Plans B comme Belgique, bravoure, brio, bosser….

A chaque jour suffit son chapelet de rumeurs qui, comme des coquelicots, donnent des couleurs aux champs du football. De nombreux plans B fleurissent et se fanent dès que s’évapore la rosée. Le flirt du Real Madrid avec Steven Defour fait penser à cette buée. Le capitaine du Standard jouera un jour dans un grand club mais, cette fois, il n’a servi que d’appât médiatisé pour arracher Xabi Alonso à Liverpool qui avait revu ses exigences à la hausse. Steven s’est déclaré ravi par l’intérêt du  » club de son c£ur « . Il était surtout le pion d’un plan B comme bluff, bidon, blabla, bobard. Sclessin s’est réjoui en songeant à la notoriété internationale que cette éventualitéa offerte aux Rouches. Ce sentiment peut se comprendre mais il faut se méfier d’insondables maelströms de la com’ moderne.

Double vainqueur du Tour de France (1983-84), Laurent Fignon a cerné ce danger dans son livre : Nous étions jeunes et insouciants (Grasset). Il écrit que le  » champion n’existe que par ce qu’il fait. Pas par le rôle qu’il joue derrière les micros.  » Ce géant explique lucidement certaines dérives par la maladie qui gangrène le sport en général, l’argent. Fignon développe aussi des idées proches de celles défendues par Laszlo Bölöni dans ce magazine :  » Dès qu’un coureur pète un coup au Tour, on a l’impression qu’il a réinventé son sport. Foutaises. Le cyclisme s’est transformé en un sport de défense, oubliant sa raison d’être : l’attaque. Aujourd’hui, on espère gagner en faisant craquer l’autre : mentalité petit bras.  »

Le foot belge n’a plus le temps de rêver : les premières échéances sont tombées en championnat et Gand a été emporté par une grippe romaine en Europa League. La déconfiture des Buffalos (battus 1-7 chez eux par la bande à FrancescoTotti) peut être utile : ce crash résume tout ce qui sépare notre foot des sommets européens. La tâche est énorme mais il faut continuer à ronger son os. Au quatrième tour préliminaire de l’Europa League, le Club Bruges se mesurera au Lech Poznan (meilleure équipe de Pologne) et Genk à Lille enchantée d’ Eden Hazar. Il y a un  » siècle « , en 1982-83, le PSG avait snobé son voyage à Waterschei (ancêtre de Genk) et fut balayé dans le Limbourg (3-0 après le 2-0 au Parc des Princes). Même si la donne n’est plus la même et que le temps passe vite, cet exploit a cependant gardé toute sa saveur.

En Ligue des Champions (dernier tour préliminaire avant les poules pour lesquelles le Standard est qualifié), Anderlecht affrontera Lyon et ses stars. Les Mauves ont fait le plein de points et de confiance en championnat. Alors que le Standard a du mal à l’allumage, Anderlecht bénéficie des effets positifs d’un effectif inchangé. Il n’y a pas de recherches d’automatismes et l’équipe monte en puissance. En cas de succès face à Lyon, les Bruxellois auront leur poule aux £ufs d’or comme le Standard. C’est important pour tout le foot belge mais est-ce réalisable ? Why not ? Il y a deux ans, Bordeaux et son coach, Laurent Blanc, avaient pris Anderlecht et Ariel Jacobs de haut avant d’être éliminés en 16es de finale de la Coupe de l’UEFA (2-1, 1-1 en France). Les Lyonnais de Claude Puel le savent, se méfient des Belges mais estiment que c’est un bon tirage.

Si Anderlecht sera sous pression, les Gones seront aussi sous tension. Après ses 7 titres français consécutifs, le gang des Lyonnais a cédé le sceptre tricolore à Bordeaux avant de dépenser 72 millions d’euros pour requinquer son effectif. Puel n’a plus le droit à la moindre erreur en France ou en Europe. Il aura encore plus à perdre que Jacobs et cela peut jouer en faveur du technicien bruxellois. C’est le moment pour nos grands clubs de se réveiller sur les scènes européennes, d’oser, de lancer le seul plan B qui compte. Plan B avec un B comme Belgique, bravoure, brio, bosser. Il faudra mettre le grand braquet en songeant à une phrase de Jacques Anquetil (quintuple vainqueur de la Grande Boucle) que Fignon retournait dans tous les sens :  » Si tu ne fais que vaincre, tu as ton nom dans les statistiques. Si tu convaincs, tu entres dans le livre de l’imaginaire. « l

PAR PIERRE BILIC

« C’est le moment pour nos grands clubs de se réveiller sur les scènes européennes. »

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