PLACE À HEIN ET SES DISCIPLES

Après des années de transferts massifs, Gand a confié à Hein Vanhaezebrouck la composition de son noyau pro.  » Nous avons trop souffert d’une culture du vedettariat.  »

Afin d’avoir un point de comparaison, nous avons repris la photo qui ornait notre spécial championnat il y a un an. Sur les 26 joueurs, nous avons pu en rayer 12 : David Hubert, Ilombe Mboyo, Ervin Zukanovic, Sergio Padt, DorianThom Mpoto, Valery Nahayo, Pablo Cendrós, Rodgers Kola, Milan Savic, Frank Boeckx, Yassine El Ghanassy et Carlos Diogo ont quitté la Ghelamco Arena. Bernd Thijs, accablé par des problèmes de genoux, a été contraint de mettre un terme à sa carrière et est devenu entraîneur-adjoint.

Début novembre, Michel Louwagie a poussé un profond soupir quand un journaliste a fustigé la politique des transferts des Buffalos, y consacrant une pleine page : 27 nouveaux, 44 partants et quatre entraîneurs en l’espace d’un an et demi. Le manager général s’est défendu dans les colonnes de la Gazet van Antwerpen, en ces termes :  » Je préfère avoir un nouveau stade et quelques problèmes avec l’équipe que le contraire. Le problème, c’est qu’Ivan De Witte et moi-même avons investi énormément d’énergie dans l’érection d’un stade, depuis deux ans, et qu’en même temps, nous avons dû former une nouvelle équipe. Nous avons donc confié trop de compétences sportives à Victor Fernandez. Manifestement, c’était une erreur.  »

Du neuf partout

Pourtant, de ce point de vue, rien ne semble avoir changé depuis l’embauche d’Hein Vanhaezebrouck au poste de responsable sportif. L’ancien défenseur central a amené une vieille connaissance à Gand : l’entraîneur des gardiens, Francky Vandendriessche. Rami Gershon, Karim Belhocine, Mustapha Oussalah et Sven Kums sont également d’anciens disciples de Vanhaezebrouck à Courtrai. Benito Raman revient d’une location au même club tandis que Brecht Dejaegere a atteint le sommet de son art dans le club flandrien, sous la direction de Vanhaezebrouck. Gand accueille donc une belle troupe de joueurs s’étant produits au stade des Eperons d’Or. Donc, Vanhaezebrouck semble avoir beaucoup de pouvoir. Pour accroître le rayonnement du club, par exemple, tous les membres du staff technique doivent porter les mêmes chaussures. Après le match de gala contre l’AS Saint-Etienne, la direction a également appris qu’il fallait de toute urgence une nouvelle pelouse, pour que l’entraîneur puisse mieux développer son football de combinaisons.

Un engagement total

 » Il fallait changer. Nous devions faire souffler un vent nouveau dans tous les secteurs du club « , se défend le président De Witte.  » Certainement au niveau de la direction sportive. Nous avons osé opérer ces choix, même s’ils impliquent une certaine forme de risque pour notre capital. Pour forger un esprit de groupe, il faut être conséquent. Ces dernières années, nous avons souffert d’une culture du vedettariat qui était souvent en contradiction avec le professionnalisme que nous prônions. Nous avions calculé que nous connaîtrions deux années difficiles suite à la mise en utilisation de notre stade. Une fois cette phase surmontée, nous allions adopter une tout autre approche du sport. Nous ne voulions donc plus de tous ces problèmes de vestiaires. Nous avons choisi notre entraîneur en partant de cette vision et pas le contraire, soyons clairs. Entendre les gens dire que Courtrai va jouer à la Ghelamco Arena cette saison ne me fait pas rire. C’est facile. Hein Vanhaezebrouck cadre parfaitement avec notre vision. Celle-ci requiert un engagement professionnel total, dans un environnement optimal pour le sport de haut niveau. Il nous a signalé une série de joueurs dont il est certain qu’ils s’intégreront dans le groupe et auront la mentalité requise. Certains ont passé le cap de la trentaine ? Oui mais au moins, nous sommes sûrs que l’entraîneur les connaît suffisamment et que nous sommes à l’abri de mauvaises surprises.  »

Deux relais sur le terrain

De Witte est manifestement conscient que son noyau, aussi chevronné soit-il, manque de leaders. D’où le transfert de Belhocine et de Kums. Ils doivent être le relais de Vanhaezebrouck sur le terrain et veiller à développer son pressing vers l’avant, par combinaisons.  » Attardez-vous sur la personnalité des nouveaux venus « , insiste De Witte.  » Ce sont des professionnels accomplis, ils n’ont pas le gros cou. Ils ont une bonne mentalité et ils sont empreints de rage de vaincre. Nous ne voulons plus de pseudo-vedettes. Et s’il faut puiser plus profond dans notre bourse, une fois, tant pis. C’est la vie. Nous pouvons nous permettre un peu plus de dépenses, puisque nous sommes libérés de nos dettes.  »

Gand a toujours vanté son équipe de scouting, dirigée par le coordinateur technique Gunther Schepens et par Gilbert De Groote, mais on dirait que depuis quelques mois, ce duo a été dribblé par Louwagie, qui a transféré Laurent Depoitre d’Ostende, et le manager Mogi Bayat. Celui-cidéfend les intérêts de Vanhaezebrouck. Il a attiré David Pollet d’Anderlecht à la Ghelamco Arena et a encore arrangé le transfert de Sven Kums.

Des joueurs dûment screenés

De Witte pèse ses mots.  » La plupart des joueurs ont effectivement été transférés à la demande de Hein mais le comité de scouting les a screenés, qu’il s’agisse de leur personnalité ou de leur technique footballistique. L’entraîneur peut-il leur trouver une place dans son système tactique et sa philosophie ? Il serait effectivement préférable de ne pas dépendre d’un seul agent. Franchement, je voudrais qu’il en soit autrement mais c’est un hasard. Il faut regarder le profil de Pollet, de Kums et des autres. Pourquoi n’aurions-nous pas effectué ces transferts ? J’ai vécu de près les négociations. Il ne faut vraiment pas y voir une quelconque malice.  »

Vanhaezebrouck bénéficie du soutien plein et entier de son président, y compris quand il évoque la sélection naturelle qui va s’opérer dans le noyau actuel, qui comptait 31 footballeurs au début de la préparation. Le défenseur central bosnien Ervin Zukanovic, qui voulait un peu trop se montrer et qui a raté sa sélection pour le Mondial en imputant la faute de son visa refusé aux responsables de la Fédération, a été loué à Chievo. Maintenant, deux footballeurs d’instinct, Habib Habibou et Hervé Kage, paraissent être les plus menacés.

Un professionnalisme de tous les instants

 » Il ne s’agit pas uniquement de survivre aux tests physiques. Il faut faire preuve de professionnalisme dans le vestiaire « , précise De Witte.  » Ceux qui ne jouent pas le jeu seront écartés rapidement. Tout le monde doit prouver qu’il suit la nouvelle voie. Je veux vraiment être quitte de tous ces problèmes de vestiaires, de ces joueurs qui vont pleurer auprès des journalistes, leur exposer les problèmes internes et qui ne veulent pas se livrer à fond parce que quelque chose ne leur convient pas. Ecrivez-le : nous ne prenons pas ce genre de footballeurs. Certaines personnes se prenaient pour plus qu’elles n’étaient en réalité. C’est terminé. Mais pour cela, il faut être un club financièrement sain.  »

PAR FRÉDÉRIC VANHEULE

 » Entendre dire que Courtrai va jouer à la Ghelamco Arena ne m’amuse pas du tout.  » Le président Ivan De Witte

 » Nous ne voulons plus de joueurs qui se lamentent auprès des journalistes.  » Le président Ivan De Witte

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