PISTES ESPAGNOLE ET KAZAKHE

Le président ad intérim des Hurlus parle des pistes espagnole et kazakhe et espère que ce ne sont pas des vues de l’esprit.

Depuis la démission d’ EdwardVanDaele, dont il est d’ailleurs indirectement responsable puisque le point de discorde était l’exploration de la piste kazakh, FrancisD’Haese assure la présidence ad intérim de l’Excelsior Mouscron. Sa tâche principale consiste, dans l’immédiat, à trouver l’argent nécessaire à l’obtention de la licence.  » Même s’il n’a plus de fonction officielle dans le club, JeanPierreDetremmerie m’aide beaucoup « , affirme ce cadre de la Fédération des Classes moyennes où il s’occupe du… paiement des salaires.

Un premier succès semble avoir été enregistré puisque, vendredi passé, Dhaese annonçait la conclusion d’un accord de sponsoring avec un groupe espagnol, via Philippe Dufermont.

Qui est Dufermont ?

On en parle souvent, mais on le connaît mal. Philippe Dufermont, patron de la firme O2XA, est le principal sponsor de l’Excel. On le surnomme parfois l’Espagnol, mais il est bien Belge.  » Et même Mouscronnois de naissance « , précise D’Haese.

 » Il y a 30 ans, il était kiné dans la cité des Hurlus. Il a voulu avoir une activité annexe et a créé la société Colombine, spécialisée dans le petit meuble. Progressivement, il s’est rendu compte que sa société se développait en Belgique, et est parti à la conquête de l’Espagne. Il a d’abord continué ses activités dans le même secteur, dans la région de Valence, puis s’est également lancé dans le domaine des luminaires. Il fut l’un des premiers à découvrir que la filière de fabrication chinoise pouvait être rentable. Depuis près de 25 ans, il fabrique ses produits en Chine et a donc ses entrées dans cet immense pays. Il a installé des chaînes de magasins sur toute l’Espagne et sur toute la Chine. Aujourd’hui, il explore un nouveau créneau : celui du spa (bains, douches, jacuzzi, etc.)  » O2XA est, en fait, la marque commerciale de ces spas. Il y a deux ans, alors que je revenais de Bilbao où j’avais rencontré Dimitri Piterman pour essayer de trouver une solution à la menace de faillite qui pesait sur l’Excel en décembre 2004, j’ai rencontré Jean-Pierre Dufermont, le cousin de Philippe. Il fréquente souvent le Futurosport, parce que son gamin y joue. Au fil des discussions, il m’a proposé de contacter Philippe, afin de voir s’il pouvait aider l’Excel. Je n’y croyais pas trop, mais Philippe et moi avons effectivement fini par nous rencontrer alors qu’il était de passage en Belgique. Il m’a demandé : -Un sponsoring principal, pour un club de D1 belge, cela représente combien ? Je lui ai répondu : -Cela dépend, mais ce que nous offrait La Poste autrefois, à savoir 800.000 euros par an, pendant cinq ans, était très bien ! Il m’a dit : -Pas de problème, c’est dans mes cordes ! Je n’en ai pas cru mes oreilles. C’est de cette manière que O2XA est arrivé à l’Excel. Cette année-là, il a déjà investi 250.000 euros dans le club, ce qui nous avait permis de sortir la tête de l’eau. Il est prêt à nous aider davantage, mais pas à fonds perdus. Il veut des retombées économiques. Il a déjà racheté l’ancien Sarma à Mouscron, dont il veut faire une galerie commerciale « .

La piste espagnole

Cela nous mène à la piste espagnole, explorée par D’Haese.  » Dufermont m’a mis en contact avec deux entrepreneurs espagnols actifs dans l’immobilier « , poursuit le président ad intérim de l’Excel.  » Ces gens sont venus à Mouscron, investis d’une double mission. D’abord, ils veulent créer 2.000 logements. Ils se sont rendu compte que la région de Mouscron recelait un potentiel très intéressant en matière d’immobilier. Les prix sont encore, pour l’instant, très avantageux alors qu’en Espagne, et plus particulièrement dans la région de Valence, ils flambent. Pour les Français, à cause de certaines législations, c’est très intéressant d’acheter en Belgique et, de ce point de vue, Mouscron est idéalement placé. On a fait comprendre à ces entrepreneurs espagnols que l’Excel constituait une vitrine très importante pour la Ville de Mouscron, et qu’il méritait une participation à son développement. Grâce au développement commercial qu’ils envisagent, ils offriront donc certaines royalties au club, tirées du fruit des loyers et des ventes « .

Et les Kazakhs ?

 » Mon premier contact avec RakhatAliyev remonte à août 2006, lorsque le Kazakhstan s’était déplacé en Belgique pour le match face aux Diables Rouges « , se souvient D’Haese.  » Je ne lui ai pas caché la situation dans laquelle se trouvait l’Excel. Le courant est bien passé, et on est resté en contact. Pas en contact direct, mais via des courriers électroniques échangés avec un cabinet d’affaires suisse et les frères Chaddad, des architectes libanais naturalisés belges, qui connaissent très bien Aliyev et qui connaissent également très bien Detremmerie. Aliyev a émis le souhait de disposer de renseignements plus concrets sur le club, et il a chargé un cabinet d’affaires suisse et l’avocat Maître DeSaugy, Suisse également, de réaliser une étude de rentabilité. J’ai rencontré ces gens à plusieurs reprises, et ils nous ont transmis un premier projet de convention qu’on a étudié, avec notaires et avocats. On leur a fait une contre-proposition, qui est actuellement entre leurs mains. Ces chiffres ont été plus ou moins acceptés par Aliyev, mais celui-ci demande des garanties. Il veut avoir l’assurance qu’il ne trouvera pas de cadavres dans le placard, et a demandé à recevoir, en complément de l’attestation qu’il a reçue de notre réviseur d’entreprise, un audit réalisé par un organisme indépendant, du style Deloitte & Touche « .

Que cherchent les Kazakhs ?

 » Rakhat Aliyev est le président de la fédération de football de son pays « , précise D’Haese.  » Il est aussi le ministre des Affaires étrangères et le propre beau-frère du président de la République. Il est propriétaire de plusieurs usines de sucre et d’une compagnie ferroviaire intérieure. Il contrôle aussi une partie de l’audiovisuel, ce n’est donc pas le premier venu. Si j’ai bien compris, il cherche avant tout un point d’ancrage au niveau footballistique. Il aimerait entrer dans un club européen – qui, au départ, ne devait pas nécessairement être Mouscron – afin de mieux faire connaître le football de son pays et le développer. Il veut permettre à des joueurs kazakhs de progresser au contact de l’Occident, mais aussi rendre le championnat kazakh plus intéressant. Comment ? En attirant, par exemple, des joueurs étrangers au Kazakhstan. Utopique ? Aux yeux de certains, peut-être, mais – croyez-le ou non – j’ai déjà reçu un coup de fil d’un manager qui serait tout prêt à placer des joueurs brésiliens au Kazakhstan. Cette ancienne république soviétique est fort méconnue, et effraie sans doute certains, mais elle est en pleine évolution. Elle possède d’importantes ressources, en gaz naturel notamment, et offre de grandes possibilités économiques. Les joueurs songent aussi à leur portefeuille. Et vu les moyens dont dispose le Kazakhstan, je suis prêt à parier que, dans un futur plus ou moins proche, certains pleureront pour aller jouer là-bas. Qui, il y a dix ans, aurait prévu qu’il y aurait autant de Brésiliens en Russie et en Ukraine ? ».

Est-ce de l’argent propre ? On s’est renseigné auprès des organismes adéquats. Tout argent qui rentrera en Belgique sera contrôlé. Il est certain que, depuis le 11 septembre 2001, on ne verse plus des sommes importantes sur un compte à l’étranger sans que leur provenance ne soit contrôlée. Ces organismes nous garantiront donc la crédibilité des fonds. Certes, le Kazakhstan sort d’un régime totalitaire, mais lorsqu’on constate les efforts que le pays fournit pour entrer dans certaines commissions, je pense qu’il essaie de s’ouvrir et de se démocratiser « .

Et la licence ?

 » On avait demandé que la commission des licences se présente à Mouscron, non pas le 10 janvier, mais vers le 10 janvier. RolandTis attend notre coup de fil. Il nous rendra visite lorsque nous serons en possession des attestations « .

Vanderhaeghe & Niçoise

 » Jean-Pierre Detremmerie et moi avons rencontré YvesVanderhaeghe. Nous avons été corrects avec lui, nous lui avons signalé que le dossier était en bonne voie et que nous reprendrions contact avec lui lorsque nous aurons l’autorisation de transférer. Apparemment, il a préféré ne plus attendre et lier sa destinée à Roulers. C’est son choix, nous devons le respecter. MichaëlNiçoise, c’est différent. Il fait partie de l’écurie du manager Félix Seghers, à laquelle appartiennent aussi KevinHatchi et AdnanCustovic. Le dossier suit son cours… mais il faut pouvoir transférer, ce qui n’est pas le cas pour l’instant « .

Zhumaskaliyev & Sergiyenko

Les noms de deux internationaux kazakhs, Nurbol Zhuamaskaliyev et Eduard Sergiyenko, ont déjà été cités dans la presse.  » J’en suis un peu responsable « , reconnaît D’Haese.  » En fait, lors du match Belgique- Kazakhstan, j’avais trouvé ces deux joueurs excellents. Lorsque j’ai revu Aliyev après le match, je l’ai félicité et je lui ai parlé de ces deux joueurs. Je lui ai tendu la perche, plus par boutade qu’autre chose. A ma grande surprise, alors que je me trouvais en Egypte un peu plus tard, j’ai reçu un coup de fil de Maître De Saugy qui m’a dit : – M. D’Haese, leKazakhstanjouera bientôtauPortugal et M. Aliyevest disposé à inviterdeuxdevosémissairessportifs, afinqu’ils puissentrevoir à l’£uvrelesdeux joueursqui vous intéressent !GeertBroeckaert et DirkDegrijse sont partis à Coimbra, et alors que nous ne nous étions pas concertés, ils ont couché les deux mêmes noms sur papier. Suite à cela, j’ai effectivement confié à Aliyev qu’ils pouvaient nous intéresser. L’affaire est dans le… pipeline. Si réellement ils débarquaient à Mouscron, je pense qu’ils pourraient nous apporter quelque chose « .

Futurosport

 » Par rapport à d’autres clubs, on possède un grand avantage « , estime D’Haese.  » C’est le Futurosport. Une piste d’athlétisme est en train de se construire. Dufermont va construire un hôtel sur le site. Le Futurosport deviendra un centre sportif, qui pourra accueillir des équipes en stage, et pas uniquement un centre de formation. De nombreuses personnes essaient de participer à cette opération, dont l’usine Electrawinds, déjà présente à Ostende. C’est une entreprise qui a acheté une concession offshore et qui construit des éoliennes. Elle produit aussi de l’électricité verte, c’est-à-dire qu’elle récupère des huiles végétales et animales, pour faire tourner des moteurs, puis récupère la combustion de ces moteurs pour produire du chauffage. Elle pourrait chauffer la piscine de Mouscron et également – c’est en projet – les terrains du Futurosport. Aliyev est aussi intéressé par ce qu’il appelle notreacadémiedefootball. Le Futurosport pourrait donc accueillir de jeunes Kazakhs. Mais que les jeunes Belges se rassurent : ils ne prendront pas leur place. On ne veut pas faire de Mouscron un nouveau Beveren « .

L’organigramme ?

 » Il faut encore le mettre en place « , concède D’Haese.  » Pour ma succession, cela dépendra vraisemblablement des contacts qui aboutiront ou pas. Actuellement, le conseil d’administration se compose de trois personnes : le secrétaire Jacques Vandewalle, l’ancien échevin des Finances Jacques Fervaille et moi-même. C’est trop peu, j’en conviens. Il faudrait l’étoffer avec trois ou quatre personnes supplémentaires. L’assemblée générale, qui constitue l’asbl, se compose de 12 personnes : les trois précitées, des membres de l’IEG (Intercommunale d’Etude et de Gestion) et des représentants des principaux sponsors. Lorsque j’aurai un successeur, j’aimerais rester actif dans le club en tant qu’administrateur délégué « .

DANIEL DEVOS

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