Philippe Mexès

Voici pourquoi le défenseur des Bleus et de la Roma est à l’aube de la vraie consécration. A 29 ans, il est temps !

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Philippe Mexès, avec son mètre 87 et ses 82 kilos, présente un physique presque idéal pour évoluer en défense centrale. Il est très solide dans les duels et, quand il doit mettre le pied sur le ballon pour l’arracher des pieds de l’adversaire, il agit en vrai conquérant. Il utilise très bien les bras et ses charges, épaule contre épaule, lui permettent de lutter sans problème avec les attaquants les plus robustes.

Pour un défenseur axial, le natif de Toulouse possède des qualités techniques au-dessus de la moyenne. Il est très calme face au pressing adverse et ses contrôles de balle sont très propres. Il est aussi le premier relanceur et il se rend toujours disponible pour participer à la construction. Ses amorties, que ce soit du pied, de la cuisse ou de la poitrine, démontrent à tout moment une grande maîtrise technique.

Le jeu de tête fait également partie des grandes qualités du joueur de la Roma. Sur les longs ballons aériens en profondeur et sur les centres vers le deuxième poteau, il prend généralement le dessus, même sur les attaquants les plus athlétiques. Il s’appuie sur une bonne détente et sur un excellent timing pour régner en maître dans les airs. Qui plus est, c’est un malin qui utilise la petite poussée avant que le ballon n’arrive dans sa zone, comportement illicite qui échappe souvent à l’arbitre. Il possède aussi un très bon jeu de tête offensif.

L’ancien joueur d’Auxerre est très fort dans l’anticipation. Non seulement, cela lui permet de passer devant son adversaire direct sur tous les ballons venant des flancs, mais il peut, en plus, annihiler le décrochage de l’attaquant en s’emparant du cuir avant lui. Il peut ainsi se transformer en premier contre-attaquant.

Son pied gauche ne lui posant aucun problème dans tous les gestes simples, il peut évoluer avec le même bonheur aux deux postes centraux de la défense. En tant que droitier, il est peut-être même plus à l’aise comme défenseur axial gauche. Il peut alors défendre vers l’intérieur sur les ballons venant du flanc gauche mais il peut aussi contrer un opposant qui rentre dans le jeu et se présente donc sur son meilleur côté.

Tactiquement, il lit remarquablement le jeu. Il est rarement pris en défaut par rapport à l’alignement du 4/arrière. Il couvre aussi bien vers le centre que vers les flancs et sent très bien le comportement de son adversaire direct. Ce qui lui permet d’intervenir dans les situations les plus délicates. En possession de balle, sa vision du jeu lui permet de trouver l’intervalle avec bonheur.

Dans le foot actuel, peu de joueurs évoluant en défense centrale viennent faire le surnombre dans l’échelon médian. A ce niveau, il est une exception, lui qui, avec ou sans ballon, s’intègre dans la moitié adverse, allant même jusqu’au bout de ses actions en se présentant dans les 16 mètres adverses. De plus, il monte sur chaque phase arrêtée. Tous ces paramètres font qu’il a inscrit plus de 20 buts en pros, total appréciable pour un défenseur.

A bientôt 29 ans, il présente une grande expérience du football pro. Ayant débuté à 17 ans sous Guy Roux, il dépasse déjà les 400 apparitions que ce soit en championnat, en coupes d’Europe ou en sélection.

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Bien que sa puissance lui permette d’atteindre une bonne vitesse de course, il manque un petit peu de vivacité sur les premiers mètres et quand il doit se retourner pour défendre dans son dos. Cela se remarque quand il doit affronter des petits gabarits très véloces. Sa taille le handicape quelque peu à ce niveau mais il masque bien ce défaut grâce à son placement et son sens aiguisé de l’anticipation.

Le joueur d’origine portugaise est quelqu’un qui aime défendre vers l’avant. Cette grande qualité risque de se muer en défaut en certaines circonstances. Quand il se fait embarquer par un faux décrochage de son opposant direct, il peut être surpris par un contre-appel en profondeur ou par la plongée d’un autre joueur. L’espace laissé libre derrière lui constitue alors un danger pour son équipe.

Bien que son tackle côté droit soit excellent, il manque de technique quand il glisse sur la gauche. Sa jambe droite se révèle être un obstacle et il réalise parfois une double touche (pied gauche-pied droit) comme cela est arrivé dans son propre rectangle mercredi dernier contre le Brésil. Heureusement, avec un corner comme seule conséquence.

Le numéro 5 de la Roma montre parfois des signes de déconcentration, même si cela ne s’est pas remarqué face à la Seleçao. Il a aussi parfois tendance à verser dans la suffisance, trop sûr de ses qualités techniques. Ces petits errements font qu’il n’est jamais à l’abri d’une erreur qui, à son poste, se paye cash. Cela s’est déjà vérifié dans le passé.

Malgré son expérience, il doit canaliser son impulsivité. Cette agressivité parfois mal placée lui a déjà coûté des exclusions et des penalties. Il doit apprendre à maîtriser ses nerfs surtout quand il est provoqué par son adversaire. En-dehors du terrain, il a aussi un caractère fort, lui qui avait dû passer par les tribunaux pour son passage de Bourgogne en Italie. Cela dit, il reste quelqu’un de fidèle car il n’a connu que deux clubs depuis ses débuts pros en 1999.

Le joueur de Claudio Ranieri ne possède pas un bon tir au but. Il est capable de donner des passes bien appuyées et de donner de très longues ouvertures mais en position de tir, quand il doit mettre des ballons tendus avec beaucoup de puissance, cela manque de netteté, surtout du pied gauche.

Il doit encore s’imposer en équipe nationale. A l’approche des grands rendez-vous (Euro 2004 et 2008, Coupe du Monde 2006 et 2010), s’est vu exclure à chaque fois de la sélection définitive. Il doit confirmer ses bons matches sous Laurent Blanc pour espérer vivre un top événement de l’intérieur, en Pologne et en Ukraine.

En ne pouvant évoluer que comme défenseur axial (et comme demi récupérateur ?), il manque de polyvalence, certainement pour un joueur à tempérament défensif. A certains moments de sa carrière, il a dû faire face à une concurrence en défense centrale qui l’a relégué sur le banc.

NÉ EN 1963, ÉTIENNE DELANGRE JOUA COMME DÉFENSEUR AU STANDARD DE 1981 À 1992 (267M EN D1 ET 6B, CHAMPION EN 82 ET 83). EX-CHARGÉ DE COURS À L’ÉCOLE DU HEYSEL, IL COACHA DE LA P1 À LA D1 (CHARLEROI).

PAR ÉTIENNE DELANGRE

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