Plus jamais entraîneur en Belgique

Jean-Marie Pfaff est donc le directeur commercial du RWDM. Avec son passé de joueur de haut niveau, sa destinée n’aurait-elle pas dû s’orienter vers le métier d’entraîneur?

« Plus jamais je ne serai entraîneur en Belgique », assure-t-il. « Il y a trop de gens incompétents dans les clubs. La plupart sont des profiteurs. Le président et les membres du comité sont généralement là parce qu’ils ont de l’argent. C’est tout. Autrefois, un entraîneur faisait une équipe: à partir de rien, il en faisait un bloc soudé, grâce à son travail et à ses idées. Aujourd’hui, j’ai plutôt l’impression que c’est l’équipe qui fait la réputation de l’entraîneur: en fonction des moyens dont il dispose, il réussit ou il échoue. C’est trop facile. Lorsqu’on reste deux matches sans marquer, on achète trois attaquants. Lorsqu’on a les moyens, on peut beaucoup se permettre. Je voudrais que la période des transferts aille par exemple jusqu’en novembre, mais qu’après on interdise toute transaction. Actuellement, on peut encore se renforcer durant toute la saison. Les clubs riches achètent ce dont ils ont besoin. Cela fausse la compétition. Dans ces conditions, être entraîneur ne m’intéresse pas. Pourtant, j’ai mon diplôme. J’ai même payé pour suivre les cours! »

A l’étranger, en revanche, il ne dirait pas non. « Si je le voulais, je pourrais devenir entraîneur demain, n’importe où dans le monde. Mais je suis actuellement au RWDM. Je suis satisfait de mon rôle de directeur commercial. J’ai de bons contacts avec la direction et avec les joueurs. Je constate l’évolution du club et je m’en réjouis. L’équipe joue mieux, l’organisation s’améliore, le public revient plus nombreux, les business-seats se remplissent. Avec un peu plus de professionnalisme, on devrait pouvoir réussir de belles choses. Le manque de professionnalisme est un phénomène général en Belgique. A tous les niveaux. On dit toujours qu’un match dure 90 minutes. C’est faux. Un match commence déjà à l’échauffement et se poursuit durant la mi-temps, au niveau de la concentration et de la récupération. Un match dure au moins 120 minutes. C’est un interval training: courir, se reposer, repartir. En Belgique, les joueurs courent entre 8 et 12 kilomètres. En Allemagne, c’est 15. Chez nous, dès que l’on obtient un petit succès, on croit qu’on a conquis le monde. Et on se repose sur ses lauriers. C’est, au contraire, dans les succès qu’il faudrait puiser la force de travailler davantage. On n’est jamais arrivé au sommet, il y a toujours moyen de faire mieux ».

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