Pippo Inzaghi

En marquant deux fois à l’OM, l’attaquant du Milan a déjà amassé 68 goals européens : plus qu’un pour égaler le record de l’Allemand Gerd Müller (Bayern). Mais comment fait Super Pippo… à 36 ans ?

Positif

– Le sens du but est hyper développé chez le centre-avant milanais. Cette qualité se travaille bien sûr tous les jours à l’entraînement mais sans un don au départ, on ne peut arriver à une telle efficacité dans les 16 mètres. Pippo a un feeling exceptionnel devant le but et le caractère inné de cette spécificité n’a fait que s’améliorer au fil des années grâce au travail et à l’expérience. Il fait partie du top 3 mondial des renards des surfaces.

– Le sens du placement dans le grand rectangle est tout simplement extraordinaire chez l’italien. Il cultive vraiment l’art de se trouver à l’endroit où le ballon arrive, on dirait qu’il sent où son partenaire va délivrer son centre. Cela lui permet très souvent de devancer l’intervention de son adversaire direct. Sur les ballons en profondeur, comme en décrochage, il parvient à se défaire du marquage adverse.

L’anticipation fait également partie de ses grandes qualités ; il démarre et se met en mouvement bien avant que son partenaire ne réalise la passe ou le centre. C’est une des raisons pour lesquelles le marquage pour l’adversaire est très délicat car il a toujours une fraction de seconde de retard sur Pippo dans les déplacements. Et anticiper plus que lui est quasiment impossible car il y a alors le risque d’être pris dans son dos par un appel de rupture.

– Même si l’âge est là, sa vistesse reste d’excellent niveau. Sur les premiers mètres, grâce à une fréquence faite de petits pas rapides, il parvient à prendre le dessus sur son adversaire direct. Sur 30-40 mètres, il a perdu de sa vélocité mais cela ne se voit pas trop car sa zone d’occupation de terrain le confine plutôt dans les petits espaces.

– Le jeu de tête offensif est de très bon niveau mais principalement quand il a de l’espace pour s’exprimer. Sur phases arrêtées, quand il doit aller dans la bagarre avec beaucoup de joueurs sur quelques mètres carrés, il s’exprime beaucoup plus difficilement. Sur contre-attaque ou quand les centres viennent de loin, il utilise sa spontanéité et sa détente pour prendre le meilleur sur un ou maximum deux adversaires. Son sens du but fait le reste.

– La frappe du droit est très sèche car il met beaucoup d’explosivité dans son geste. C’est dans les 20 derniers mètres qu’il en tire le maximum d’efficacité car de plus loin, son shot n’est pas suffisamment « lourd » pour inquièter les meilleurs gardiens. Il a l’art de trouver le tir croisé ou au premier piquet en fonction du comportement du keeper adverse qui anticipe ou non.

– Le tackling offensif est une des grandes spécialités de l’attaquant milanais. Il marque de nombreux buts en se jetant littéralement sur le ballon, coupant la trajectoire des centres qui lui sont adressés et devançant ainsi l’intervention de son opposant direct qui lui, doit tacler vers son goal avec le risque de marquer contre son camp.

Négatif

– Sa position sur le terrain et son style de jeu particulier font que le coach doit lui adjoindre des joueurs complémentaires pour un rendement optimal. Un deuxième attaquant au gros volume de jeu et aux appels de balle incessants et des joueurs de flancs qui débordent et donnent beaucoup de centres dans les 16 mètres, voilà des partenaires nécessaires pour que Pippo soit performant.

– Inzaghi est un joueur qui dépend terriblement de ses partenaires offensifs et des ballons qu’il reçoit de ceux-ci. De plus, son coach doit bien analyser les caractéristiques spécifiques du match à venir avant de décider de le titulariser car, dans certains matches, ilpasse complètement inaperçu et l’équipe évolue quasiment à 10 pendant 90 minutes.

– Le volume de jeu du milanais est assez limité et le niveau de sa prestation s’en ressent surtout quand il n’est pas en réussite devant le but. Maintenant, son coach ne lui demande pas de travailler comme un forcené pour conserver de la fraîcheur dans les 16 mètres. Son travail en perte de balle se limite à un recul-frein même s’il est capable de jaillir au pressing quand c’est nécessaire.

– Filippo est très loin de faire partie des grands techniciens du monde du foot. Sa technique est basique, basée exclusivement sur l’efficacité. On ne le verra pas se lancer dans des enchaînements de dribbles ni utiliser des feintes diaboliques pour éliminer son garde-chiourme.

– Le Milanais est loin d’être une bête dans les duels et il essaie au maximum d’éviter les confrontations corps à corps en utilisant son art du démarquage. Il esquive le plus souvent le un contre un où la robustesse est fondamentale.

– Sa taille et son gabarit font de lui un joueur qui n’a pas vraiment de « cogne » pour un footballeur de haut niveau. Il compense ce déficit par un jeu approprié à ses propres spécificités mais quand il doit se démener contre des défenses renforcées avec très peu d’espaces, il devient un joueur plus que moyen.

– Son jeu en combinaisons courtes présente aussi quelques lacunes et il préfère se faire oublier pour conclure les attaques plutôt que s’impliquer dans l’élaboration de celles-ci. Sans être une star dans ce domaine, il est toutefois capable de jouer en déviation dos au but pour offrir des espaces à ses partenaires plongeant de deuxième. Il préfère cependant laisser ce travail à d’autres.

Né en 1963, Etienne Delangre joua comme défenseur au Standard de 1981 à 1992 (267m en D1 et 6b, champion en 82 et 83). Ex-chargé de cours à l’Ecole du Heysel, il coacha de la P1 à la D1 (Charleroi).

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