Plus sexy pour les sponsors que les supporters

Infrastructures Ciment à prise rapide

Le stade CharlesTondreau (communal) est à moitié terminé et compte 10.150 places (6.600 assises). La tribune principale a été inaugurée il y a cinq ans. L’autre nouvelle tribune (derrière un but) est opérationnelle depuis le début de la saison dernière et est un superbe outil pour les joueurs : restaurant, cuisine, salle de détente, dortoir, salle de muscu, etc. Ces travaux ont coûté 9 millions : 40 % ont été pris en charge par la Ville, le reste par la Région wallonne. Le club vient de remettre aux autorités communales une lettre de motivation pour la construction (et le financement public) des deux dernières tribunes. Coût approximatif : 9 millions. On y prévoit notamment des loges, des terrasses, des open seats, des espaces commerciaux, des vestiaires pour le centre de formation. Le stade terminé pourra accueillir 13.000 personnes assises.

Le club ne paye pas à la Ville un loyer en tant que tel mais une redevance d’usufruitier et assume les factures énergétiques et d’entretien. La pelouse sera entièrement refaite à la fin de la saison : 97 % de gazon naturel, 3 % de synthétique (comme à Anderlecht).

Le noyau pro s’entraîne full-time dans l’enceinte du stade (le site fait 6,5 hectares). Il dispose entre autres d’un terrain synthétique récent. Les jeunes travaillent sur ce site mais aussi sur les pelouses d’un centre Adeps (La Sapinette) et d’un centre provincial (PHASE). Le but est de rapatrier un jour toutes les équipes dans l’enceinte du stade, mais cela devrait passer par l’une ou l’autre expropriation. Le centre de formation (15 équipes, 220 jeunes) est dirigé par Christophe Dessy. Depuis septembre 2008, des jeunes de Mons suivent un module sport-études ; quatre écoles de l’entité y participent et 34 joueurs en bénéficient actuellement.

Public La sauce ne prend pas

Avec une moyenne de 4.000 spectateurs cette saison (1.700 abonnés), Mons est un parent pauvre.  » Il y a 90.000 habitants à Mons, pour 200.000 à Charleroi, où le Sporting tourne maintenant autour de 8.000 spectateurs « , compare le directeur, Alain Lommers.  » Notre moyenne est insuffisante mais le problème est similaire dans d’autres grandes villes.  »

Les prix ont diminué de 20 % par rapport à l’année dernière mais la sauce ne prend toujours pas. Le directeur a des explications :  » Les résultats ne suivent pas. Il y a le problème de l’ambiance : avec un demi-stade, l’atmosphère n’est pas chaleureuse. Quand nous aurons des loges, 15 ou 20 entreprises pourront amener des clients qui bénéficieront de prix démocratiques. Nous sommes aussi pénalisés lors des grands matches : nous pourrions avoir 15.000 spectateurs contre le Standard et Anderlecht mais la place manque. J’ai un jour demandé à Jos Vaessen comment il faisait pour avoir autant de monde à Genk. Il m’a répondu : -Commencez par avoir un stade, après cela vous construirez une équipe. Il doit avoir raison.  »

Finances Vendre pour un million par an

Mons n’a pas de dettes bancaires. Le budget prévisionnel de cette saison est de 7,5 millions. Il a dû être augmenté suite à la nouvelle législation fiscale pour les étrangers : il a fallu majorer le salaire de certains joueurs. A cause aussi de l’enveloppe plus importante consacrée au centre de formation : 400.000 euros par an.

Le ticketing représente 1,4 million, les droits TV environ 1,5 million (selon les prévisions les plus pessimistes), le merchandising est anecdotique, le sponsoring amène 2,5 millions de rentrées. Holcim (ex-Cimenterie Obourg) est le sponsor principal et historique du club : il est présent depuis une quarantaine d’années. Mons commence à séduire aussi des sponsors nationaux, comme Electrabel.  » Un plus énorme « , avoue Lommers, qui sait comment il sera possible d’attirer encore plus de sponsors dans le futur.  » Quand nous parviendrons à assurer notre sauvetage tôt dans la saison, ce sera plus facile d’aller frapper à la porte de nouveaux partenaires potentiels. C’est beaucoup plus compliqué quand il faut attendre la dernière journée pour être sûr de rester en D1. « 

Depuis deux ans, Mons équilibre son budget en vendant des joueurs : Mohamed Dahmane à Genk en 2007, Benjamin Nicaise et Wilfried Dalmat au Standard, Adriano Duarte à Gand cet été. Le club doit vendre pour environ 1 million chaque année pour équilibrer ses comptes. S’il n’y arrive pas, il y a un trou en fin de saison.

Les salaires représentent près de 65 % des dépenses totales : c’est énorme. Parce qu’il y a plusieurs gros contrats à Mons. Mais aussi parce que l’équipe doit systématiquement être renforcée en janvier. Cet été, le club a essentiellement recruté en D2 où on trouve des joueurs moins chers ( Mustapha Jarju, Ludovic Buysens, Kevin Oris). C’est une nouvelle tendance et elle n’est pas innocente d’un point de vue financier.  » A terme, nous voudrions vendre un ou deux joueurs chaque été, n’en faire venir que trois ou quatre et ne plus devoir transférer en janvier « , signale Lommers.  » Cela nous permettrait non seulement d’être systématiquement en équilibre, mais même de dégager un bénéfice.  »

Gestion Sept ans ensemble…

L’équipe dirigeante est très stable. Domenico Leone est administrateur de Mons depuis 1991 et président depuis 2001. Lommers est aussi en poste depuis 2001. L’ASBL (qui s’occupe des infrastructures) compte 13 administrateurs (dont trois échevins) et il y a eu peu de mouvements depuis trois ans. La société anonyme (qui gère le club) est composée de Domenico Leone, de son groupe (SGI) et d’un représentant du groupe Holcim. La seule instabilité se situe au poste de directeur technique. Jean-Paul Colonval et Geo Vanpyperzeele s’y sont brûlé les ailes, et depuis cette saison, Mons fonctionne sans DT officiel.  » Il n’est pas impossible que le club se remette un jour à travailler avec un directeur technique « , dit Lommers.  » Mais celui qui occupera cette fonction ne devra pas simplement être un ancien joueur et/ou un ami de la maison.  »

Politique Merci la Ville !

Le bourgmestre Elio Di Rupo n’est plus président d’honneur du club : il a abandonné cette casquette par manque de temps. Il estimait que ce statut ne se justifiait plus à partir du moment où il ne savait plus être présent aux réunions importantes. Mais il reste évidemment un soutien fort vu qu’il connaît les bonnes adresses quand il s’agit de dénicher un financement pour la transformation du stade par exemple.

Le numéro 1 du PS assiste aux matches quand son agenda le lui permet. Idem pour les échevins  » qui comptent  » pour un club de foot : Finances, Travaux, Sports. Richard Miller (Finances) est régulièrement aperçu au stade : un MR qui confirme que les bonnes relations politiques du club ne se limitent pas au PS.  » Depuis l’arrivée à la présidence de Domenico Leone et l’accession à la D1, les relations entre le club et la Ville ont toujours été bonnes « , affirme Alain Lommers. La Ville apporte chaque saison un subside de 50.000 euros au centre de formation.

par pierre danvoye

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