Plaque tournante

Flanc gauche, attaquant, pivot ou milieu offensif, il répond toujours à l’attente. Que ce soit au FC Barcelone ou en équipe nationale d’Espagne.

Il n’a que 23 ans, mais déjà l’expérience d’un vétéran. Il est apprécié par ses entraîneurs, mais aussi par les spectateurs qui se délectent de son football à la fois efficace et élégant, où tout semble facile. Il est devenu une pièce maîtresse, à la fois du FC Barcelone et de l’équipe nationale espagnole, qu’il a sorti du guêpier en marquant lors du récent déplacement au Danemark (victoire 1-3).

La polémique continue à faire rage concernant l’absence de Raul en équipe nationale. Qu’en pensez-vous ?

AndrésIniesta : Ce qui se dit en dehors de l’entourage de la sélection est incontrôlable. A partir de là, il vaut mieux ne pas y prêter trop attention.

Si l’on excepte un partage en Islande, l’équipe nationale reste sur une bonne série. Continuer à parler des absents, n’est-ce pas une insulte à l’égard de ceux qui ont forgé ces résultats ?

En tout cas, c’est déplacé. Tout le monde a son point de vue lorsqu’il est question de football, mais les polémiques ne sont jamais bénéfiques. L’important est de décrocher le billet pour l’Euro 2008. C’était l’objectif de départ, et lorsqu’on l’aura en poche, le reste ne sera plus que de la littérature.

Ce groupe de Luis Aragonés mérite-t-il qu’on lui fasse davantage confiance ?

Certainement. Ce groupe recèle beaucoup de qualité et l’envie de bien faire est très présente. Si l’on pouvait démontrer cette qualité durant un grand tournoi, ce serait encore mieux, mais jusqu’à présent, on s’est bien débrouillé.

Vous avez souvent sauvé Luis Aragonés. Pensez-vous avoir bénéficié d’un temps de jeu suffisant ?

On voudrait toujours jouer davantage, mais dans ce groupe, la concurrence est féroce. J’ai savouré chaque instant et j’ai essayé de donner le maximum chaque fois que l’occasion m’en a été donnée.

En Islande et en Lettonie, vous avez débloqué la situation lorsqu’elle semblait compromise. Si l’Espagne se qualifie pour l’Euro 2008, on vous devra une fière chandelle ?

J’ai eu la chance d’inscrire des buts importants, et d’être présent dans ces moments-là, mais je dis toujours qu’on gagne et qu’on perd en équipe. C’est un cliché mais c’est ainsi.

Néanmoins, le chemin vers la Suisse et l’Autriche fut laborieux, non ?

C’est surtout la défaite en Irlande du Nord qui nous a compliqué la tâche. Au moment de se rendre au Danemark, on était dos au mur. Il fallait absolument gagner là-bas et on était donc un peu anxieux, car c’est toujours un déplacement délicat. Mais on a mené notre mission à bien.

Encore une grande marge de progression

Pour vous, l’heure de la reconnaissance est-elle enfin arrivée ?

Je me suis toujours senti apprécié.

Mais aujourd’hui, vous faites la une des journaux…

D’accord, cela fait toujours plaisir, mais j’essaie de ne pas y prêter trop attention.

Difficile de trouver plus polyvalent que vous : que l’on vous positionne comme flanc gauche, attaquant, pivot ou milieu offensif, vous répondez toujours à l’attente. Avoir un ballon aux pieds suffit-il à vous rendre heureux ?

Oui, tout à fait. L’important pour moi est d’être sur le terrain, peu importe à quelle place. Je suis plus habitué à jouer dans l’entrejeu, mais si un entraîneur me demande de jouer à une autre position – sur un flanc ou comme pivot – j’essaie de m’adapter.

Vous ne nierez pas que vous êtes amoureux du ballon ?

Effectivement, car c’est le ballon qui me permet de bien jouer, de me sentir bien. Je crois aussi qu’en raison de mes caractéristiques physiques, il est important pour moi de sentir le ballon pour ne pas souffrir dans d’autres domaines.

Malgré vos bonnes prestations, vous ne faites pas partie des 30 nominés pour le FIFA World Player cette année. Une injustice ?

C’est le genre de choses qui ne m’empêche pas de dormir. Je sais très bien moi-même lorsque j’ai bien fait mon boulot ou pas. Il est clair que cette liste reprend les meilleurs joueurs du monde, et si je n’y figure pas, il m’appartient de travailler pour entrer en ligne de compte la prochaine fois.

Frank Rijkaard affirme qu’il préfère vous aligner comme pivot, parce que vous êtes plus discipliné que Deco et Xavi. Qu’en pensez-vous ?

L’entraîneur regarde ce qui est le mieux pour l’équipe. S’il estime que je suis le plus utile dans cette position, je dois l’accepter et justifier la confiance qu’il a placée en moi.

On parle d’une prolongation de contrat, avec révision à la hausse. Où en est-on ?

Je suis encore sous contrat jusqu’en juin 2010 et j’ai toujours déclaré que j’aimerais passer beaucoup de temps au FC Barcelone, car je m’y sens chez moi.

Depuis l’été dernier, des rumeurs font cependant état d’un intérêt du Real Madrid…

Le FC Barcelone est ma maison, et si le club souhaite poursuivre la collaboration avec moi, il aura toujours la priorité par rapport à une proposition venue d’ailleurs.

Mais vous êtes un footballeur professionnel et on sait ce que cela signifie…

Oui, je suis un footballeur professionnel, mais un professionnel qui se sent très bien où il est. Cela dit, il faut toujours laisser la porte ouverte. Mais, si le Real Madrid frappe, je répondrai que je suis très bien au FC Barcelone.

Le FC Barcelone a-t-il besoin d’un pivot défensif du style Yaya Touré ?

Oui, bien sûr. Les joueurs qui sont arrivés nous apportent beaucoup et Yaya Touré s’est parfaitement adapté à l’équipe. C’est un joueur très costaud, mais qui nous apporte aussi beaucoup de variantes. C’est important, dans une équipe, d’avoir différentes variantes, et sous cet aspect-là, son apport est le bienvenu.

Pensez-vous que nous reverrons bientôt Ronaldinho sous son meilleur jour ?

J’espère que oui. Pour l’équipe, c’est important qu’il retrouve son meilleur rendement. Pour le public aussi, qu’il a toujours régalé de gestes techniques exceptionnels.

Et vous-même ? Avez-vous encore une grande marge de progression ou atteignez-vous petit à petit votre plafond ?

Bien sûr, que j’ai encore une grande marge de progression. Je n’ai que 23 ans. Chaque année, je constate que je progresse et j’espère ne pas m’arrêter en aussi bon chemin.

Etes-vous en droit de rêver à un nouveau titre et à une nouvelle Ligue des Champions ?

Cela fait partie de nos objectifs, mais on n’a pas oublié notre mésaventure de la saison dernière, lorsqu’on pouvait tout gagner et qu’on s’est retrouvé les mains vides.

Avez-vous de meilleures chances que le Real Madrid ?

Difficile à dire. Il est trop tôt pour se prononcer. Mais je crois qu’on a de bonnes chances.

Le style de Bernd Schuster vous plaît-il ?

L’entraîneur allemand a réalisé du bon boulot dans tous les clubs où il est passé. On verra ce qu’il parviendra à faire avec le Real Madrid. Mais, ce qui me préoccupe avant tout, c’est ma propre équipe.

par alfredo martinez (esm)

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