteur a changé et que le terrain est passé de zone industrielle en zone de loisir, la firme yproise ne verrait plus d’intérêt à développer le site. Paul Gheysens, le patron de Ghelamco, dément les affirmations selon lesquelles il ferait du chantage à l’égard de Bart Verhaeghe et ne lui vendrait ses actions qu’à condition qu’il cesse de s’opposer à l’Eurostade. Il affirme même qu’il souhaite à tout le monde d’avoir un stade, y compris à Verhaeghe. A Bruges, Kirsten Willem prétend ne rien savoir du fait que Ghelamco soit propriétaire d’une partie du site convoité par le club.  » Nous pensons que l’acquisition du stade va bien se passer. Une fois que la ville l’aura acquis, le Club fera une proposition d’emphytéose conforme au marché.  »

Si Gheysens tente d’éviter la polémique, Verhaeghe ne se tait pas et enfourche son cheval de bataille avec d’autant plus de vigueur qu’il deviendra cet été premier vice-président de l’Union belge. Il salue la construction de nouvelles infrastructures sportives en général et de stades de football en particulier mais s’en tient à sa conviction qu’il vaut mieux investir dans plusieurs stades neufs ou rénovés que dans une seule arène prestigieuse.  » L’Espagne et l’Allemagne montrent le bon exemple « , dit Kirsten Willem.  » Dans ces pays, il n’y a pas de stade national. L’équipe nationale passe de stade en stade. Chez nous aussi, cela rapprocherait les Diables Rouges de la population. Cela donnerait aux gens des quatre coins du pays l’occasion d’assister aux matches.  »

PLUS D’ILLUSIONS

Revenons-en au reportage de Panorama, dont Anderlecht était le grand absent. Au club bruxellois, on se tait dans toutes les langues sur le dossier de l’Eurostade. Les initiés pensent que ce silence en dit long et n’augure rien de bon quant à la construction de l’enceinte.

Il est clair qu’à Anderlecht, on ne se fait plus beaucoup d’illusions quant à ce projet. En septembre 2015, peu après la nomination officielle de Jo Van Biesbroeck (ex-AB Inbev) au poste de manager opérationnel, le club s’était même retiré. Il a fait marche arrière depuis lors mais n’en parle plus. Le mois dernier, lorsque Ghelamco a présenté la maquette de l’Eurostade en grande pompe à Tour & Taxis, aucune allusion à Anderlecht n’a été faite. Tout simplement parce que le club s’y était formellement opposé. Tout cela n’augure pas de rapports cordiaux entre les parties.

Pour comprendre les raisons du silence d’Anderlecht, il faut remonter au tout début de l’histoire. En prenant l’initiative de la construction d’un nouveau stade, la ville espérait accueillir un match de l’Euro 2020. Le vieux stade Roi Baudouin, rénové en 1995, n’est désormais même plus conforme à l’organisation d’une finale d’Europa League. Rien n’est prévu pour les VIP, qu’il faut accueillir dans des tentes. La décision de la ville de faire appel à un investisseur privé qui conçoive le stade, le finance et l’exploite fut cruciale. Son choix se porta sur Ghelamco, qui venait de terminer le stade portant son nom à Gand.

Anderlecht laissa faire et la crise qui entoura le limogeage de John van den Brom repoussa le dossier à l’arrière-plan. Le club ne s’opposa pas au fait que le stade soit confié à un tiers qui aurait le pouvoir en matière de parkings, de catering et de location. Ghelamco conçut alors un stade répondant aux exigences de l’Euro 2020, mais beaucoup trop grand pour Anderlecht. Au lieu de 45.000 places, il en comptait 60.000. C’était un stade qui pouvait accueillir un événement non récurrent – trois voire quatre matches en 2020 – et quatre ou cinq rencontres des Diables Rouges par an. Par contre, lors de la quarantaine de matches d’Anderlecht, il n’aurait été rempli qu’à 75 % de sa capacité.

ÉLÉPHANT BLANC

 » L’Eurostade est un projet mégalomane qui choque « , dit Wilfried Meert.  » Et tout cela parce que Michel Platini (le président suspendu de l’UEFA, ndlr) aurait promis le match d’ouverture de l’Euro 2020 à Alain Courtois (échevin des Sports de la ville de Bruxelles, ndlr). Depuis, Platini a été suspendu et, même si nous recevions ce match, ce stade serait un éléphant blanc. Anderlecht en est bien conscient : il a déjà du mal à remplir son stade actuel contre Tottenham. Et qu’en sera-t-il dans cinq ans, lorsque les Diables Rouges seront passés de mode ?  »

Il aurait été plus logique que le stade soit taillé à la mesure de son occupant principal et de voir comment il pouvait être adapté par la suite aux exigences de l’UEFA pour l’Euro 2020. Cela aurait pu être le cas si la ville de Bruxelles avait accordé une emphytéose à cet occupant principal, Anderlecht donc. Le club aurait alors pu trouver un accord avec un constructeur/financier pour former une société « stade » et garder le contrôle sur le projet ainsi que sur la propriété. Comme cela s’est fait à Amsterdam où l’Ajax paye 9,2 millions d’euros de location par an à Amsterdam Arena. Ce n’est pas rien, mais le club possède 80 % des actions du consortium. C’est donc comme si l’Ajax se payait un loyer à lui-même.

A Bruxelles, on a pratiqué différemment et Van Biesbroeck semble avoir compris que le club jouait dans une mauvaise pièce, que son existence était en danger. Un prix de location plus bas que les 11 millions cités dans un premier temps n’y aurait rien changé : c’est de l’argent jeté par les fenêtres sans rien de durable en retour. Le stade resterait toujours propriété de Ghelamco et, en plus, il serait bien trop grand.

LOYER FIXE

Mais cela s’est-il bien passé comme ça ? Sur base des documents auxquels Sport/Foot Magazine a pu avoir accès, on peut affirmer que Van Biesbroeck s’était penché sur le dossier du stade bien avant son entrée officielle en fonction. Dès mai 2015, il avait assisté à des réunions sans se distancier des engagements pris plus tôt par son club. Il n’y avait d’ailleurs pas de raison.

En mai 2014 – avant même que Ghelamco entre dans la danse – c’est même Anderlecht qui, par écrit, avait parlé d’un stade de 50.000 personnes aux trois candidats, ajoutant même que 60.000, c’était bien aussi si l’Union belge l’estimait nécessaire. Alors, peut-on maintenant parler de stade trop grand ? Un mois plus tard, c’est à nouveau Anderlecht qui, dans une autre lettre, parlait d’un bail locatif de 30 ans. Trois mois plus tard, le club disait qu’il préférait un loyer fixe. Et un mois plus tard encore – soit en octobre 2014 -, il fixait ce prix à 10,27 millions d’euros par an.

En octobre 2015, quelques semaines après s’être retiré, on apprenait que le club concluait enfin des contrats d’exclusivité avec la Ville de Bruxelles et avec Ghelamco. Le président Roger Vanden Stock et le secrétaire Philippe Collin avaient apposé leur signature, rendant toute marche arrière impossible. Les accords étaient clairs : un stade de 60.000 places, une location annuelle de 9,95 millions d’euros et un bail de 30 ans. Les six premiers mois sont gratuits. La nouveauté, c’était la construction d’une ceinture qui permettrait de ramener la capacité du stade à 45.000 places, comme Anderlecht en avait émis le souhait. Ghelamco prendrait l’investissement en charge tandis que les revenus seraient répartis équitablement.

Les plans du stade, qui comporte six étages, étaient on ne peut plus détaillés. Malgré leur caractère définitif, ils allaient toutefois faire l’objet, durant sept mois, de nombreuses demandes d’interventions plus ou moins importantes de la part d’Anderlecht. Chez Ghelamco, on devenait fou et même au Sporting, tout le monde ne comprenait pas où on voulait en venir. Au conseil d’administration, on se posait de plus en plus de questions quant aux informations qui parvenaient jusquelà… ou pas.

LUTTE DE POUVOIR

A ce sujet, on apprend le retour d’un Philippe Collin combatif à la table des négociations. On ne l’y avait pourtant plus vu depuis que Van Biesbroeck avait pris les choses en main. Ces deux-là ne s’entendent guère. Les initiés parlent de lutte de pouvoir sur fond d’Eurostade. D’un côté, le président Vanden Stock et son cousin Collin – la famille détient 60 % des actions du club. De l’autre côté, Van Biesbroeck et l’invisible Alexandre Van Damme – la brasserie -, dont on dit depuis des années qu’il va reprendre le club. Étonnamment, on dit qu’il est l’homme fort du club alors qu’il ne détient que 2,5 % des actions. Selon les uns, il possède une option d’achat sur les actions de la famille, mais d’autres démentent fermement.

On dit aussi que Van Damme a placé Van Biesbroeck dans l’optique de faire chuter la valeur du club. Du coup, l’Eurostade ne l’arrange pas car une fois qu’Anderlecht y aura pris ses quartiers et qu’il va rapporter de l’argent au club – ce dont Gheysens, le patron de Ghelamco, est convaincu – le prix des actions va grimper. C’est ce que Van Damme et Van Biesbroeck – connu chez AB Inbev pour son efficacité en matière de compression des coûts – veulent éviter. Le retour de Collin à la table des négociations avec Ghelamco sonne donc comme une déclaration de Vanden Stock : Anderlecht n’est plus à vendre.

Une question que tout le monde se pose : Anderlecht a-t-il un plan B ? Cela fait une éternité qu’on n’entend plus parler d’agrandissement du stade Constant Vanden Stock et tout indique qu’il n’y en aura pas mais Anderlecht ne peut pas le dire au risque de fâcher la commune tant qu’il est condamné à y jouer.

Au départ, le club avait souhaité porter la capacité du stade à 40.000 places mais il s’était heurté aux protestations des riverains car la construction d’un anneau supérieur aurait privé les voisins de soleil. Anderlecht n’avait donc reçu l’autorisation de construire que la moitié d’un troisième anneau, ce qui n’aurait laissé place qu’à 30.000 spectateurs, à peine 9.000 de plus qu’aujourd’hui. « L’investissement est trop important par rapport au return« , avait alors dit le manager, Herman Van Holsbeeck.

De plus, l’anneau supérieur actuel du Stade Vanden Stock est déjà l’un des plus mauvais de Belgique en termes de visibilité. Les spectateurs qui s’y trouvent ne voient même pas la ligne de touche la plus proche. En matière de confort, il est désuet. Anderlecht a fait ses comptes : impossible de récupérer l’investissement que représenterait un agrandissement partiel. De plus, il n’y a pas de places de parking pour des visiteurs supplémentaires. Aujourd’hui, déjà, le club ne joue jamais le vendredi soir parce que le parking du Westland Shopping Center n’est pas disponible.

L’intervention de l’économe du sport Trudo Dejonghe en 2005, à l’occasion du dixième anniversaire de la rénovation du stade Roi Baudouin, est intéressante :  » La grande majorité des supporters d’Anderlecht vient de Flandre « , disait-il en évoquant les projets de déménagement du Sporting.  » S’installer au stade Roi Baudouin ne coûterait pas cher mais cela effrayerait peut-être une partie des supporters francophones pour qui la distance augmenterait. Or, c’est surtout dans le Brabant wallon et dans le nord du Hainaut que le club doit aller chercher un nouveau public. Mieux vaudrait déménager à Neerpede, où se situe le centre d’entraînement. Ou construire un stade Fortis à la sortie Lennik. » Selon Dejonghe, l’Eurostade est donc du mauvais côté de Bruxelles. Hasard ou pas, ces derniers temps, des rumeurs circulent selon lesquelles Anderlecht explorerait discrètement d’autres pistes. C’est très délicat car, contractuellement, c’est interdit. Et ce n’est pas à Ghelamco qu’il faut le dire.

COUP DE MAIN BRUGEOIS

Morale de l’histoire ? A Anderlecht, tout le monde n’est plus partisan de l’Eurostade tandis qu’à Bruges, on fait tout pour mettre des bâtons dans les roues du projet. Ce qui revient à dire que Bart Verhaeghe est peut-être en train de rendre service à son principal rival ou, à tout le moins, à une partie de la direction de celui-ci.

Les plus malins, dans l’histoire, ce sont les dirigeants de Ghelamco : ils se tiennent cois et ont foi dans un contrat signé. La firme ne dépend pas de l’Eurostade. Sa poule aux oeufs d’or, c’est la Pologne. Donc, elle ne s’en fait pas. Mais le stade a tout de même son importance car Paul Gheysens n’aime pas l’échec. Il a fait de l’Eurostade une affaire d’honneur. Même si Anderlecht n’y jouait pas – mais il y jouera, c’est certain – il se fait fort de le rentabiliser. Il est surtout très fier du centre sportif et médical qu’il érigera dans un écrin de verdure à côté du stade. C’est son cheval de bataille. Il le décrit comme un mélange de Hyde Park (Londres) et de Central Park (New York). Et cela, à Bruxelles, ça n’existe pas encore.

PAR JAN HAUSPIE – PHOTOS BELGAIMAGE

A Anderlecht, une lutte de pouvoir sévit sur fond d’Eurostade.

Le Club Bruges fait tout pour faire capoter le projet.

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