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Philippe Saint-Jean

Philippe Saint-Jean estime qu’on n’a plus sa place comme entraîneur principal à 66 ans. Mais il le fait. L’espace de quelques semaines, pour dépanner Mouscron pendant l’absence de Bernd Hollerbach. Il combine avec sa fonction de responsable du Futurosport.

1 Quand tu as été présenté, tu as dit que tu voulais voir des joueurs motivés. Ça a marché dans les deux premiers matches, beaucoup moins dans celui contre le Cercle, le week-end dernier. C’était quoi le problème ?

Je ne suis pas d’accord : ils étaient archi-motivés contre le Cercle. Je n’ai aucun reproche à leur faire à ce niveau-là. Notre gros problème, c’est qu’on n’avait pas de vrai attaquant parce qu’ils sont tous blessés. On n’est jamais arrivés à garder le ballon devant, il revenait toujours, on a été acculés pendant tout le match, on n’a jamais eu la maîtrise. Et le Cercle a sorti une grosse prestation. À rien près, ça se finissait sur un 0-0 et ça aurait été un miracle pour nous, un point volé. On n’a pas fait une construction valable, j’avoue que c’était malheureux pour les spectateurs.

2 On avait l’impression que le Cercle jouait à domicile alors que c’était au Canonnier. Ce n’est pas normal !

Je t’avoue que j’avais l’impression que mon équipe jouait en déplacement ! Pour moi, ce n’est pas un souci. Pour les joueurs, c’est sans doute plus embêtant. Le Cercle avait déplacé pas mal de monde parce qu’ils croient à fond au projet du sauvetage. Chez nous, ça continue à ne pas accrocher. L’explication, c’est qu’il n’y a pas de gars de la région dans l’équipe. Je suis persuadé que c’est la première raison du manque d’intérêt. J’ai connu un Canonnier bien rempli. Il y a eu ça pendant la grande période après la première accession en D1, mais aussi à d’autres moments. En D4 et en D3, on attirait du monde alors que c’étaient les divisions inférieures et en plus il y avait eu un changement de nom, c’était le RMP. Mais on avait des gars du coin dans l’équipe. On avait déplacé 2.000 supporters à La Louvière, on avait joué le dernier match de la saison chez nous devant 7.000 personnes. On avait parfois plus de monde en déplacement qu’aujourd’hui à domicile.

3 À ta présentation, tu as aussi dit que ce n’était pas par gaieté de coeur que tu acceptais de reprendre l’équipe. C’est si pénible comme fonction ? Tu es sûr que cette expérience ne va pas te redonner envie d’être entraîneur principal à plus long terme ?

Je vais avoir 66 ans, ce n’est plus un âge pour faire ce boulot. Quand des joueurs foncent sur moi à l’entraînement, je ne suis plus assez mobile pour me retirer à temps… J’avais carrément pris mes distances avec le foot, j’ai rédigé un livre sur l’importance du mental, j’ai adoré faire ça. Il n’est pas encore sorti mais il est déjà fort demandé. Je donne 40 clés pour gérer les problèmes et construire le succès, j’applique ça, je conseille ça à des entraîneurs et ça marche très bien. Si j’ai repris du service comme T1, c’est parce que le club m’a convaincu que c’était une bonne solution temporaire et parce que je suis super bien entouré. Sans ça, c’était impossible. J’ai des journées de fou avec mes deux boulots, je suis épuisé.

4 Tu as des contacts à quelle fréquence avec Bernd Hollerbach ?

On a très peu de contacts. Il me laisse faire, c’était prévu dès le départ, on m’a donné carte blanche. Mais, quelque part, je tiens aussi compte de lui. Parce qu’il est encore sous contrat la saison prochaine, alors c’est important que je perpétue sa vision. Parfois, quand quelque chose ne me plaît pas ou après une défaite, j’aurais envie de changer certaines choses, mais je ne dois pas le faire si ça va à l’encontre de la philosophie que Hollerbach a mise en place. Je suis sur le banc pour le club, pas pour moi.

5 Il y a des futurs Jonathan Blondel au Futurosport ?

Ça va venir, au compte-gouttes. Il y a un joueur du Futuro cette saison dans le noyau pro, Mathéo Vroman. Malheureusement, il s’est gravement blessé. Sans ça, il aurait déjà joué. Il y a un autre jeune qui n’est pas loin de l’équipe, William Simba. Il va probablement jouer quelques matches cette saison. On pourrait en avoir deux ou trois qui montent l’année prochaine, encore trois l’année suivante. Il y aura une dizaine de joueurs du Futuro dans le noyau pro, dans quatre ans. À terme, il y aura une forte coloration Futurosport, ça j’en suis tout à fait sûr.

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