Plaskie, Weiler, et des couloirs !

L’événement triste et mauve de ce 18 septembre, ce ne fut pas pour moi la séparation d’avec René Weiler, mais bien le décès de Jean Plaskie : car même le moins médiatisé de l’équipe en or des sixties fut un Dieu pour le môme supporter que j’étais, voici longtemps ! D’où, bonjour ému à Georges Heylens, seul rescapé du secteur défensif d’alors : coucou Georges, accroche-toi …je vais finir par croire que cette salope de Grande Faucheuse tacle prioritairement les défenseurs ! Car mis à part Wilfried Puis et Jacky Stockman, mon coeur de gosse recense encore en ce monde les 6 autres médians ou attaquants du grand Anderlecht des alentours de 1965…

Le cas Weiler, lui, me turlupine plutôt le cerveau, et mon cerveau me dit que le deal est petit. D’un côté un coach souhaitant sans doute laisser tomber mais qui n’a pas eu les gonades pour, vu que ça lui aurait coûté 2 mois de salaire ; de l’autre une direction sans doute tentée de s’en séparer, mais timorée tout autant vu qu’elle devait claquer 9 mois dudit salaire. Alors, on coupe la poire en deux : le coach est payé (moins) pour démissionner ! Les séparations dites à l’amiable, c’est surtout quand les deux parties ont du fric à la place du coeur.

Peut-être suis-je jaloux, mais plaindre un type qui reçoit 450.000? pour arrêter de bosser, c’est au-dessus de mes forces. J’aimais pourtant bien le côté un rien torturé de Weiler, sa constipation souffrante de génie incompris lors des interviews, et le fait qu’il dise à présent vouloir être heureux et prendre cette décision pour son bonheur. Un besoin d’être aimé sans doute plus prégnant que chez ses collègues lambda… mais merde, il était grassement payé pour savoir endurer les critiques : celles des supporters hurleurs comme celles des gars de la presse… qui ressemblent parfois fort à des supporters rémunérés !

Sven Kums fut la goutte du vase déjà plein : surtout que, de tous les drames qu’aime se créer le monde du foot, celui du conflit entre un coach et un joueur majeur est un des plus porteurs. Mais au lieu de se dresser sur ses petits ergots, pourquoi Weiler n’a-t-il pas assumé une initiative somme toute banale ? Oui, banale : tous les coaches du monde ont des idées parfois surprenantes, qui parfois vont bien tourner et les transformer (exagérément) en créateurs d’exception, qui parfois vont tourner mal et en faire (démesurément) des crétins d’exception ! Tenez, en novembre dernier, Roberto Martinez s’est-il irrité de s’être fait traiter de gros bêta pour avoir osé aligner, une heure seulement en match amical, notre Dries Mertens en front de bandière ? Non. Et ensuite à Naples, le Dries s’est illustré comme jamais au même poste ! Voilà ce que Weiler aurait dû rétorquer à Emiliano Bonfigli au lieu de jouer les divas vexées ; il aurait même pu en remettre une couche, et annoncer que Kums resterait libero le samedi à Courtrai !

Bref. Exit Weiler, pas plus coupable qu’Yves Vanderhaeghe, ni que des tas d’autres hier et demain. The show must go on, même si les limogeages n’améliorent guère les performances : garder Weiler ou installer Nicolas Frutos, c’est kif pour rêver d’une saison correcte… ou pas ! Perso, je dirais plutôt qu’Anderlecht n’excite guère pour cause de recrutementcouloirophobe. Hein ? Kèksèksa, BJJ ? Je veux dire que dans le noyau mauve, orphelin maintenant de Frank Acheampong et mis à part Alexandru Chipciu, y’a pas de gars aimant déborder classiquement : de Sofiane Hanni à Nicolae Stanciu en passant par Kums, Adrien Trebel ou Henry Onyekuru, tous se veulent axiaux d’abord, et fréquentent s’ils le doivent un couloir avec des pieds de plomb. Okay, le dédoublement des flancs n’est pas panacée universelle, mais y’a un minimum aujourd’hui absent. Et ça me rappelle une belle équipe mauve couloirophile de la fin des eighties : avec Georges Grün derrière Arnor Gudjohnsen à droite, avec Henrik Andersen devant ou derrière Patrick Vervoort à gauche, ça faisait quatre gars du champ qui s’éclataient dans les couloirs… me revoilà dans le passé !

Mais bonne chance à Frutos ce soir face au Celtic ! Quoiqu’une victoire des visiteurs me ferait plaisir aussi… pour Brendan Rodgers, encore un remercié, de Liverpool en 2015 malgré 3 saisons convenables dont une 2e place en 2014. Depuis, arrivé à Anfield comme un messie, Jürgen Klopp n’a rien apporté de plus… sinon d’horribles rictus haineux quand les Reds marquent un but.

PAR BERNARD JEUNEJEAN

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