Point d’ANCRAGE

Pierre Bilic

Le pare-chocs des Loups joue sa chance, lutte jusqu’au bout.

Personne n’aime passer dans les parages de Maâmar Mamouni, 28 ans, sur un terrain de football. Cet homme bien éduqué, poli, intéressant, s’y transforme en aspirateur qui gomme inlassablement le jeu adverse. Auteur d’une très bonne première saison dans le Centre, l’ancien infatigable joueur de Créteil et du Havre, entre autres, ne s’arrête jamais, exerce une grosse pression sur le porteur du ballon adverse, nettoie un grand nombre de sphères qu’il rend, bien propres, à ses équipiers. Qui s’y frotte, s’y pique ! Il se fait respecter dans les duels. Son retour de la CAN a fait beaucoup de bien à ses équipiers louviérois. Ainsi, Daniel Camus croule moins sous le travail et ajuste mieux son jeu dans la ligne médiane.

Le Franco-Algérien est, sans doute, un des meilleurs médians défensifs de l’élite. Entre ses différents matches références, il y a certainement le récent La Louvière-Standard (3-2) au cours duquel, non content de scier la ligne médiane adverse, il marqua deux buts : un penalty, l’autre en reprenant un assist de Yannick Vervalle.

Maâmar Mamouni nuance un peu l’impression générale :  » Je m’étais pourtant bloqué le dos en début de match. J’ai eu du mal à enchaîner les choses avant que la douleur ne disparaisse petit à petit. J’adore les matches où l’enjeu est encore plus important que d’habitude. Je ne fuis pas les duels d’homme à homme, au contraire. J’adore monter au feu mais si je m’engage à fond, c’est dans un grand respect de l’adversaire. Je n’ai jamais blessé quelqu’un volontairement. Je joue ma chance, je lutte jusqu’au bout. Quand je perds un ballon, ce n’est pas fini. Il faut se reconvertir en chasseur. Cela m’est arrivé contre le Standard. Jonathan Walasiak m’a piqué une balle mais je ne l’ai pas lâché. Je l’ai poursuivi avant d’arrêter sa progression devant notre rectangle. Je ne renonce jamais sur un terrain. C’est mon style de jeu. Je suis un battant. J’ai besoin de bosser, de mouiller mon maillot, de toucher beaucoup de ballons. Je ne suis pas le grand technicien qui vit sur son talent. J’opte pour la simplicité et la sueur que je mets à la disposition du collectif « .

Se faire respecter

Rugueux, Maâmar ne collectionne cependant pas les cartes jaunes : un atout pour un médian défensif qui croise forcément le fer, une preuve d’intelligence aussi.  » A ma place, il faut se faire respecter « , argumente-t-il.  » Si on a peur de moi, tant mieux et quand un attaquant adverse craint un peu de s’avancer dans mon secteur, c’est déjà un avantage « .

Important dans la ligne médiane, Maâmar Mamouni y soigne la récupération que ce soit avec Daniel Camus, Georges Arts, Rogerio De Oliveira, Matthieu Assou-Ekotto ou George Blay. Il est arrivé que les Loups se présentent avec trois médians défensifs, jouant en 4-5-2 comme à Mouscron mais, généralement, leur système (4-4-2) prévoit deux pare-chocs. Maâmar Mamouni n’a aucune préférence afin de former le binôme de la ligne médiane.

 » Personne n’est indispensable, tout le monde est utile « , avance-t-il.  » Un club comme le nôtre doit d’abord se distinguer par la qualité de son collectif. Cette ligne médiane s’est très bien débrouillée sans moi durant la CAN. Cela prouve que La Louvière ne se distingue pas par des individualités mais bien via un collectif où tout le monde apporte son savoir-faire. Dans mon secteur, les solutions ne manquent pas. Georges Arts a beaucoup d’expérience. Sa lecture du jeu est très bonne et c’est un gagneur qui peut jouer aussi bien dans la ligne médiane qu’au centre de la défense. Daniel Camus est un joueur important. Il se bat pour toutes les balles, joue simplement, se manifeste de la voix quand il le faut. Rogerio est très doué techniquement. Son pied gauche est redoutable et il cherche souvent des solutions techniques. Matthieu Assou-Ekotto est le pendant de Rogierio en version droitier. Son bon match à Mouscron me fit très plaisir. C’est une excellente recrue. Il arrive parfois que George Blay joue dans la ligne médiane, en tant que récupérateur, posté plus à droite. Il y dépanne bien mais George est un arrière droit typique. A mon avis, un des meilleurs joueurs de D1 à ce poste. Il jouerait sans aucun problème dans un des clubs du top « .

Maâmar Mamouni prend du plaisir à assumer son rôle. En France, il joua au back droit avant de se fixer dans la ligne médiane. A La Louvière, beaucoup de ballons passent par ses pieds. Il défend mais émerge aussi de la deuxième ligne afin de percuter. Sans en revendiquer un tant soit peu le titre, c’est l’homme fort de cette équipe. Un patron naturel, un des garants de la formule de jeu choisie par Ariel Jacobs.

 » Je n’aime pas parler de mes coaches ou faire des comparaisons « , explique Maâmar.  » J’en ai connu beaucoup. Mais ce qu’Ariel Jacobs réalise est impressionnant. Tactiquement, La Louvière est au point, maîtrise bien son système de jeu et on n’obtient cela que via un gros boulot au quotidien « .

La ligne médiane est le centre nerveux de cet édifice vert et blanc. Après la récupération du ballon, la phase de construction ne dure pas longtemps : deux ou trois passes bien soignées en largeur avant de dénicher un attaquant dans l’axe ou sur les ailes. Maâmar Mamouni est un point d’appui important dans cette recherche tactique basée sur le pressing, l’engagement, la précision, la vitesse et la profondeur.  » Mais je ne suis pas le seul « , précise- t-il tout de suite.  » Nos attaquants sont rapides et cela facilite aussi la tâche des médians. Michaël Murcy adore plonger dans les espaces, sait garder la balle en attendant du soutien. D’autres, comme Manaseh Ishiaku, sont très forts de la tête. Nous avons d’autres atouts offensifs avec Peter Odemwingie, Frédéric Tilmant, Ricardo Magro. Les duos sur les flancs constituent aussi une de nos forces. A gauche, on ne fait pas beaucoup mieux en D1 que le duo Michaël Klukowski-Yannick Vervalle. La Louvière compte encore des médians comme Sammy Van den Bossche, Serge Djamba-Shango, DavyCooreman, Gunther Vanhandenhoven, etc. Notre défense est solide. La concurrence est réelle et très saine. La Louvière est un club idéal pour révéler des jeunes ou relancer la carrière de joueurs ayant plus de vécu. Les petits clubs assument un rôle important en D1 « .

Rendre du plaisir

Citoyen de Casteau, où il habite dans le même immeuble que Zoran Ban et CheikhGadiaga de Mons, Maâmar Mamouni ne regrette nullement d’avoir fait un crochet par la Belgique.

 » J’espère rendre du plaisir à ceux qui m’ont fait confiance « , dit-il.  » Je songe au manager du club, Roland Louf, qui m’a recruté en France alors que je n’avais plus de contrat, au staff technique, au président, au public. Je n’ai qu’à me féliciter de mon venue à La Louvière. Grâce à ce club, j’ai vécu ma première campagne européenne. Je n’oublierai jamais les deux matches disputés contre Benfica. Pour tout footballeur, c’est la réalisation d’un rêve. Sur cette scène-là, on découvre un autre univers. J’imagine ce que peuvent ressentir ceux qui militent chaque année en coupe d’Europe. J’ai apprécié ces moments de bonheur que je dois aux Loups. Sans eux, je n’aurais probablement pas connu cela. Quand on a goûté à l’Europe, on en redemande. Cette aventure nous a tous rendus plus forts car La Louvière a tenu la dragée haute à Benfica. En plus de ces joies européennes, je retiens aussi notre très bon début de championnat. Sur cette lancée, j’ai pris part à la phase finale de la CAN. Je n’ai qu’à me féliciter de mes acquis en Belgique. J’avais fait le tour du problème en France. C’est la première fois que je joue à l’étranger. Cela me plaît beaucoup. Le football belge recèle pas mal de qualités. Le jeu est bien organisé. Tout le monde connaît bien son job. Des clubs comme Anderlecht, évidemment, mais aussi Bruges, Genk et le Standard joueraient un rôle important en France. J’apprécie aussi le style de jeu de Westerlo ou de Beveren « .

Maâmar Mamouni n’a signé qu’un contrat d’un an au Tivoli. Que lui réserve l’avenir ? Prolongera-t-il son accord ? D’autres clubs s’intéressent-ils à lui ?

 » Je ne veux pas dresser de bilan avant la fin du championnat « , avance-t-il.  » Je me suis redéfini, c’est certain, mais il faut se remettre en question lors de chaque match. J’ai 28 ans, je ne suis plus un jeune qui s’emballe inutilement suite à des rumeurs comme ce fut parfois le cas en France quand mon nom circula à Bordeaux et ailleurs. A la fin de la saison, je serai à l’écoute de tout, surtout de La Louvière, et on avisera. J’ai deux enfants et je ne veux plus vivre le même scénario que la saison passée. Je n’avais plus de club, plus d’employeur. Cette fois, j’aimerais partir en vacances avec les miens la tête reposée « .

Pierre Bilic

 » A la fin de la saison, j’écouterai SURTOUT LA LOUVIÈRE « 

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