PIGEON VOYAGEUR

L’arrière gauche des Hurlus, formé à Saint-Etienne puis à Arsenal, a inauguré l’ère Jean-Marc Guillou à Beveren.

La saison dernière, DavidGrondin (26 ans) était en balance – plutôt défavorable – avec SuadFilekovic. Sur un plan personnel, il a gagné la bataille puisque le contrat du défenseur slovène a été cassé et que lui-même est devenu l’arrière gauche titulaire, avec le jeune RomainHaghedooren comme substitut.

 » En fait, je n’avais pas été engagé pour jouer arrière gauche alors que, pourtant, j’ai été formé à ce poste « , précise-t-il.  » J’étais prévu pour jouer en milieu de terrain. Mais le courant ne passait pas trop avec GeertBroeckaert, l’entraîneur de l’époque, et je me suis retrouvé sur le banc plus souvent qu’à mon tour. Le changement d’entraîneur a marqué, pour moi, le début du renouveau : j’ai joué tout le deuxième tour et, cette saison, je continue sur ma lancée. J’ai la confiance de GilVandenbrouck et je suis aussi récompensé pour tout le travail que j’ai effectué derrière. Car, même lorsque je ne jouais pas, j’ai continué à travailler sans broncher « .

La Rolls-Royce des entraîneurs

Grondin n’est pas le footballeur le plus médiatisé du championnat. Pourtant, il a fréquenté de beaux clubs durant sa carrière : St-Etienne, où il a été formé ; Arsenal, à qui il appartenait encore jusqu’en 2003 ; et… Beveren, où il fut l’un des premiers implants de JeanMarcGuillou.

 » Je suis né en région parisienne, mais mon père est originaire de la Réunion. Comme… tous les Grondin ! C’est un nom très répandu là-bas, presque aussi répandu que Dupont en Métropole. ChristopheGrondin, mon homonyme du Cercle Bruges, et WillyGrondin, le gardien de Valenciennes, ont également des origines réunionnaises. A 15 ans, je suis parti au centre de formation de St-Etienne. J’y ai fait partie d’un très bon groupe, avec lequel j’ai été deux fois d’affilée champion de France des -17 ans. J’ai aussi gagné la Coupe Gambardella, la Coupe de France des Juniors. Parmi mes coéquipiers de l’époque, il y avait JulienSablé, JérémieJanot et ZoumanaCamara, qui jouent toujours à St-Etienne, ou encore SylvainArmand qui joue désormais au PSG. Je n’étais pas né lors de l’épopée des Verts dans les années 70, mais en arrivant, on nous montre d’emblée des cassettes qui nous familiarisent avec le passé glorieux du club. L’ASSE m’a fait rêver et me fait toujours rêver. Je retourne parfois à St-Etienne pour voir ma belle-famille, car j’ai aussi eu la chance de rencontrer mon épouse là-bas. Le public de Geoffroy-Guichard est demeuré très fidèle, et si l’équipe pouvait un jour rejouer les premiers rôles, ce serait fabuleux. Sait-on jamais ? Il faudra peut-être encore dix ans, mais je suis certain qu’un jour, le chaudron vert bouillonnera à nouveau car les clubs mythiques ne meurent jamais « .

A 18 ans, Grondin quitta pourtant le chaudron vert pour rallier Arsenal.  » A l’appel d’ ArsèneWenger, la… Rolls-Royce des entraîneurs. J’avais été repéré grâce aux bons résultats des équipes de jeunes de St-Etienne et à mes apparitions en équipe de France des -17 ans. Je suis parti en Angleterre, essentiellement pour continuer ma formation, et ce fut une belle expérience car j’ai pu m’entraîner avec l’équipe Première. Je retiens surtout le professionnalisme de ce club. St-Etienne, c’était déjà une grosse machine, Arsenal, c’est encore un autre niveau. Tout était réglé comme du papier à musique. Je retiens aussi la passion phénoménale des Anglais pour le football. Et puis, des moments forts comme la fréquentation des vedettes du club. Je suis arrivé en 1998, après avoir regardé la Coupe du Monde à la télé, puis du jour au lendemain, je me suis retrouvé au milieu de certains acteurs de cette Coupe du Monde. ThierryHenry n’était pas encore à Arsenal, mais j’ai côtoyé des garçons comme DennisBergkamp, MarcOvermars, EmmanuëlPetit et NicolasAnelka. Ce dernier me véhiculait d’ailleurs régulièrement jusqu’au centre d’entraînement, car je n’avais pas encore de permis de conduire. J’ai pu jouer quelques matches avec l’équipe Première, notamment contre Liverpool et Chelsea, ce qui n’est pas rien. Et même un match de Ligue des Champions au Panathinaikos. J’ai fait partie de la première génération de jeunes joueurs recrutés par Wenger pour être formés et lancés plus tard en équipe Première. A l’époque, il y avait beaucoup de jeunes Français. Aujourd’hui, ce sont plutôt de jeunes Espagnols, comme CescFabregas ou JoséAntonioReyes. Sans doute parce que l’Espagne possède désormais les meilleurs jeunes d’Europe « .

Grondin n’allait pourtant pas faire de vieux os en Angleterre.  » L’année suivante, St-Etienne est remonté en Ligue 1 et a souhaité que je revienne. Arsenal m’a alors prêté à mon club formateur, mais cela ne s’est pas bien passé du tout. Je n’ai joué aucun match avec l’équipe Première ! Car, si le courant n’est pas trop bien passé avec Broeckaert la saison dernière, c’était encore pire avec RobertNouzaret, l’entraîneur des Verts à l’époque. J’étais jeune, je n’avais que 19 ans et ce n’était pas facile pour moi, mais je me suis servi de toutes ces expériences pour acquérir davantage de maturité « .

Marre d’être prêté

Toujours sous contrat avec Arsenal, Grondin allait encore être prêté les deux saisons suivantes : d’abord à Cannes, en Ligue 2, où il fit une saison pleine, puis à Beveren.  » Au début, je n’étais pas très chaud à l’idée de rejoindre le Freethiel, car je ne connaissais rien du championnat de Belgique et j’avais certains préjugés défavorables. Mais, finalement, cela s’est très bien passé et je garde de très bons souvenirs de mon séjour là-bas. C’était l’année où JeanMarcGuillou a commencé à prendre le pouvoir à Beveren et j’ai été le premier joueur d’Arsenal prêté au club waeslandien. Les premiers Ivoiriens sont également arrivés cette année-là : GillesYapiYapo, Zezeto, Arsène, YayaTouré et JossePéhé. Le football belge m’a plu. Les gens sont passionnés. Et puis, jouer contre des clubs comme Anderlecht, le Standard ou Bruges, c’est plutôt sympa. Je retourne toujours avec plaisir à Beveren où je suis généralement bien accueilli, même si je n’y ai passé qu’une saison « .

Après cette saison en Belgique, ce fut une nouvelle fois le retour à Arsenal.  » J’y suis resté six mois, puis je suis parti dans un club écossais de D1 : Dunfermline. J’étais encore lié à Arsenal pour deux ans, mais un accord a été trouvé pour casser le contrat. Le fait d’appartenir au club anglais me bouchait certaines opportunités et je n’avais plus envie d’être continuellement prêté à gauche et à droite. Après un an et demi en Ecosse, je suis rentré en France : à Brest, en Ligue 2. Je pensais y avoir enfin trouvé la stabilité, jusqu’au jour où Mouscron est venu aux nouvelles par l’intermédiaire de RolandLouf. Il me suivait déjà à l’époque où il était le manager de La Louvière. Lorsqu’il est parti à Mouscron, il m’a re-contacté lors du mercato hivernal, mais il me restait un an et demi de contrat à Brest. En fin de saison, les deux clubs ont trouvé un arrangement, et voilà. J’étais enchanté à l’idée de revenir en Belgique, car la saison à Beveren m’avait laissé un excellent souvenir « .

Beveren, où l’Excel se rend samedi.  » Cela reste un match particulier pour moi. L’équipe a changé, mais je connais encore beaucoup de monde au Freethiel. Le club a un peu changé son fusil d’épaule, en réintroduisant des joueurs belges. Est-ce un bien, est-ce un mal ? L’avenir nous l’apprendra. A mon époque, avec un mix de joueurs belges et ivoiriens, on avait vécu une saison difficile. On avait dû lutter contre la relégation et on avait assisté à la valse des entraîneurs : EmilioFerrera, RégisLaguesse, ThierryPister… Plus tard, avec une équipe 100 % ivoirienne, Beveren a joué la Coupe d’Europe. Alors, pour cette saison-ci, c’est un peu l’expectative. Mais je souhaite bonne chance à mon ami DavyTheunis, que j’avais côtoyé jadis et qui est revenu dans le club « .

Ne pas imiter La Louvière

Grondin, après une première saison en demi-teinte au Canonnier, a réussi à s’imposer dans le 11 de l’Excel. Grâce à quelles qualités ?  » C’est à l’entraîneur qu’il faudrait le demander. Mais je pense avoir différents atouts : je suis un défenseur qui aime bien participer au jeu ; je suis assez endurant, ce qui me permet d’arpenter mon flanc sans relâche ; et mon pied gauche n’est pas mauvais. Je peux adresser de bons centres et, lorsque l’occasion se présente, tenter ma chance au but. La saison dernière, j’avais frappé la barre, mais je n’ai pas encore réussi à trouver le chemin des filets dans ce championnat « .

Ce qui a changé dans l’équipe par rapport à la saison dernière ?  » Déjà, on se connaît mieux, puisque la plupart d’entre nous étions arrivés la saison dernière. L’entraîneur nous connaît mieux également. Et puis, on est un peu moins nombreux dans le groupe. Cela a permis de mieux travailler. La préparation a été très bonne et cela s’est vu à notre début de saison. La saison dernière, on était une bonne dizaine de nouveaux joueurs. Beaucoup ne savaient pas trop à quoi ils pouvaient s’attendre dans le championnat de Belgique. A l’entraînement, on était 25 ou 26. Dont certains ne se sentaient pas concernés, car ils savaient que leurs chances de jouer étaient minces. Après quelques semaines, on a appris que l’entraîneur n’avait pas souhaité la venue de certains d’entre nous. Ce n’était pas très agréable. Cette fois, on a gardé l’ossature de la saison dernière et le groupe a été complété par quelques jeunes joueurs très motivés. La sauce a pris. Certes, un groupe restreint constitue une arme à double tranchant, car on pourrait rencontrer des problèmes en cas de blessures et de suspensions, mais il faudrait vraiment une hécatombe pour se retrouver dans l’impasse. Car les jeunes du Futurosport ont des qualités et d’autres joueurs du groupe peuvent apporter des solutions grâce à leur polyvalence « .

Pour la première fois de sa carrière, Grondin s’apprête à disputer deux saisons d’affilée dans un même club pro. Mais après ?  » Je suis l’un des nombreux joueurs qui arrivent en fin de contrat : en 2005, la plupart des nouveaux arrivés avaient signé pour deux ans « .

Il lui appartient donc de défendre sa cause s’il souhaite prolonger. Ce qu’il espère de cette saison ?  » Qu’on fasse un beau parcours en championnat. C’est sûr, on ne gagnera pas les 34 matches, mais j’espère qu’on terminera le plus haut possible. J’espère aussi que l’équipe ne sera pas décimée au mercato, car de bonnes prestations engendrent la convoitise d’autres clubs. On sait ce qu’il est advenu de La Louvière, qui avait vendu ses meilleurs joueurs à mi-championnat parce que les caisses étaient vides et que l’équipe avait engrangé suffisamment de points au premier tour pour vivre une fin de compétition tranquille. Donc, même si un transfert dans un club plus huppé peut être valorisant pour le joueur lui-même, j’espère que Mouscron ne suivra pas cet exemple « .

DANIEL DEVOS

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