Plus d’argent de la planète Mars

L’équilibre financier sera de plus en plus indispensable pour survivre.

D’un jour à l’autre, les clubs de D1, D2 et D3 vont recevoir le nouveau formulaire de demande de licence pour la saison 2003 – 2004. Une simple formalité pour une poignée de dirigeants. Un casse-tête chinois pour d’autres et une perspective de cauchemar pour un groupe de moins en moins restreint. Pour la troisième fois, les clubs doivent prouver qu’ils sont en ordre de paiement vis-à-vis de leurs créanciers « institutionnels » (les administrations de l’état: l’ONSS, le fisc, la TVA ou les caisses de pension), leurs joueurs et entraîneurs, les autres clubs et bien sûr l’Union Belge. Seules les dettes privées (banques, managers, etc) ne sont pas prises en compte pour l’obtention du précieux parchemin. En ce sens, il n’y a rien de changé depuis que le système a été mis sur pied il y a trois ans, suite à une suggestion de Michel D’Hooghe.

En juin dernier, l’assemblée générale de l’Union Belge a cependant radicalement modifié le règlement concernant les conséquences du non-octroi de la licence. Un club qui ne l’obtient pas pour des raisons économiques est relégué en D3 mais ne peut plus être remplacé en D1 par une formation qui a obtenu la licence mais qui était descendante au niveau sportif. La saison dernière, Beveren a été le dernier à pouvoir bénéficier de cette mesure. Il était 17ème, donc descendant, mais a pu se maintenir parmi l’élite pour remplacer le RWDM qui non seulement n’a pas obtenu la licence pro mais encore est passé de vie à trépas, n’ayant pu trouver un repreneur pour son matricule suite à l’ampleur de ses dettes.

En ordre au 31 décembre

Cette année, les clubs classés 17e et 18e descendront à coup sûr et seront accompagnés de ceux qui n’ont pas obtenu la licence pro. Le but de ce nouveau règlement est d’accélérer le processus d’amincissement de la D1 que les « grands » clubs voudraient ramener à 12 ou 14 unités, alors que la réalité économique n’en tolèrerait que dix (un par tranche d’un million d’habitants). Et si – fait rarissime dans l’histoire de notre football – Malines devait disparaître en cours de saison? Ce serait le Comité Exécutif qui prendrait une décision, basée sur la suppression de tous les points gagnés et Malines n’aurait pas sa licence pour la saison prochaine, évidemment. Mais serait-il considéré comme l’un des deux descendants? Sans doute pas.

De toute manière, on viendra sans doute plus rapidement que prévu à une douzaine de clubs étant donné que l’obtention de la licence va devenir de plus en plus difficile. Cette année, les règles d’octroi sont inchangées. Mais les procédures sont plus exigeantes.

« Les deux premières années, nous n’avons pas été trop regardants concernant les dates et les ajouts de documents car il fallait permettre à tout le monde de roder le système », explique Germain Landsheere, trésorier fédéral et président de la commission des licences. « Maintenant, nous allons faire preuve de plus de rigueur. Les attestations et certificats doivent prouver que le club était en ordre (de payement ou éventuellement concernant un plan d’échelonnement des payements agréé par l’administration) au 31 décembre 2002. Les clubs auront deux mois pour fournir les attestations et certificats en question. Les clubs ou joueurs à qui un cercle doit de l’argent ont jusqu’au 15 février pour le signaler à la commission des licences.

Celle-ci pourra commencer son travail en mars. Les clubs qui seront recalés auront la possibilité d’aller en appel.

Plus de reports possibles

A ce stade, il y a également de profondes modifications par rapport à ce qui s’est fait les deux années précédentes. La première est la création, prévue par les nouveaux règlements votés en juin dernier, d’un comité d’appel spécifique pour la licence. Jusqu’à présent, c’est le comité d’appel « ordinaire » qui traitait des plaintes concernant la licence. A partir de cette saison, c’est une instance spécialisée qui s’en occupera. Ce comité d’appel des licences a été formé sur le même mode que la commission avec des représentants des trois divisions et de formation comptable ou de réviseur d’entreprise. Autre innovation d’importance: le dossier sur lequel s’appuiera l’appel sera exactement le même que celui dont disposait la commission.

Landsheere: « Il ne sera plus question en seconde instance d’ajouter des documents, attestations ou autres preuves de payements, comme ce fut le cas les années précédentes. On retardait la procédure parce qu’on attendait un arrivage d’argent du Pérou, de Russie ou de la planète Mars ».

La saison dernière, le FC Malinois a usé de cette possibilité pour payer en dernière minute la somme qu’il devait encore dans le cadre de transferts et le RWDM fut maintenu inutilement en vie en attendant des bailleurs de fonds qui n’existaient sans doute que dans l’imagination de quelques dirigeants.

Bonne base pour la licence UEFA

En seconde instance, rares seront donc les décisions qui iront à l’encontre de celles qui auront été prises par la commission puisque les dossiers seront exactement les mêmes et les possibilités d’interprétations extrêmement minces voir souvent inexistantes.

« Tous les clubs ont été prévenus et ils savent à quoi s’en tenir. Il n’y a pas d’effet de surprise. La commission et le comité se baseront sur des faits et des chiffres », souligne Landsheere.

La licence 2003-2004 risque donc de faire des dégâts. Quelques clubs de D1 et de D2 devraient même y laisser leur peau mais il se pourrait que le comité d’appel doive attendre la fin du championnat pour rendre officiels ses verdicts et ce, afin de ne pas fausser la compétition.

Mais pour les clubs qui passeront avec succès le cap de la licence 2003-2004, il ne s’agira pas de s’endormir sur ses lauriers financiers. La Ligue Pro a en effet trouvé un accord sur le principe d’obliger tous les clubs de D1 à disposer de la nouvelle licence UEFA dès son entrée en vigueur, c’est-à-dire dès le début de la saison 2004 -2005. Cette licence européenne a été instaurée à Nyon pour pouvoir participer à une coupe d’Europe.

« Le but finalest que toutes les fédérations adoptent le principe », dit Gehard Aigner, secrétaire général de l’UEFA,

Et on n’a encore rien vu!

Chaque fédération devra elle-même appliquer les principes de la licence UEFA suivant les spécificités de sa législation nationale (l’organisme européen ne fera donc qu’enregistrer les résultats). Les normes à remplir pour cette licence UEFA sont de cinq ordres: sportif (équipes de jeunes), infrastructure (sécurité du stade, plan agréé d’évacuation), administratif, légal et financier. Ce dernier volet est le plus important. Le club doit non seulement prouver qu’il n’a pas de dettes (comme pour la licence belge) mais aussi faire montre de crédibilité et de transparence financières. Les livres de comptes des clubs devront être vérifiés au cours de la saison pour laquelle la licence a été octroyée par tous les moyens conformes à la législation nationale.

Un superviseur d’entreprise sera-t-il nommé ou les clubs devront-ils offrir les garanties, bancaires ou autres qui prouvent qu’ils pourront faire face à toutes leurs obligations pécuniaires en cours de saison?

« Nous en discutons pour le moment.Une réunion avec les dirigeants de l’UB et de la Ligue Pro est prévue à cet effet », explique encore Landsheere.

Et si l’on en croit le document de l’UEFA qui fait état du vote par son comité exécutif du système de licence des clubs, adopté le 15 mars 2002, les critères financiers obligatoires se feront en deux étapes. Pour la saison 2004-2005, il s’agit des normes dont nous parlons ci-dessus. Une seconde phase est prévue pour la saison 2006-2007, avec des critères additionnels.

Le tout pour le bien d’un football équilibré financièrement.

Guy Lassoie

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