A seulement 26 ans, la carrière de cet attaquant a déjà connu de nombreuses péripéties. Le néo-Carolo a évoqué pour Sport/Foot Magazine son parcours chahuté.

Grand compositeur du XIXe siècle, Gioachino Rossini est passé à la postérité pour ses opéras à l’ouverture toujours si soignée. Né 200 ans plus tard, son homonyme Giuseppe est plutôt un spécialiste de la conclusion mais si le maestro italien a signé la majeure partie de ses £uvres en deux actes, la carrière de Pino en nécessite déjà au moins deux supplémentaires.

Acte 1 : l’étranger

 » Après Charleroi chez les jeunes, je suis passé à Mons. Un jour, on m’annonce que le club d’Utrecht veut me faire passer un test. J’ai pris ça comme une belle opportunité. J’ai arrêté l’école en 4e secondaire, alors aller jouer aux Pays-Bas à 17 ans c’était un rêve. Ça s’est bien passé et j’ai signé pour trois ans. Je ne parlais pas trop le néerlandais en arrivant mais j’ai suivi des cours avec un prof particulier et ça m’a beaucoup aidé. J’ai d’abord joué en équipe réserve puis Foeke Booy, l’actuel entraîneur du Cercle, m’a lancé en première.

Je n’étais pas titulaire mais je rentrais souvent au jeu et je sentais que je progressais, donc je l’acceptais.

A l’époque j’étais régulièrement sélectionné en U21 par Jean-François de Sart. On a même parlé de moi pour les Jeux olympiques mais je n’ai finalement pas été repris. Ça restera un regret car j’aurais adoré aller à Pékin mais je ne suis pas du genre à ressasser les échecs.

Au bout de trois ans aux Pays-Bas, il était temps de rentrer.

J’avais besoin de plus de temps de jeu et le championnat hollandais est quand même d’un niveau un peu plus élevé que le belge. « 

Acte 2 : retour en Belgique

 » J’avais plusieurs opportunités et j’ai finalement choisi Malines. Je savais que le club avait de très bons supporters et je voulais le découvrir. J’ y ai fait la connaissance de Peter Maes, un coach très dur, très direct. Quand il a quelque chose à te dire, il n’y va pas par quatre chemins. Il faut être fort mentalement pour le supporter. J’ai parfois eu du mal mais il fallait faire avec. C’est sa manière de fonctionner.

La première saison se passe plutôt bien. Je ne suis toujours pas indiscutable mais je marque 10 buts en un peu plus de 1000 minutes. Niveau efficacité c’était bon. 10 buts en une saison c’est mon record jusqu’à présent mais je suis certain qu’en jouant tous les matches je peux faire mieux.

L’année suivante est moins bonne. Je marque beaucoup moins, je suis encore moins souvent titulaire. Maes avait  » ses joueurs « . Il préférait mettre Aloys Nong et Björn Vleminckx devant. Je n’étais que le troisième choix et je me contentais de bouts de match.

Finalement je pars à Courtrai. La direction et Hein Vanhaezebrouck me voulaient. Le coach m’aimait bien, me faisait confiance à 100 %. J’étais enfin titulaire, je marquais, je donnais des assists. C’est sans doute ma meilleure saison en D1 jusqu’à maintenant.  »

Acte 3 : la galère

Après cette belle saison, Zulte-Waregem s’est manifesté. Le club est arrivé avec un projet, de nouveaux joueurs, un nouveau staff néerlandais : ça m’a séduit et j’ai saisi l’opportunité qui se présentait à moi. Je voyais ça comme une progression dans ma carrière. Malheureusement, les résultats n’ont pas suivi. On produisait un beau football avec énormément de pressing sur l’adversaire mais on n’arrivait pas à tenir un résultat et le club a vite plongé au classement. Je me suis blessé à la cheville et j’ai été deux mois sur la touche. Alors que je revenais dans le parcours, la direction a décidé de virer Darije Kaledzic et Franky Dury a fait son retour.

J’ai été convié au stage avec les autres et Dury m’a dit que mon retour serait une bonne chose, que ça allait renforcer la concurrence devant. Mais le 31 janvier, je reçois un coup de fil qui change tout. Mon manager me dit que la direction et Dury ont eu une réunion et que je n’entre pas dans ses plans. On trouve rapidement une solution et je suis prêté à Saint-Trond. Le soir même, je vais signer mon contrat. Je n’avais pas le choix : si j’étais resté je n’aurais pas joué une minute.

Dans le Limbourg, j’ai beaucoup joué mais les résultats étaient mauvais. Les Trudonnaires étaient derniers quand je suis arrivé et quand je suis parti, on était relégué. J’aurais aimé pouvoir faire plus pour ce club mais je ne pouvais pas les sauver à moi tout seul.

J’étais toujours sous contrat. La veille de la reprise à Zulte, je reçois un coup de fil de Dury en personne qui me dit que les entraînements reprennent mais que je peux rester chez moi. Je n’entre pas dans son système. Il ne veut pas de moi.

Ça a été une période très difficile. Tous les jours, j’allais courir au parc près de chez moi. Je n’ai jamais baissé les bras mais j’ai quand même connu des moments de doute. J’ai réalisé que dans le football, tout pouvait aller très vite, surtout dans le mauvais sens.

Acte 4 : la renaissance

J’ai eu quelques contacts avec d’autres clubs mais j’ai été très content quand le Sporting s’est signalé : c’est un club qui me tient à c£ur. Cela dit, quand j’ai quitté le club la première fois, je n’aurais jamais imaginé revenir ici un jour (il sourit).

J’ai été très bien accueilli ici, que ce soit par la direction, le staff ou les joueurs. Je connaissais déjà Hervé Kagé via Pelé Mboyo avec qui j’avais joué à Courtrai et aussi Onur Kaya des Pays-Bas. Il y a vraiment une bonne ambiance. Je pensais que ce serait plus compliqué entre nous avec toutes les nationalités différentes qui composent le groupe mais ça va, presque tout le monde parle français ou anglais.

J’ai beaucoup bossé avec le staff individuellement, car malgré mon travail j’avais manqué la préparation. Là je me sens à nouveau bien.

Yannick Ferrera c’est autre chose que Peter Maes. Il a un bon feeling avec le groupe. L’avantage de sa jeunesse sans doute mais ça n’empêche pas que ce soit le boss et qu’on l’écoute. On sent qu’on sait où il va.

Il m’a nommé capitaine. Je ne sais pas si Ederson récupérera le brassard quand il reviendra mais quoi qu’il en soit, c’est un beau gage de confiance. Ça me plaît d’avoir des responsabilités, un rôle de leader dans le groupe, taper du poing sur la table quand c’est nécessaire.

Mes buts contre le Lierse et Anderlecht m’ont vraiment fait plaisir. J’étais déjà heureux d’être de retour sur le terrain alors retrouver le chemin des filets ça a été un vrai soulagement.

Je ne me suis pas fixé d’objectif individuel, ce qui compte c’est le maintien. Pour l’instant, on a trois équipes derrière nous. On a un programme chargé qui nous attend avec Bruges, Courtrai et le Standard mais de toute façon il n’y aura aucun match facile. Il va falloir qu’on affiche une bonne mentalité, que tout le monde tire dans le même sens et je suis sûr qu’on peut y arriver.

Je ne pense pas encore au futur, on verra en fin de saison. J’ai un contrat jusqu’en juin et un an en option. On verra bien ce qu’il se passe mais je pourrais m’inscrire dans la durée ici, je me plais bien.

Après, bien sûr, j’ai des rêves : j’adorerais jouer en Italie. Ce qui serait génial c’est de défendre les couleurs de Bari, ma ville natale qui est actuellement en Serie B. C’est un rêve mais c’est réalisable. C’est pas Barcelone non plus !

PAR JULES MONNIER – PHOTO: IMAGEGLOBE

 » Je n’aurais jamais imaginé revenir à Charleroi un jour. « 

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