Point par point

Pierre Bilic

Les Zèbres ont beaucoup galopé au Tivoli mais quand marqueront-ils leur premier but ?

Charleroi n’a pas fait dans la dentelle à l’occasion du plus court de ses voyages, à La Louvière. Avec le recul, on peut affirmer que Dante Brogno avait remarquablement préparé cette expédition sur le plan tactique.

Sa copie était presque digne de celle de Raymond Goethals quand ce dernier décidait qu’un ténor du football international ne planterait pas un seul but dans la cage des Diables Rouges. Mais Raymond-la-Science disposait le plus souvent d’un Raoul Lambert qui, au temps de sa splendeur, était un sprinter d’une rare efficacité. Or, même s’il faut lui donner du temps, Gilson ne sera jamais Raoul Lambert. Sans Olufade, toujours blessé, à moins d’un miracle, Dante Brogno savait mieux que personne que son équipe ne marquerait jamais un but au Tivoli.

Il ne lui restait plus qu’à s’organiser en fonction des atouts louviérois pour revenir avec un point. Durant une semaine, les Carolos ont donc potassé leurs cours, noté avec soin que leur adversaire détenait l’art d’écarter le jeu, de plonger sur les ailes ou dans l’axe, via Peter Odemwingie, Serge Djamba-Shango, Manaseh Ishiaku, Michaël Murcy. Il y a là un mélange de puissance et de vitesse qui fait mal, comme ce fut le cas à Bruges. Quand il dispose d’espace, bien aidé par les arrières, Davy Cooreman se fait un plaisir de lancer ses flèches noires en profondeur. Le problème pour Dante Brogno consistait à meubler son entrejeu, pour y bousculer les médians adverses, de doubler la présence de ses troupes sur les flancs. Charleroi joua dès lors en 4-1-4-1.

Un match très haché

Les Loups sont victimes de leur bon début de saison. Leur force offensive fait peur. Dès le premier coup de sifflet, Charleroi imposa un combat physique. C’est d’ailleurs une des constantes dans les exigences de Dante Brogno. Les arbitres ont toujours beaucoup de travail avec les Zèbres. N’ont-ils pas écopé de quatre cartes jaunes à La Louvière ? Leur coach évoquait l’ambiance propre à un derby pour expliquer cette collection de bristols. Il n’a pas vu de fautes vicieuses, c’est exact, mais cela donna, au bout du compte, lieu à un match très hachéavec beaucoup de pertes de temps.

A ce jeu del’engagement physique, Charleroi a pris l’ascendant face à une formation adverse désireuse de poser son jeu. Les deux équipes n’étaient pas animées par les mêmes intentions. Charleroi, il est vrai, était à la recherche de la sérénité alors que La Louvière vit sur son nuage. Au fil du match, on constata que les Loups s’engluaient au milieu du terrain. Charleroi a construit son match nul en se basant sur les poutres de sa maison. Bertrand Laquait fut, à nouveau, remarquable dans ses interventions. Dans sa tenue de steward, il écarta plus d’un ballon chaud. Le dernier rempart des Carolos est devenu un des cadors de la D1. Il ne rata qu’une intervention sauvée par la bicyclette d’un de ses défenseurs. Laquait, c’est vraiment du solide et son impact mental sur le groupe est considérable.

Sa ligne arrière n’a pas grand-chose à envier à beaucoup d’autres bastions défensifs de D1. Dante Brogno a eu la bonne idée de déplacer Ibrahim Kargbo au back droit. Son activité y est appréciée et ses petites erreurs habituelles y sont moins dangereuses. Au centre de ce secteur, le duo Frank DefaysMustapha Sama est impressionnant. Sama règne dans les airs. Il règle la  » DCA  » de Charleroi et personne ne passe. Le Sierra Léonais a mangé Ishiaku qui n’a quasiment pas touché un ballon de la tête ou des pieds. Frank Defays s’entend parfaitement avec lui. Ils sont complémentaires. Sama va au charbon, le capitaine Frank Defays se place bien, compense, anticipe et bouche. Un sacré duo. Stéphane Ghislain se tient, lui, en réserve. A gauche, Loris Reina apporte une touche plus technique. Cet excellent joueur de football rendra de grands services. Bertrand Laquait, Frank Defays et Mustapha Sama sont les points de repère de la défense.

Laurent Macquet confirme

Le phare de l’entrejeu n’est autre que Laurent Macquet. Le médian français confirme tout le bien qu’on pensait de lui la saison passée. Pour le moment, ceux qui l’entourent doivent d’abord songer à leur mission tactique et à la récupération : Sébastien Chabaud, Fabrice Lokembo, Mahamoudou Kere, Grégory Dufer, etc. En prenant un point à La Louvière, au terme d’un match à oublier, Charleroi a mis son système défensif à l’épreuve. Il tient la route et les joueurs étaient visiblement satisfaits. Ils ont tous l’impression de couler les fondations d’une nouvellemaison. Certains parmi eux estiment qu’ils imitent La Louvière qui, la saison passée encore, se distinguait d’abord par sa défense. Mais elle avait déjà des atouts offensifs alors que Charleroi ne semble pas en avoir pour l’instant.

A ce rythme-là, on peut se demander quand Charleroi marquera son premier but en D1. Gilson n’est pas Eduardo mais peut-il être jugé vue sa solitude à l’attaque ? Dante Brogno ne cache pas que son équipe a tout fermé à La Louvière. Son plan a été respecté point par point mais il faudra voir plus loin maintenant. Une défense peut supporter le poids des responsabilités durant un match mais pas tout le temps. Vu l’anémie offensive, la moindre erreur signifie la perte de tout l’enjeu. Les arrières nous ont avoué que ce fut éprouvant pour les nerfs à La Louvière. Cela sera encore plus à l’avenir à l’avenir si un buteur ne leur dispute pas la gloire d’un match. Dante Brogno a parlé du point du courage en quittant le Tivoli. Il reste beaucoup à faire…

Pierre Bilic

Brogno savait que son équipe ne marquerait jamais au Tivoli.

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