« Plutôt l’année de trop que l’année trop peu »

A Sydney, il en était à ses quatrièmes J.O.

Jean-Michel Saive (31 ans) a échangé ses premières balles avec son frère Philippe sur la table de la cuisine, lorsque ses parents étaient aux compétitions. Car ils jouaient tous les deux : son père, Jean-Paul, a été 10e joueur belge et sa mère, Jeannine, a été championne de Belgique en simple et en double dames B. Le samedi, donc, ils allaient aux Interclubs. Dès qu’ils étaient partis, les deux frères viraient la nappe qui se trouvait sur la table de la salle à manger et se servaient de livres, rangés à la queue leu-leu, en guise de filet.

Petit à petit, leur père et leur mère les ont emmenés avec eux à la salle. Jean-Mi a participé à sa première compétition le 18 octobre 1978 contre son futur beau-frère, Erwin Billen. C’était à l’occasion d’un tournoi. Il a pris des raclées parce que, en fait, il ne savait pas encore en quoi consistait le jeu. Il n’avait jamais participé à une séance d’entraînement au préalable. Avant, il jouait régulièrement au foot. En Préminimes, au RFC Ans, il évoluait au libéro.

S’est-on directement rendu compte que vous étiez doué pour le tennis de table?

Jean-Michel Saive : Je le pense parce que, dès mon troisième tournoi, j’ai gagné. Sans le savoir, ma carrière était lancée. J’ai quand même continué à faire du foot et du ping en même temps pendant deux ans. Ensuite, j’ai définitivement opté pour la petite balle plutôt que la grosse. A onze ans, je devenais champion de Belgique minimes (simple, double et double-mixte) et puis mes classements se sont rapidement enchaînés : non-classé, D2, C2, B2, A4, A2, A1. A 13 ans, je me retrouvais en équipe nationale seniors, où j’étais quatrième joueur belge. J’ai disputé mon premier championnat du monde seniors en 83 (à 13 ans et 4 mois). Par équipe, on avait terminé 34e, ce qui nous avait permis de grimper de la D3 à la D2 (moi, je n’étais que réserve); en simples, j’ai perdu 3-2 au premier tour des qualifications contre un Italien qui s’appelait Barguetti et que je n’ai plus jamais revu ensuite.

Vous aviez commencé votre parcours international en Allemagne, mais vous êtes également allé jouer en France. Là non plus, vous ne vous étiez pas facilité la vie?

Pour toutes sortes de raisons, notamment de protectionnisme, la fédération allemande a interdit à tous les joueurs étrangers repris en équipe nationale de jouer en Bundesliga. Il me fallait donc trouver un autre club que Julich. Il n’était toujours pas question pour moi de revenir en Belgique et j’ai donc signé à Tours pour 3 ans. J’avais 16 ans, j’étais toujours à l’école et j’optais pour un club se trouvant à 9 heures de train du domicile parental! J’en ris aujourd’hui mais c’était quand même un réel challenge à mon âge. Et dire qu’on jouait parfois deux fois par semaine, le mardi et le samedi! Le week-end, je logeais le vendredi soir chez un équipier, qui possédait un studio, à Paris, lequel devait bien faire trois mètres sur trois m de superficie! Je me souviens que je dormais pour ainsi dire la tête sous son lavabo.

Quand on jouait le mardi, je perdais au minimum deux jours d’école… avec la bénédiction de mon directeur au collège Saint-Barthélemy à Liège, pour autant que mes résultats ne s’en ressentaient pas.

Votre parcours à la dure a forgé votre caractère?

Complètement! J’ai acquis une autodiscipline. Même sans coach, je trouve toujours le temps et les moyens de m’entraîner. Même dans des périodes de désorganisation au sein de la fédération -et ce fut parfois le bordel!-, je continuais à travailler. Un avantage pour moi mais aussi un désavantage pour la fédé puisque, là-bas, on savait que je faisais de toute façon ce qu’il fallait pour progresser. Je suis parti à de multiples occasions en stage de ma propre initiative. A 18 ans, par exemple, j’ai décidé de m’entraîner 15 jours au Japon juste avant les Jeux de Séoul.

Séoul, Barcelone, Atlanta et Sydney : quel est votre meilleur souvenir aux Jeux?

Atlanta constitue pour moi un bon et un mauvais souvenir. Bon parce que je fus porte-drapeau de notre délégation et que j’en étais fier. Mauvais parce que je fus terriblement déçu d’être battu en quart de finale par Korbel. Jusque-là, j’avais effectué un parcours fantastique puisque je n’avais pas perdu le moindre set. Mais, entre les huitièmes et les quarts de finale, j’ai dû attendre pratiquement 40 heures et j’ai mal digéré ce repos forcé. Je ne suis jamais entré dans le match. Au revoir et merci! Quatre ans plus tard, j’ai retrouvé ce même Korbel à Sydney, au premier tour, et je l’ai explosé! J’ai fait un bon tournoi en Australie, même si je n’ai pas eu de médaille.

Quel est l’apport des sponsors en tennis de table?

Il y a plusieurs types de sponsors. Les joueurs du top ont trois types de revenus différents. Le premier vient du club, qui lui donne un contrat d’une ou plusieurs saisons, avec, souvent, un salaire fixe et des primes de victoires. La deuxième rentrée vient de sponsors spécifiques au tennis de table. Ils accordent au joueur une certaine somme en fonction du classement mondial, du charisme aussi. Le troisième type de revenus émane de sponsors privés. J’ai par exemple été soutenu par la CGER pendant 11 ans. Les marques de voitures sont aussi présentes dans notre sport. On reçoit un véhicule, mais aussi, éventuellement, un certain montant par an. Les meilleurs joueurs bénéficient également d’invitations aux tournois les plus importants. Sinon, au point de vue des primes, il ne faut pas se leurrer, aux tournois du Protour, on ne commence à gagner des prix qu’à partir des quarts de finale : 1.000 dollars! En Europe, ça va encore. On rentre dans les frais, mais ailleurs. Ceci dit, côté déplacements, je peux également compter sur l’aide du Comité Olympique.

Quel est votre meilleur souvenir sportif?

Ma victoire au Top 12 en 1994 contre Waldner. C’était mon premier très grand titre. Ce jour-là, j’entre dans l’histoire du ping : je prends la première place de la hiérarchie mondiale du tennis de table.

Votre plus mauvais souvenir sportif?

La défaite à Atlanta contre Korbel. J’y reviens chaque fois.

Vos relations avec la presse constituent un point plus épineux. On dit que vous n’acceptez pas trop la critique…

C’est vrai, je n’accepte pas la critique. C’est toujours pris comme un défaut par les gens de la presse, parce que, dans l’autre sens, eux, ne l’acceptent jamais non plus! Si on dit à un journaliste qu’il a eu tort, il ne le prendra pas bien. Alors que moi, en tant que joueur, je suis souvent mis devant le fait accompli. Or, il n’y a pas beaucoup de journalistes qui connaissent le ping. C’est un sport difficile à cerner, c’est vrai. Je sais, moi, tout ce que j’ai fait pour arriver et je n’accepte pas la critique parce que je me remets en question tout le temps.

Je dois reconnaître que, dans ma carrière, j’ai puisé une certaine force dans les critiques dont je faisais l’objet. Vous savez, avant que je ne devienne champion d’Europe et N°1 mondial, on a prétendu que j’étais un loser, que je perdais mes moyens lors des finales. Ce sont quand même des choses qui font mal. Personne, en Belgique, n’avait jamais fait ce que j’avais réalisé, avant même que je n’arrive à mon meilleur niveau, et on me traitait de loser. C’est fort quand même! Le prochain loser, on va l’attendre pendant des années. Les gens ne tiennent pas non plus compte des circonstances. On fait parfois le tour du monde pour arriver à un tournoi, on joue avec sept heures de décalage dans le corps et on se fait descendre en flammes parce que, pendant 20 secondes, on a la tête qui a lâché dans un match. Or, 20 secondes d’absence en tennis de table, c’est mortel. Ceci dit, je n’ai pas toujours raison et je tâche alors de le reconnaître. Dans l’ensemble, d’ailleurs, je n’ai pas de trop mauvaises relations avec la presse. C’est elle aussi -je le concède volontiers- qui m’a toujours poussé à aller plus loin dans mon challenge, me portant ainsi tout naturellement vers la première place mondiale. Cette influence joue également dans le sens inverse. Après ma finale des championnats du monde perdue d’un rien contre Gatien, un journaliste vint me dire que je n’étais jamais entré dans le match. Je perds 21-18 au 5e set!

Ce genre de questions vous marque à vie. Je me souviens d’un titre de journal qui disait : -Saive ne sera jamais un grand champion! Le lendemain pourtant, il faut être fort dans sa tête pour oublier toutes les choses négatives qu’on vient de lire ou d’entendre et repartir à zéro. Car la compétition ne s’arrête jamais.

Le dopage, cela existe en tennis de table?

J’ai la naïveté de croire qu’en Europe, le dopage n’existe pas. Mais je dois avoir l’honnêteté aussi de répondre que, le ping étant ce qu’il est en Chine, on pourrait avoir des doutes quand on voit ce qui s’est passé en athlétisme et en natation. D’autant plus que c’est pratiquement incontrôlable. Je vois mal le CIO demander un visa chinois afin de procéder à des contrôles sur les athlètes ou joueurs se trouvant en stage au fin fond de la Mongolie. Maintenant, je ne prétends pas non plus qu’ils se dopent. Il faut être clair. Mais quand on me raconte que lors des préparations au Championnat du Monde, ils font 40 jours de stage je me dis que c’est énorme. Lorsque je fais 4 ou 5 jours à fond, je ne sais plus lever le bras! Cela étant, je crois que la nature même de notre discipline fait qu’elle est quand même assez protégée des dérives. Elle combine pratiquement tous les aspects du sport : endurance (pour tenir 10 jours de compétition), vitesse (pour jouer vite entre les coups), concentration (tout va très vite) et lucidité (pour voir les effets). Difficile de trouver un produit qui soit efficace en tout! Si on prend quelque chose pour être plus rapide mais qu’on ne voit pas les effets mis par l’adversaire, cela ne sert à rien. Mais quand on prévoit 40 jours de stage, il faut que les joueurs tiennent le coup…

N’avez-vous jamais eu devant vous un adversaire qui avait un comportement qui vous paraissait suspect?

Non! Je ne me pose d’ailleurs jamais cette question lorsque je vais commencer un match. Je suis trop concentré sur ma propre performance.

Quand vous entendez tout ce qui se passe dans les autres sports, vous vous dites que vous êtes un grand naïf?

Je suis impressionné par la connaissance médicamenteuse de certains dans le monde du sport. C’est un sujet délicat parce que rares sont aujourd’hui les personnes qui croient que les athlètes au sommet n’ont jamais rien pris.

Pouvez-vous jurer que vous n’avez jamais rien pris d’interdit?

Je le jure. Je suis extrêmement prudent. Je n’accepte aucun produit sans consulter mon médecin. Si, par malheur, on me découvrait un jour positif à l’issue d’un test, c’est que j’aurais pris quelque chose sans en être conscient. J’imagine un mauvais geste lors d’une fête. Et comment prouver alors son innocence? Cela me fait peur quand j’y pense mais il faut bien vivre quand même. Un exemple me revient en tête. En 88, j’étais parti jouer l’Open de Tchéquie. J’étais seul et voilà que je tombe malade : transpiration, mal au ventre, diarrhée, la totale. Le médecin de l’organisation m’ausculte et me donne des médicaments sous emballage tchèque. Que faire? Je l’ai avalé, ce médicament! Et puis vous me demandez douze ans plus tard si je n’ai jamais rien pris d’interdit. A ma connaissance, non. Mais, à 18 ans, on pourrait prendre naïvement du sirop Actifed pour soigner une toux et se faire pincer parce que ce produit est sur la liste noire du CIO. Pour les gens, seul le résultat de l’analyse compte et c’est comme cela aussi qu’on peut traîner une réputation de dopé.

Si votre fils vous dit qu’il veut faire du tennis de table, comment réagirez-vous?

D’abord, j’espère plutôt qu’il voudra faire du tennis, du golf ou autre chose. Car ce sera difficile pour lui d’assumer son nom. On parle souvent de l’après-Saive, on me demande parfois qui, après moi, pourra être dans le top dix européen. A ceux-là, je réponds que des grands formats comme Thierry Cabrera et Philippe Saive n’ont jamais été dans le top dix européen et l’on demande déjà à la relève de faire mieux qu’eux! Imaginez que mon fils veuille faire du ping. Si, à 11 ans, il n’est pas déjà champion de Belgique Minimes, on dira qu’il sera en retard; si, à 14 ans, il n’est pas en équipe nationale, on dira de lui qu’il est fini avant même qu’il ne commence réellement sa carrière. La comparaison sera toujours très difficile à supporter. Yannick n’a même pas encore tenu une raquette en main qu’on le voit déjà assurer ma succession, c’est terrible, non?

Votre vie de sportif de haut niveau, au quotidien, elle ressemble à quoi?

Mon quotidien se partage entre Hognoul, où j’habite, et Charleroi, où La Vilette a mis un appartement à notre disposition, lequel me permet de ne plus devoir dormir à l’hôtel ou faire la route les jours d’entraînement. Ma femme et mon fils m’accompagnent systématiquement à Charleroi, du moins tant que le petit ne doit pas encore aller à l’école. Il ne faut pas oublier les 200 jours que je passe par an à l’étranger. Parfois j’en ai marre, mais c’est aussi une vie terriblement trépidante. Je reconnais toutefois que j’ai eu un énorme coup de blues fin 98 début 99. Le ras-le-bol était général. J’avais quitté La Vilette et cela s’était mal passé. J’avais signé pour 3 ans en Allemagne et, après 4 mois, le président arrêtait tout alors que j’avais aligné 17 victoires pour une seule défaite et que nous étions champions d’automne. Sans que je m’en rende compte, la routine s’était installée.

J’ai commencé à remonter la pente lors de l’annulation des Championnats du Monde en Yougoslavie, où, comme tout le monde, j’ai pu bénéficier de deux mois de répit, avant que le programme complètement chamboulé ne reprenne. Pendant cette période, j’ai fait du sport, à raison de six jours sur sept. Vélo, tennis, squash, golf mais pas de ping. Après 2 mois, j’ai recommencé à m’entraîner au tennis de table, j’avais envie. La rage de vaincre, de me battre était revenue.

Est-ce qu’un pongiste peut perdre son tennis de table comme un golfeur peut perdre son swing?

J’espère que non. Il faut être convaincu quelque part que cela puisse être possible, afin de faire ce qu’il faut pour que ça n’arrive pas. Le jour où l’on met la pédale douce à l’entraînement, on est largué. Et on ne revient plus jamais!

Quand vous voyez un joueur comme Waldner, cela vous fait rêver?

Non, car Waldner n’est pas l’exemple à suivre. Il a 35 ans, il n’est pas marié, il n’a pas de gosses, il ne conduit pas de voiture. C’est un génie, c’est un Mozart, c’est un ET! Par contre un Jörgen Persson, qui a le même âge, est marié, a deux enfants, voilà le véritable modèle pour moi. Humainement, il est plus normal que Waldner, qui lui, a vraiment un truc à part, que ni lui ni son coach ne peuvent expliquer. A 34 ans, Persson, encore 12 ou 13e mondial aujourd’hui, était en demi-finales aux Jeux.

Exprimez-vous le regret de ne pas avoir gagné une médaille aux Jeux Olympiques?

Oui et non. Oui, très fort, parce que, par rapport à ma carrière, c’est dommage. Non, parce que quand je jette un regard sur ce que j’ai fait, j’estime pouvoir ressentir une légitime satisfaction. A 10 ans, je rêvais d’entrer dans les 50 premiers mondiaux et j’ai eu la première place. De même, je n’imaginais jamais non plus qu’un pongiste puisse être deux fois nommé Sportif de l’année.

Pensez-vous que la Belgique ait vraiment réalisé l’ampleur de votre exploit lorsque vous êtes devenu N°1 mondial?

Pas vraiment. Mais ce n’est pas la faute des Belges. Il n’y avait pas de tradition en matière de tennis de table dans notre pays. On doit être 30 ou 40.000 pratiquants chez nous, pour 800.000 en Allemagne et des millions en Chine.

Quel est le joueur avec qui vous vous entendez le mieux sur le circuit?

Il m’est bien difficile de répondre. Peut-être s’agit-il du Français Olivier Marmurek.

Comptez-vous un véritable ami dans le tennis de table?

Je ne crois pas que cela existe sur le circuit. Ce serait beaucoup demander. Imaginez deux amis qui doivent se rencontrer dans une compétition importante : ce serait terriblement difficile. Attention, je parle d’une véritable amitié, car, de manière générale, il est entendu que j’ai d’excellents rapports, par exemple, avec Samsonov et Persson. N’oubliez pas que je viens de la petite Belgique aussi! Il y a vingt ans, les Allemands jouaient contre la Belgique en rigolant. J’ai dû faire ma place, en jouant des coudes pour gagner mes matches, oublier aussi le complexe belge par rapport à ces grandes nations du ping, un complexe d’infériorité que les Belges nourrissent globalement à l’égard des autres pays, dans quelque sport que ce soit.

Vous êtes-vous fixé une date de retraite sportive?

Non! En fait, j’y pense beaucoup moins que de 97 à 99, lorsque j’étais dans ma période de blues.

Comment voudriez-vous arrêter votre carrière?

Plus j’avance, plus je me dis que je préfère faire l’année de trop que l’année trop peu. J’ai parlé de ce sujet avec nombre d’anciens sportifs et d’anciens pongistes, qui, pour la plupart, regrettent d’avoir arrêté trop tôt. Et il vaut mieux ne pas penser à un éventuel come-back, parce qu’ils sont généralement tous ratés. Hormis Agassi qui représente l’exception, il n’y a pas de retour réussi. Quand on tire le rideau, c’est fini, il ne se rouvre plus. Je me trouvais à quelques mètres de Deburghgraeve lorsqu’il obtint sa médaille d’or à Atlanta et j’ai pensé à lui à Sydney. Si j’avais été à sa place, j’aurais voulu être dans l’eau et me battre pour un nouveau titre. J’aurais échoué à la troisième place? Et alors? Est-ce si grave de terminer sur une défaite? Un échec sportif en fin de carière, qu’est-ce que cela représente dans la vie? Au cours d’une carrière, savez-vous combien on obtient de victoires par rapport au nombre de défaites? Alors, terminer sur un coup victorieux quand on a 35 ans, cela tient du miracle.

Cette vie tout en mouvement ne vous manquera-t-elle pas lorsque vous arrêterez?

Même en menant une existence plus stable, je crois que je continuerai à vivre en mouvement, à plus ou moins cent à l’heure. Mais il est malaisé d’aborder ce sujet avant d’y être directement confronté. Ce qui est sûr, c’est que je prendrai le temps de réfléchir profondément à ma nouvelle orientation.

La relève belge est-elle assurée? Dispose-t-on aujourd’hui en Belgique de véritables structures?

Non, il n’y en a pas. C’est dramatique. Sans vouloir protéger la fédération, qui est aussi un peu responsable, évidemment, je pense que cette situation est très propre à la Belgique et à la Wallonie en particulier. Même en football, on n’est pas très loin. Quand on approche des élections, entendez-vous un homme politique parler de sport et proposer des mesures pratiques? Il n’existe pas du tout de culture sportive en Belgique. Les gars qui arrivent au top constituent des exceptions. Il n’y pas de structures parce que le sport n’entre pas dans les priorités politiques.

Que donneriez-vous comme conseil à un jeune pongiste?

Bonne chance! Faire comme moi? Je ne sais pas. Une chose est sûre : j’ai plongé dans la jungle avec ma machette, j’ai tracé une voie, mais, derrière moi, tout s’est refermé, tout a repoussé. Le jeune, aujourd’hui, il doit reprendre la machette. Je ne peux même pas lui montrer le chemin : il n’existe plus. En clair, il faut prendre les 10 à 20% que procurent la fédération, un peu les aides du Comité Olympique et de l’ADEPS (qui ne viennent pas tout de suite, il faut quand même un tout petit nom) et partir en guerre. Le tennis belge peut constituer un exemple. Des structures ont été mises en place voici une dizaine d’années et on commence à en récolter les fruits aujourd’hui.

Que détestez-vous le plus en tennis de table?

Le manque de respect de certaines personnes quand je joue ou je m’entraîne. Les GSM qui sonnent, les photographes qui viennent carrément s’installer dans l’aire de jeu. Qu’ils essaient d’agir ainsi au tennis! Tout cela parce que le ping est un sport de proximité. Je trouve aussi les changements incessants du règlement extrêmement dérangeants. Autre détail qui mine : arriver à une compétition et ne pas avoir été inscrit par la fédération. J’ai eu le cas au Top 12 en 91.

Jouez-vous encore au golf?

Pas assez pour améliorer mon handicap (18), mais, le jour où j’arrêterai ma carrière, le golf deviendra certainement une de mes occupations favorites. Il m’a déjà procuré de bien belles satisfactions puisqu’en 99, après avoir remporté la qualification belge avec mon manager, nous avons terminé deuxièmes de la finale mondiale du Tournoi Jaguar, sur le mythique parcours de St Andrews.

A la maison, vous montrez-vous aussi nerveux que devant une table?

Je suis impatient de nature. Ce qui fait aussi que je ne suis pas du tout bricoleur. Et si je dois absolument bricoler une prise électrique ou téléphonique et qu’elle me résiste un peu, je m’énerve assez vite.

Philippe Van Holle

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