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Le coureur de Quick Step-Davitamon rêve d’un nouveau maillot à pois.

Adulé, démoli et à nouveau porté aux nues. Richard Virenque, 34 ans, est monté deux fois sur le podium du Tour : sur la troisième marche en 1996, sur la deuxième en 1997. Un an plus tard, le Français ne pensait qu’à gagner le maillot jaune, puis la bombe a éclaté.

Comme la saison passée, Quick Step-Davitamon lui a donné carte blanche pour le Tour de France. En 2003, il a gagné une étape, couru un jour en jaune et remporté une sixième victoire au classement de la montagne.

Et cette année ?

Richard Virenque : Je vise à nouveau le maillot à pois et une victoire d’étape. Je serai aussi en mesure de me montrer aux épreuves de Coupe du Monde qui suivent le Tour. Le reste n’est que mise en jambes.

Quick Step-Davitamon a enrôlé un coureur, Laurent Dufaux, qui peut vous être précieux au Tour.

Depuis le début de la saison, ça me motive. J’espère que notre style de course offensif paiera au Tour. Laurent est un excellent coureur et un ami.

Avez-vous une étape de prédilection ?

Ce sera une étape de montagne mais il n’y en a pas beaucoup cette année. Le parcours est spécial, y compris pour les grimpeurs, mais on verra les mêmes se battre pour la victoire. Il faut voir comment Joseba Beloki sera rétabli de sa chute et si Alexander Vinokourov se mettra au service de Jan Ullrich. Sur papier, Lance Armstrong a une équipe moins forte qu’Ullrich mais les qualités de l’individu priment. J’espère que ce sera le Tour des records : l’homme qui le gagne pour la sixième fois et celui qui remporte son septième maillot à pois !

Lucien Van Impe et d’autres disent que le dernier vrai grimpeur est mort avec Marco Pantani.

Il démarrait toujours dans la dernière côte. Il n’était pas capable, je pense, d’attaquer à deux ou trois cols de la fin. Moi, en revanche, je n’arrive pas à me défaire de mes rivaux dans le final.

14e saison de pro

De vos six victoires d’étapes, laquelle retenez-vous ?

Celle de l’année dernière, qui m’a valu le maillot jaune, ou la victoire au mont Ventoux un an avant et celle de Courchevel en 1997. A Morzine, en 2000, j’ai largué Armstrong et Ullrich pour rattraper Roberto Heras. Mais au fond, ce qui me réjouit, c’est d’entamer ma 14e saison pro, d’avoir porté le maillot jaune en 1992 et d’être encore capable, en 2004, de jouer un rôle-clef.

C’est clair : ma carrière est derrière moi. Tout ce que je parviens encore à gagner n’est que bonus : je reste animé d’une saine motivation. Je continue à aimer mon métier. Depuis mes 14 ans, je rêvais de vélo car mon frère roulait, mais je n’imaginais pas que ça se concrétiserait. Mon frère a arrêté les frais au divorce de nos parents. Moi, j’ai eu un déclic dans l’autre sens. J’ai compris que pour réussir, il fallait se battre. Un jeune qui grandit à la Côte d’Azur n’a pas envie de s’entraîner. Il préfère aller sur la plage ou à la discothèque avec des copains.

C’est pour cette raison que le Sud de la France a produit peu de grands coureurs ?

Oui. En Bretagne, ils vont à la plage avec un gros pull… Dans le Sud, on roule en mobylette. Lucien Aimar a fait parler de lui, comme moi, mais à part nous…

Comment avez-vous gagné Paris-Tours 2001, la classique des sprinters ?

Grâce à mon panache et à ma rage de vaincre. Patrick Lefevere m’a donné une seconde chance. Je devais faire mes preuves pour obtenir un contrat l’année suivante. J’étais une bête blessée. Tout le monde sait que j’ai vécu une période difficile après le Tour 1998. Elle s’est prolongée jusqu’à la fin de ma suspension, en 2001. Durant ce fameux Tour, on a voulu changer la politique du cyclisme. C’est moi qu’on a pris pour cible alors que je n’étais pas différent des autres. Ce qu’on me reprochait était valable pour tous les coureurs. Ça, c’était révoltant.

Les autres coureurs Festina ont immédiatement avoué. Pourquoi n’avez-vous pas fait pareil ?

Ceux qui disaient la vérité étaient punis. Pourquoi me couper les ailes ?

Vous n’avez pas eu de regrets ?

Parfois, car ça n’aurait peut-être pas duré trois ans. Je me suis entêté parce que je n’acceptais pas d’avoir été choisi pour faire passer des messages.

Comment ont réagi ceux qui avaient avoué immédiatement ?

Chacun a assumé ses responsabilités en acceptant la décision des autres. Ils ne se sont pas retournés contre moi. Festina voulait gagner ce Tour. Nous avions une équipe plus forte que dans le passé. Les autres formations ont été ravies de nous voir exclus du Tour.

Rejeté par tous sauf Lefevere

Après avoir avoué, vous avez été suspendu pour neuf mois. Vous avez failli arrêter le cyclisme. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

Personne ne voulait de moi sauf Patrick Lefevere. Je lui en suis très reconnaissant. Avant 1998, je valais des millions et des millions. En 2001, je roulais pour le salaire d’un néo-pro. Je n’avais pas d’exigences financières, d’ailleurs. J’ai dit à Patrick : – Donne-moi un maillot et un vélo et je te montrerai ce dont je suis capable. Je ne voulais pas arrêter alors que je pouvais encore gagner de belles courses.

Etre conspué par le milieu a été terrible ?

J’ai touché le fond. J’étais le seul coureur au procès Festina. J’ai dû me présenter chaque jour, pendant trois semaines, à Lille. On aurait dit que j’étais le seul accusé alors que c’était le procès du cyclisme. Le soutien des supporters, de ma femme et de mes enfants m’a aidé. Nous avons déménagé de Genève dans le Sud de la France. Je voulais revenir aux sources, repartir à zéro. Après coup, cette affaire m’a rendu plus fort.

Vous a-t-elle changé d’une autre manière aussi ?

Oui, avant 1998, je pensais qu’il n’y avait que la course dans la vie. Je croyais aussi à la bonté de tous. Maintenant, je connais mes vrais amis. Mon comportement à l’égard de la presse a changé aussi. Certains ne doivent plus me demander d’interview.

Marco Pantani a vécu une situation comparable. Pourquoi n’a-t-il pu se ressaisir ?

Il faut pouvoir s’appuyer sur la famille, avoir des bases saines. Pantani a été isolé. Que faire, sans femme ni enfant qui vous attendent ? On sort… Un coureur a besoin de calme et de stabilité.

On vous a reproché ce qui valait, dites-vous, pour tous les coureurs. La situation s’est-elle normalisée ?

Il y a eu une certaine prise de conscience mais je ne sais pas si la situation est complètement normalisée. Je ne puis dire ce qui se passe dans d’autres équipes.

Les dangers de l’EPO ne vous ont jamais inquiété ?

Le Dr. Rijckaert nous suivait et nous lui faisions confiance. Il me donnait l’impression de savoir ce qu’il faisait. Si ce n’avait pas été le cas, je n’aurais pas réédité les prestations que je continue à signer. Ça démontre que nous n’avons pas exagéré.

Ne redoutez-vous pas de conséquences à long terme ?

J’essaie de ne pas y penser trop souvent.

Roel Van den Broeck

 » J’essaie de ne pas penser aux conséquences de l’EPO à LONG TERME « 

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