Pizza Pocho

L’attaquant argentin de 23 ans fait légèrement douter les Napolitains qui ne croyaient pas qu’il y aurait un autre Maradona !

On en a soupé d’entendre qu’on a trouvé le nouveau Diego Maradona chaque fois qu’un Argentin réussit un (petit) exploit. Mais depuis la saison dernière, Ezequiel Ivan Lavezzi fait changer les choses. Avec ses 173 cm et 72kg, el Pocho (un terme affectif d’origine inconnue) a déjà le gabarit du Pibe à sa grande époque. A Naples, Lavezzi est partout : sur le terrain où il préfère évoluer comme deuxième attaquant, dans les journaux pour promouvoir un jeu de tarots à son effigie et à la TV pour des… sous-vêtements. Il s’invite à votre table aussi puisqu’un pizzaiolo a créé la pizzaPocho (un calzone piquant) et, mi-novembre, un exploitant de snack de Fuorigrotta (le quartier du stade San Paolo) a lancé le panino del Pocho (sandwich hamburger, £ufs, jambon cuit, fromage et salade arrosé de tabasco).

Lavezzi jouit d’une énorme popularité auprès des supporters napolitains, au point qu’il a même déjà sa statuette dans la célèbre crèche de Noël dressée dans le ch£ur de l’église San Gregorio Armeno. Depuis son arrivée le 5 juillet 2007 (un signe pour les superstitieux : Maradona a été présenté au public le 5 juillet 1984), il emmène toute l’équipe dans son sillage et ses accélérations ballon au pied épatent. Le 23 novembre, il inscrivait un splendide coup franc : une prouesse à la Maradona qui aurait fait la une de tous les journaux si Cagliari n’avait arraché le match nul (2-2) à la 95e.

Deux passages éclairs en Italie

Comme tous les Argentins, Lavezzi considère comme blasphématoire d’être comparé à Maradona. Il ne comprend pas que l’on puisse faire un parallèle en tenant compte d’éléments comme le fait qu’il habite une maison à Posilippo avec vue sur le fameux Golfe de Naples, comme Maradona en son temps, ou qu’il joue avec le numéro 10. En revanche, il apprécie quand on affirme que, comme Dieguito, il se relève directement après une faute et remet le plus vite possible le ballon en jeu sans se plaindre. Lavezzi est aussi heureux de rappeler qu’il a rencontré Maradona lors de son émission télévisée, El Diez. Cette fois-là, il lui a offert son maillot de San Lorenzo et était très heureux d’apprendre que Maradona le connaissait.

Peut-être le nouveau sélectionneur de l’Argentine était-il au courant du parcours un peu spécial suivi par ce garçon né à Villa Gobernador Galvez ? A 17 ans, alors qu’il joue pour un club de Rosario, Coronel Aguirre, il décide d’arrêter le foot et s’en va travailler avec ses frères. Mais l’envie de devenir électricien ne dure pas. Eduardo Rosetto, toujours son conseiller, lui fait comprendre qu’il doit absolument revenir sur son coup de tête de gamin immature. Lavezzi accepte d’aller vivre à Buenos Aires et de rejoindre l’Estudiantes. Il ne lui fallut pas longtemps pour retrouver la volonté de lutter et il fait un premier saut en Italie, à la Fermana, un ex-club de D3 qui ne pouvait pas acquérir de joueur extracommunautaire. Rentré au pays, il fait des débuts remarqués en équipe première de l’Estudiantes (D2) et au terme de la saison 2003-2004 (29 matches, 17 buts), Genoa, qui a l’intention de le laisser mûrir encore un an à San Lorenzo (29m/9 b), l’acquiert pour 1,5 million. Comme prévu il débarque à Gênes l’été suivant où il reste un mois soit jusqu’au 27 juillet 2005, date à laquelle Genoa est rétrogradé en D3 pour avoir acheté un match.

Lavezzi racontera par la suite que cette relégation fut une bonne chose : il craignait, au vu des trois rencontres amicales disputées pendant son séjour, que son rendement n’aurait pas été celui espéré par la direction.

Sa mise à prix s’élèverait à 25 millions

Deux nouvelles saisons à San Lorenzo (55 m/16b), avec au passage le Tournoi de Clôture 2007 et une première sélection en équipe nationale, auront aidé l’homme à mûrir. Il est prêt à affronter son troisième séjour en Italie et plus précisément à Naples où Pierpaolo Marino, le directeur sportif et grand ami de Maradona, lui propose un contrat de cinq ans.

Champion olympique à Pékin et titularisé par Maradona en novembre contre l’Ecosse, Lavezzi est aujourd’hui un des joyaux de Naples. Le plus cher aussi : sa mise à prix s’élèverait à 25 millions. Pourtant, le président de Naples AurelioDe Laurentiis n’a pas l’intention de le vendre et a avancé les discussions, prévues fin janvier, concernant la prolongation jusqu’en 2014 et l’augmentation du contrat du joueur. Le 30 novembre, après son magnifique goal contre l’Inter, et l’hommage des joueurs milanais qui ont tenu à le féliciter et lui serrer la main à la fin de la rencontre, Lavezzi s’est dit qu’il était temps qu’on l’augmente. Le 8 décembre, le président, se plaignait d’ailleurs du comportement de certains managers :  » Je ne consens à personne le droit d’aller à l’abordage de mon bateau. Les talents, on les achète et on ne les vend pas.  » Dans la foulée, un accord était convenu avec le joueur qui, à partir de juillet prochain, percevra 3 millions par saison jusqu’en 2014.

par nicolas ribaudo – photo: reporters

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