PLEINE croissance

Liège a remporté la Coupe de Belgique et vise une première participation aux playoffs.

En juin 2002, après 11 années passées à Charleroi qui lui avaient valu quatre titres de champion et trois Coupes de Belgique, Giovanni Bozzi (40 ans) décida de prendre une année sabbatique. Six mois plus tard, en décembre 2002, Liège l’appela à la rescousse.

Les premiers résultats concrets sont là : le 12 avril 2004, lors de sa quatrième saison en D1, le club principautaire remporta la Coupe de Belgique au cours d’un week-end de Pâques éprouvant durant lequel, dans les yeux du coach, larmes de joie et de tristesse s’entremêlèrent. Son père rendit son dernier soupir entre la demi-finale et la finale, mais il eut malgré tout le courage de retourner à Roulers pour l’apothéose du FinalFour.

Que représente pour vous cette victoire en Coupe de Belgique ?

Giovanni Bozzi : Elle me fait personnellement plaisir, mais elle doit surtout constituer une motivation pour toutes les personnes qui gravitent autour du club. Liège est un jeune club dynamique, qui essaye de grandir. Le bourgmestre de la Cité Ardente, Willy Demeyer, est un ancien basketteur qui est prêt à l’aider. Le président Jean Joly, et le vice-président Luc Bockourt qui effectue un travail remarquable dans l’ombre, s’investissent pleinement et la victoire en Coupe de Belgique ne peut que conforter leur envie de poursuivre le travail. Ce premier trophée permet aussi au club d’obtenir un ticket pour la Coupe ULEB, ce qui sera très valorisant pour la Ville et la Province de Liège. En ce qui concerne les playoffs, la quatrième place qualificative se jouera vraisemblablement entre Liège et Mons. Par rapport aux Montois, nous sommes positifs, ce qui pourrait avoir son importance en cas d’égalité de points. L’Union a l’avantage d’avoir battu deux fois Charleroi et quatre fois Pepinster, mais a laissé des plumes face à des sans-grade : deux défaites à Wevelgem, notamment. De notre côté, nous avons pris plus de points face aux équipes de bas de classement, mais nous pourrions payer cher notre unique faux pas de 2004 à Louvain.

Nouvelle époque

Pouvez-vous comparer votre travail à Liège avec celui qui était le vôtre à vos débuts à Charleroi ?

Les époques sont différentes. Le professionnalisme est aujourd’hui bien implanté et les joueurs étrangers ont fait leur apparition en masse. Lorsque j’étais arrivé à Charleroi, en 1991, le club reposait essentiellement sur deux personnes : Eric Somme, dans l’esprit duquel germait une idée par jour, et Jeannot Guilbert qui était chargé de les réaliser. Lorsqu’une idée était sur le point de se concrétiser, la suivante était déjà là. Sur le plan des structures et des infrastructures, Liège est déjà plus loin. En 1991, Charleroi jouait à La Garenne : le Spiroudome n’existait pas encore. A Liège, le Sart-Tilman constitue déjà un bel outil de travail. Un projet d’agrandissement, qui doit porter la capacité de la salle à 5.500 places, existe. J’ai vu les plans, ils me plaisent. Le terrain serait tracé dans l’autre sens et les tribunes le ceintureraient complètement, pour en faire une véritable arène. Car il faut reconnaître qu’avec les murs en béton, le Sart-Tilman actuel n’est pas propice à l’ambiance. Liège est toujours la province qui compte le plus de basketteurs, il y a donc un potentiel. A l’exception d’un petit groupe d’inconditionnels, les spectateurs ne se prennent pas toujours au jeu et les VIP donnent parfois l’impression d’être indifférents ? C’est vrai, mais c’était aussi le cas à Charleroi au début. Il faut le temps qu’ils accrochent. J’aimerais offrir un titre de champion à Liège au cours des prochaines années, mais Charleroi a placé la barre tellement haut, sur le plan financier, que ce sera difficile.

Liège est monté en puissance depuis le mois de janvier…

Collectivement, on a grandi. L’équipe actuelle recèle un bon amalgame entre joueurs jeunes et expérimentés. Ralph Biggs n’est pas loin d’être le MVP de la saison. Il s’est fortement amélioré sur jeu placé : le jeu de transition ne constitue plus son unique atout. Michael Huger n’était peut-être pas, au départ, le distributeur idéal pour lui, mais leur entente s’améliore au fil du temps. Ivan Tomeljak n’a pas encore totalement répondu à l’attente, mais se révèle très utile en certaines circonstances. Dimitri Jorssen a compris son rôle : il doit être un point de fixation dans la raquette. Au Final Four, il n’a inscrit que deux points mais a intimidé l’adversaire par ses block-shots. Brian Greene, arrivé cet hiver, a apporté sa volonté, sa rage de vaincre et son intelligence. Kristaps Janicenoks s’est complètement libéré. Depuis le départ d’Ivo Josipovic ? Peut-être, mais je crois surtout qu’il s’est progressivement adapté à une culture différente de sa Lettonie natale. Il est devenu un atout offensif, et ses équipiers l’ont compris : ils n’hésitent plus à l’alimenter. Ryan Moss, qui avait déjà évolué à Liège précédemment, a été rappelé de Beauvais pour devenir le quatrième pivot. Aujourd’hui, il n’est pas loin d’être le meilleur pivot. Roger Huggins apporte toute son expérience et sait que son rôle est plus crucial qu’à Charleroi : Liège gagne lorsqu’il inscrit 15 points et capte 10 rebonds.

L’impact des joueurs belges n’est-il pas trop limité ?

On peut le regretter, effectivement. Il y a plusieurs explications. On connaît la situation du basket belge. Les joueurs du cru susceptibles d’élever le niveau d’un club ambitieux sont rares. Ils sont donc chers et doivent en outre subir les conséquences d’une fiscalité désavantageuse. Un joueur comme Axel Hervelle, par exemple, est impayable. Nous avons essayé, l’été dernier, d’attirer trois joueurs belges. Wim Van de Keere a préféré rester dans sa région, à Wevelgem. Bob Menama a eu des exigences financières inacceptables : aujourd’hui, il se retrouve à Vilvorde avec, peut-être, le cinquième du salaire qu’il réclamait à l’époque. Julien Rahier, le jeune Liégeois d’Ostende, a préféré rester à la côte : c’est son droit. Nous avons deux jeunes Belges dans notre effectif : Kevin Jonniaux et Pipo Willems. En début de saison, j’ai essayé de les faire jouer. Ces derniers mois, j’ai décidé de tourner à huit – ou à neuf, avec Eric Cleymans û et les résultats sont là. Nos deux jeunes en font un peu les frais…

Daniel Devos

 » J’aimerais offrir un titre à Liège mais Charleroi a placé LA BARRE TELLEMENT HAUT « 

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