Plus vieux que le coach

Dans son Limbourg, l’ex-international a plus que jamais les pieds sur terre.

Après une longue carrière en D1 et huit sélections en équipe nationale, Manu Kararagiannis (35 ans) évolue à Maasmechelen, anciennement appelé Patro Eisden où, d’ailleurs, il débuta. Le club limbourgeois est actuellement classé dernier en D2.

N’êtes-vous pas nostalgique de la D1?

Non, pas réellement. On pourrait penser que je suis un peu dégoûté vu notre place au classement mais ça n’est pas le cas. Je m’amuse encore beaucoup et c’est le principal. En fait, ce qui me reste en travers de la gorge, c’est la manière dont j’ai quitté la D1. Après 16 ans passés parmi l’élite, je considère que j’aurais quand même mérité meilleur sort. En mars, La Louvière, où j’avais signé pour un an, avait décidé de ne pas prolonger mon contrat. Ce dernier comportait une clause prévoyant le prolongement automatique de cet accord si je jouais 25 matches. Dès le maintien assuré, j’ai été écarté et je n’ai donc pas pu reprendre les entraînements le 10 juin. Le 27 septembre, j’ai déposé une plainte contre mon ancien employeur car mon avocat, ayant lu attentivement mon contrat, avait observé qu’il n’y était pas mentionné que les 25 matches devaient être de championnat. Or, j’ai joué plus de 25 rencontres si on comptabilise aussi les matches amicaux et de Coupe. J’estime donc que mon contrat est encore valable jusqu’en juin 2003.

Comment se déroule le procès?

Il n’y a rien de nouveau. Actuellement, c’est au point mort. Les conclusions seront rendues fin décembre et nous aurons alors trois mois pour faire appel si nécessaire. En tout cas, cela prend beaucoup de temps. »Je dois faire mûrir nos jeunes »

Quel est votre sentiment face à la situation de Maasmechelen?

Je n’ai pas de mauvais sentiment. J’ai signé ici parce que c’était le club où j’avais débuté – le Patro Eisden – et que je connaissais bien le président. Je savais que le groupe serait très jeune. En effet, si on me retire de l’équipe, la moyenne d’âge est de 19-20 ans. C’est un véritable challenge, en fait. Ma tâche consiste à conseiller les jeunes. En général, on est trop gentil avec eux. Mais ils sont déjà des adultes à cet âge-là et il faut de la discipline. Ils doivent continuer à travailler et, pour cela, il faut les guider pour qu’ils acquièrent une certaine maturité. Pour ce qui est de notre place actuelle, c’est dommage… On a gagné notre premier match face à Ingelmunster car nous avons enfin réussi à concrétiser facilement nos occasions. Hoste et El Barham, qui forment notre duo d’attaque logique, reviennent de blessures. Ils nous ont vraiment manqué depuis le début de la saison car en général, nous avons joué tous nos matches à fond. Nos mauvais résultats sont aussi dus à un manque de chance et à des mauvaises décisions arbitrales. Je pense que maintenant, on a toutes les cartes en main pour se sauver et cela ne va pas être facile. Le public doit continuer à nous soutenir. Face à Ingelmunster, ils s’en sont pris à la direction mais cette dernière ne tient pas trop compte de ces plaintes. Quand les supporters ne sont pas contents, ils trouvent toujours quelque chose sur quoi râler. Bien sûr, il faut aussi les comprendre, la situation est aussi difficile pour eux.

Le club attend-t-il des renforts?

Je ne sais pas mais je considère qu’on a assez de qualités pour rester en D2. On doit travailler dans tous les secteurs de jeu pour stabiliser l’équipe.

L’ambiance reste-t-elle bonne?

Oui, excellente. Même avec nos mauvais résultats. C’est d’ailleurs la première fois que je vois un groupe qui réagit aussi bien. En D1, les joueurs étaient plus vite découragés et relativisaient moins. Le groupe est très soudé et est composé de plusieurs cultures. Et cela fait apparemment un très bon mélange. A part à Waregem, je n’avais jamais joué pour le maintien. C’est une situation délicate mais il ne faut pas arrêter de s’amuser sinon les résultats ne suivront pas.

Comment sont vos relations avec Pascal Vroonen, le coach?

On se parle beaucoup. Tout est un peu nouveau pour lui mais ce qui est bien, c’est qu’il a toujours travaillé avec des jeunes. Dans l’équipe, j’apporte l’expérience et je suis la prolongation de l’entraîneur sur le terrain. Beaucoup ont insinué que si l’équipe ne tournait pas, je le remplacerais. C’est absolument faux et, en plus, ça ne m’intéresserait pas. Si l’entraîneur a besoin que je le conseille, c’est avec plaisir que je le ferais. J’ai une grande expérience et je suis même plus âgé que lui. Il peut en profiter. Dans ma carrière, j’ai souvent dialogué avec mes entraîneurs. Que ce soit avec Ariel Jacobs ou Franky Van der Elst. « Je veux encore jouer »

Est-ce votre dernière saison?

Si je continue à jouer encore pendant un an, j’aurais 20 ans de carrière car j’ai commencé à 16 ans. En fait, ça va dépendre de mon corps. J’ai eu beaucoup de blessures. Pour l’instant, je suis assez surpris par mon jeu et ma condition physique. J’évolue dans l’axe de la défense et ça me plaît. Je ne me suis préparé que pendant cinq semaines après deux mois de vacances. Et cela m’a étonné que je récupère aussi facilement mon déficit de préparation. Normalement, j’aurais dû encore joué cette saison en D1 et j’aurais alors mis un terme à ma carrière mais maintenant, tout est différent. Je suis venu à Maasmechelen pour faire plaisir au club et au président et j’y ai pris goût. J’avais signé pour un an et, à l’heure actuelle, une saison supplémentaire est donc envisageable. Ce qui est certain, c’est que je suis toujours passionné.

Avez-vous des activités en dehors du football?

Pour l’instant, non mais cela devient indispensable. J’ai beaucoup trop de temps libre. Je me lève le matin, puis je promène mon chien. Après cela, je dois attendre jusque cinq heures pour aller m’entraîner et je m’ennuie beaucoup. Récemment, un ami m’a proposé de travailler avec lui et cela m’intéresse. Je prendrais ma décision fin décembre. Tout ce que je veux, c’est rester indépendant.

Comment voyez-vous votre avenir?

Pour le moment, c’est assez flou. Je deviendrai peut-être entraîneur même si cela ne m’intéresse pas dans l’immédiat. J’ai suivi les cours et j’aurai toujours la possibilité de le devenir. Ce qui est sûr, c’est que je continuerai à jouer. En fait, je désirerais plutôt travailler au sein du club. Maasmechelen doit évoluer vers le professionnalisme. Un club de football est maintenant une entreprise et il faut le gérer comme tel. Le club doit encore mûrir et doit pour cela continuer avec sa politique basée sur ses jeunes. Dans quelques années, Maasmechelen pourra peut-être accéder à la D1. Mais il faut aussi rester réaliste. Dans le Limbourg, Genk prend tout le public qui s’intéresse au foot. La situation ne serait peut-être pas viable pour une autre équipe limbourgeoise.

Tim Baete

« A côté du foot, je m’embête. Je dois travailler »

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