» Piot, c’est un frère « 

Pierre Bilic

NÉ EN 1941, HEYLENS FUT UN EXCELLENT BACK DROIT (67X DIABLE ROUGE, ÉQUIPE D’EUROPE 65, MONDIAL 70 AU MEXIQUE, 7 TITRES ET 3 COUPES DE BELGIQUE AVEC ANDERLECHT). COACHA UNE DOUZAINE DE CLUBS (PASSA 5 ANS AU LOSC ET FUT COACH BELGE 1984 À SERAING)

 » Quel est le seul gardien de but des Diables Rouges qui a marqué un but en équipe nationale ? Rien que pour cela, il mériterait un monument. Ce héros s’appelle ChristianPiot. Le 26 janvier 1977, au Stade Olympique de Rome, il a transformé un penalty à la 83e du match amical Italie-Belgique (2-1). Il fêtait ainsi sa 39e et avant-dernière cap. J’ai joué avec de grands gardiens de but comme Jean Nicolay, Jean Trappeniers, Henri Meert et tant d’autres. Mais sans mettre leur talent en doute, si je devais désigner le meilleur, mon choix se porterait sur Piot. Il en fallait de la classe et du courage pour succéder à Nicolay au Standard. Piot y a remplacé cette légende pour en devenir une autre.

J’ai passé de grands moments avec lui en équipe nationale. Il nous est souvent arrivé de partager la même chambre. Nous y prolongions sagement nos parties de belote. Christian préparait attentivement ses matches et je ne l’ai jamais vu avec un verre de bière. Quand je prends connaissance des frasques des stars actuelles, je me dis que nous étions bien plus professionnels. Piot, c’est un frère pour moi. Lors de ses mises au vert, j’ai appris à bien connaître cet homme droit et gentil. Le 3 janvier 1973, à Wembley, il a fait partie de la Sélection européenne qui s’est mesurée à l’Angleterre pour célébrer l’entrée de ce pays dans le Marché commun (future Union européenne). Cela signifiait que Piot était le numéro 1 européen. D’autres que lui en parleraient tous les jours 40 ans plus tard.

Raymond Goethals adorait son style, sa présence, son audace, sa carrure et ses grosses pattes d’ancien apprenti boucher. Quand son gardien préféré était blessé, Goethals lui rendait visite à Banneux où il habitait. Mais Raymundo serait allé à pied à Compostelle ou à Fatima pour prendre des nouvelles de Piot. La vie ne lui a pas toujours souri. Blessé au genou, il a dû mettre un terme à sa carrière en 1978 à seulement 31 ans. Plus tard, il a dû faire sa mallette tous les jours de la semaine pour mériter sa croûte. Et c’est sans jamais se plaindre que ce colosse a bossé la nuit dans une boulangerie, livré du pain tôt le matin, travaillé dans des usines et des dépôts.

Il n’était pas trop fier pour tout reprendre à zéro et gagner sa vie avec ses mains tout en étant un magnifique entraîneur des gardiens. Il est vrai que Christian est né à Ougrée en 1947, a vécu et a joué entre les hauts-fourneaux où les ouvriers connaissent la valeur de l’effort. Et c’est en partie avec le courage de Piot que le Standard a gagné ses trois titres consécutifs en 1969, 70 et 71. « 

PIERRE BILIC

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