Plutôt tirer que pointer

Bruno Govers

Réduit au chômage technique en France, le Réunionnais savoure sa revanche au Tivoli.

« Si on m’avait dit voici un mois à peine que je me mesurerais sous peu à Benfica, j’aurais franchement éclaté de rire « , observe Mickaël Murcy (23 ans), le récent transfuge des Loups.  » A ce moment-là, il est vrai, mon avenir footballistique baignait encore dans le flou le plus total. Je restais sur une saison mi-figue mi-raisin à Créteil, un club de la banlieue parisienne qui s’était positionné à une mièvre 17e place en Ligue 2 française, l’équivalent de l’antichambre de l’élite belge. Afin de ne plus vivre une campagne aussi désastreuse, la direction recruta des éléments chevronnés au lieu de poursuivre sa route avec des jeunes, comme moi. Vu mon petit temps de jeu de la saison passée du fait de la mauvaise passe de l’équipe Première, les candidats intéressés ne se pressèrent pas à mon portillon en fin de saison. Au contraire, j’ai dû aller frapper moi-même aux portes. Mais, partout, c’était la même rengaine : les dirigeants ne voulaient se prononcer de manière définitive qu’en toute dernière instance, histoire d’obtenir des conditions financières plus avantageuses pour eux. Certains de mes anciens partenaires, sûrs de leur coup, se montrèrent disposés à attendre. Moi, en revanche, je désirais savoir à quoi m’en tenir le plus vite possible. Et c’est pourquoi je n’ai pas hésité un seul instant à accepter l’offre louviéroise. Peut-être une autre possibilité, plus alléchante, se serait-elle dessinée pour moi si je m’étais armé de patience, qui sait ? Mais, pour le même prix, j’aurais pu tout aussi bien me retrouver au chômage. Or, à choisir, je préfère quand même tirer que pointer (il rit) « …

Premier but pro en Belgique

Mickaël Murcy en a déjà donné un petit aperçu dans son nouveau cadre de travail, puisqu’à l’occasion du déplacement à Bruges, l’attaquant français prit à son compte les deuxième et troisième buts de ses couleurs, le premier sur une demi-volée et l’autre d’un tir placé après une course de près de 50 mètres. Dommage, toutefois, que la joie de la victoire fut ternie, in extremis, par une égalisation d’ Andrés Mendoza.

 » Sur l’instant, je n’ai pas perçu la portée réelle de l’événement « , dit-il.  » Par après, j’ai réalisé subitement que je venais d’inscrire là mes deux premiers goals depuis que je suis professionnel. A Créteil, je n’étais jamais parvenu à tromper la vigilance du gardien adverse. Et, ce qui ne gâte rien, ces deux buts, je ne les avais pas inscrits contre n’importe qui dans la mesure où, quelques jours plus tard à peine, les Brugeois se permirent d’éliminer le Borussia Dortmund au troisième tour préliminaire de la Ligue des Champions. De surcroît, j’ai cru comprendre, depuis lors, que le portier Danny Verlinden fait figure de véritable monument chez les Flandriens et que ceux qui peuvent se prévaloir de l’avoir battu deux fois au cours d’un seul et même match ne courent pas les rues. Alors, pensez si je savoure aujourd’hui. Même si je cerne mieux que quiconque que cette entrée en matière prometteuse demande confirmation. Je suis cependant prêt à travailler en ce sens. L’ardeur à la tâche ne m’a jamais rebuté et j’ai à c£ur de profiter pleinement de cette nouvelle expérience au Tivoli pour me bonifier tant et plus. Au cours de mes années françaises, j’ai eu tout loisir de peaufiner ma technique, notamment par le biais d’une saison, comme interne, au sein du centre de formation du PSG. A présent, au contact du football belge, plus engagé, j’espère gagner en agressivité. Car c’est là mon handicap : je ne me fais pas encore suffisamment respecter dans les duels. Or, dans le chef d’un avant, c’est évidemment primordial. J’espère développer cette aptitude ici « .

Avec Domi au PSG

Mickaël Murcy est issu d’une famille branchée sur le football. Son père, Jean-Yves, tâta autrefois du ballon rond à La Réunion avant de transmettre la passion, en France, à ses quatre fils : Harold, Mickaël, Yvan et Patrice. Ainsi qu’à sa fille, Vanessa qui, au même titre que ses frères, aura transité par le même club de départ : le CSM Persan.

 » A la maison, le foot a toujours été au centre de toutes les conversations « , confie le Louviérois.  » Une anecdote en dit d’ailleurs long à ce sujet : le jour de ma naissance, le 18 septembre 1979, mon père ne put s’empêcher d’aller assister au match PSG-Lille alors que tout le monde était réuni dans la chambre de ma mère, à l’hôpital, à l’occasion de cet heureux événement. Je ne sais trop s’il faut y voir un signe mais j’ai abouti là-bas, après avoir fourbi mes armes dans le club de ma ville natale. Même si je ne suis resté qu’un an chez les Sangermanois, cette période restera à tout jamais gravée dans ma mémoire puisque j’y ai côtoyé pas mal de beau monde : non seulement Didier Domi, Edouard Cissé et Fabrice Kelban chez les jeunes mais aussi quelques valeurs sûres avec lesquelles j’ai eu l’opportunité de m’entraîner de temps à autre comme Raï, Patrice Loko, Marco Simone, Bertrand Lama ou encore Alain Roche. Même si, par après, il m’a fallu retourner à la case départ au CSM Persan, troquant ainsi un club de D1 pour un autre émargeant au huitième rang de la hiérarchie française, je n’ai jamais pris ombrage de cette mesure. Au contraire, je me suis toujours fait fort de remonter les échelons et j’y suis finalement parvenu puisque je suis passé tour à tour au FC Versailles 78, en CFA2, puis aux Lusitanos Saint-Maur en CFA, le pendant de la D3 belge et enfin Créteil avant d’aboutir au plus haut niveau en Belgique. A présent, je suis même en passe de découvrir l’Europe avec les Loups, c’est fantastique « .

Boavista, il connaît

Curieusement, Mickaël Murcy risque d’être beaucoup plus dépaysé en donnant la réplique à Benfica avec ses coéquipiers new look louviérois au stade du Pays de Charleroi qu’au Portugal. Car l’enceinte de Boavista, qui doit servir de cadre à la rencontre en raison des travaux de rénovation actuels à l’ Estadio da Luz, ne constitue pas une inconnue pour lui.

 » Comme son nom le laisse supposer, le Lusitanos Saint-Maur est un club formé au départ par des Portugais  » explique-t-il.  » La petite histoire veut qu’il soit précisément jumelé avec le Boavista. En 2002, un match de gala, réunissant les deux clubs, avait été mis sur pied là-bas. J’y avais participé, étant même à l’origine du coup de réparation qui nous avait permis de nous imposer par le plus petit écart. Je n’ai qu’un seul souhait : pouvoir être tout aussi déterminant que ce coup-ci, même si le contexte sera forcément tout à fait différent. Compte tenu de la réputation de notre adversaire, il me paraît logique qu’il ait les faveurs des pronostiqueurs. Mais nous ne partons pas battus d’avance pour autant. En Coupe de France, avec Créteil, la saison passée, il s’en était fallu de très peu que nous n’évincions Nancy, qui s’imposa finalement 6-5 aux coups de pied de but après un score de parité 2-2 au bout du temps de jeu réglementaire. Et en Coupe de la Ligue, l’Olympique de Marseille dut attendre le dernier quart d’heure pour s’imposer chez nous. Croyez-moi, je travaillerai mes partenaires au moral pour qu’ils s’inspirent de ce double exemple « .

 » Le stade de Benfica, je connais « 

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