Pilotage automatique

La Coupe de Belgique 2002 est le premier trophée remporté par Charleroi depuis son accident de voiture en 1999.

La mise au point semble avoir porté ses fruits. Les Spirous sont apparus concentrés dès le coup d’envoi. Une défense agressive et la réussite insolente de Jacques Stas (auteur de 19 points avant la pause, dont 5/7 au-delà des 6m25) ont rapidement conduit Charleroi sur la voie du succès. De 19-6 à 31-17 pour atteindre 44-28 au repos; l’écart n’a cessé de grandir. A la reprise, David Desy n’a pas voulu demeurer en reste et y est allé à son tour de trois paniers à trois points. Au décompte final, cinq Spirous rentrèrent un bulletin paré de doubles chiffres: Jacques Stas (26 points), Louis Rowe (16), Ron Ellis (15), David Desy (13) et Roger Huggins (10).

« A la limite, je me demande si la défaite contre Liège n’a pas déclenché le sonnette d’alarme salutaire », s’interroge David Desy. « Après la nette victoire conquise en championnat à Wevelgem voici 15 jours à peine, on aurait pu craindre l’excès de confiance. Mais, après s’être fait rappelé à l’ordre en championnat, cette confiance n’était plus de mise. On a compris que, contre n’importe quel adversaire, il faudrait être concentré à 100% ».

Deux meneurs belges

Pour David Desy, cette victoire avait une saveur particulière. Si l’on excepte une Supercoupe plus anecdotique qu’officielle, cette Coupe de Belgique 2002 est le premier trophée remporté par Charleroi depuis l’accident de voiture dont avait été victime l’actuel capitaine de l’équipe en 1999. Y a-t-il une relation de cause à effet? Depuis cette nuit du 11 mai 1999, qui s’était tragiquement terminée après la conquête du titre de champion, on n’avait plus revu le vrai David Desy sur les parquets.

« La saison qui a suivi mon accident fut marquée par les opérations et la longue rééducation », se souvient-il. « Je n’ai réellement repris la compétition que la saison dernière. Il est clair qu’une année de quasi inactivité laisse des traces. J’étais progressivement revenu dans le coup et mes playoffs avaient été bons. Malheureusement, je me suis occasionné une déchirure musculaire en finale. Cette saison-ci, j’estime avoir retrouvé 95% de mes capacités physiques d’avant mon accident de voiture. Mais mon rôle a changé. Charleroi place la barre de ses ambitions un peu plus haut chaque année et je dois m’adapter aux besoins de l’équipe. Avec l’arrivée de plusieurs nouveaux joueurs au talent offensif indéniable, on m’a surtout confié un rôle de capitaine et d’organisateur. Je suis aussi, en principe, devenu le deuxième distributeur puisque Giovanni Bozzi a choisi de confier à Jacques Stas le rôle de meneur titulaire. Cela explique pourquoi, aux yeux de certaines personnes, je peux apparaître plus discret ».

Charleroi est l’une des dernières équipes belges à confier la distribution à deux joueurs belges. Face aux meneurs-dragsters venus d’outre-Atlantique, ils ne sont pas toujours à la fête et, parfois, des doigts accusateurs sont pointés vers ce secteur du jeu. Des rumeurs plus en plus insistantes font d’ailleurs état de la venue de JR. Holden, ou en tout cas d’un distributeur américain, pour la saison prochaine.

« Il est clair que le basket belge a évolué à ce niveau. Jacques Stas et moi, nous en sommes conscients. Mais accuser la distribution de tous les maux est injuste. N’oublions pas qu’avec cette même équipe, nous avons remporté 12 matches de championnat d’affilée. Notre premier tour fut exceptionnel et notre parcours en Euroligue fut conforme aux espérances. Ces dernières semaines, l’équipe a connu une baisse de régime, mais on ne peut pas être au top pendant 80 matches. Je voudrais aussi souligner qu’il y a deux ans, Limoges avait réalisé le triplé championnat-Coupe de France-Coupe Korac avec deux distributeurs français: Stéphane Dumas et Bruno Hamm. C’est la preuve que cette formule avec deux meneurs autochtones peut se révéler gagnante également. J’aimerais simplement retrouver, entre Jacques Stas et moi, la complicité qui existait autrefois. Parfois, il faudrait mieux redéfinir nos rôles respectifs en fonction de l’adversaire ».

Des semaines-tests

Lors des quatre titres consécutifs, entre 1996 et 1999, Charleroi avait souvent connu des débuts de saison laborieux mais était monté en puissance pour atteindre l’apogée de sa forme au moment des playoffs. Cette saison, on a l’impression que l’inverse se produit. Le Dream Team carolo avait trouvé son rythme de croisière très tôt dans la saison, mais semble s’essouffler en vue de la ligne d’arrivée. D’où les inquiétudes naissantes…

« Il n’y a rien d’inquiétant pour l’instant », estime David Desy. « Au départ de la saison, on s’était posé beaucoup de questions. On avait mis le doigt sur le manque d’équilibre de l’équipe et sur la présence d’un trop grand nombre d’individualités au tempérament parfois égoïste. Les doutes avaient été rapidement balayés. L’équipe avait trouvé sa cohésion pour les tours préliminaires de l’Euroligue, et en dehors du terrain, on s’entendait à merveille également. On parlait d’un nouvel état d’esprit, d’une combativité retrouvée. Tout cela ne peut pas avoir disparu ».

Sauf que, ces dernières semaines, les indivualités de Charleroi semblaient plus difficiles à gérer qu’il y a quelques mois. La source de motivation trouvée en début de saison dans l’Euroligue s’était tarie. Une décompression a suivi la fin de la campagne européenne. En août, Giovanni Bozzi avait clairement expliqué à ses stars qu’au Kinder Bologne, il y avait aussi dix internationaux qui acceptaient de jouer 20 minutes par match. Le message avait été reçu cinq sur cinq. Mais, si la nécessité de se fondre dans le collectif apparaît évidente aux yeux de tous lorsqu’on affronte Malaga ou Trévise, elle l’est moins lorsqu’on se retrouve face à Liège, Bree ou Tournai.

« En dehors du terrain, l’entente entre les joueurs est toujours restée très bonne », souligne David Desy. « C’est surtout sur le terrain qu’il fallait retrouver une plus grande solidarité. Ce fut le cas contre Wevelgem, reste à le confirmer lors des prochains matches. Les semaines qui viennent s’assimileront à un test. Lorsque tout coulait de source, en début de compétition, il suffisait presque d’enclencher la manette du pilotage automatique. C’est maintenant, lorsqu’il convient de se retrousser les manches et de mettre tous la main à la pâte pour redresser la trajectoire, que l’on verra ce que tout le monde a dans le ventre ».

Une première place remise en jeu

Pour les profanes, qui pourraient penser que la qualification pour les playoffs est de toute façon acquise et que les récents revers enregistrés en championnat ne prêteront pas à conséquence, mentionnons ceci: une deuxième place obligerait les Spirous à jouer, en finale des playoffs, trois matches à Ostende pour deux seulement à la Coupole. Ce qui rendrait forcément la conquête du titre nettement plus ardue.

« Ce qui est dur à se mettre en tête, c’est que nous avions conquis la première place de haute lutte au terme du premier tour et qu’on nous oblige à la remettre en jeu à l’occasion de ce deuxième tour que beaucoup jugeaient superflu mais qui est en train de tourner à la catastrophe pour nous. Cela dit, cela démontre aussi que malgré la cote de super favoris que d’aucuns nous avaient attribuée, un titre se gagne toujours sur le terrain ».

Daniel Devos,

« J’aimerais retrouver, entre Jacques Stas et moi, la complicité qui existait autrefois »

« Cette saison, j’ai récupéré 95% de mes capacités physiques »

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