Peut-on encore croire en ce Standard ?

Tableau noir : le Standard n’est que de justesse dans le Top 6 avec moins d’une victoire tous les deux matches et une différence de buts à peine positive. Et si Genk, aujourd’hui septième, gagne son match en retard, il éjectera les Rouches.

Tableau blanc : la troisième place n’est qu’à un point, et si Bruges en a onze d’avance, ça n’en fait jamais que six après la division par deux, donc deux victoires. Anderlecht est encore moins éloigné.

Que peut-on encore attendre de ce Standard d’ici la fin du championnat ? Peut-on encore croire en cette équipe ? Des anciens posent le débat.

Edmilson

 » Si la mentalité ne change pas radicalement, le Standard va à la catastrophe. Je ne vais pas beaucoup à Sclessin cette saison, je suis trop déçu quand je vois ce spectacle de joueurs qui ne se battent plus et qui s’engueulent. Quand j’y étais, on ressentait une pression terrible lors de chaque match à domicile, on se sentait obligés d’aller au bout de nos forces. Ça a disparu. Et c’est d’autant plus impardonnable que cette équipe a prouvé dans des gros matches en déplacement qu’elle avait du coffre. Cette différence de niveau entre les rendez-vous à Sclessin et les matches à l’extérieur est pour moi le grand paradoxe de la saison du Standard. Maintenant, on ne peut pas non plus demander à cette équipe de lutter pour le titre. Jelle Van Damme dit qu’elle n’est pas assez compétitive. Il a raison. A part Adrien Trébel, tous les transferts sont ratés. Avec le groupe actuel, ça va être difficile de finir à un bon classement. Il faudrait compter sur des renforts de janvier mais c’est tellement rare que des joueurs arrivés en pleine saison fassent directement la différence.  »

Didier Ernst

 » Les matches à domicile seront la clé de la suite de la saison. C’est bien d’être allé gagner à Anderlecht, à Genk, à Gand, maintenant il faudra battre des équipes comme Mouscron, Waasland et le Cercle à Sclessin. Tous les adversaires doivent avoir à nouveau peur d’y aller. Cette saison, je vois des joueurs qui paniquent quand ils jouent à domicile. Le public siffle dès que ça ne tourne pas et ils perdent leurs moyens. S’ils jouent les PO2, ça va bien siffler, ça c’est sûr ! Le Standard doit être capable de faire exploser son adversaire dans les 20 premières minutes, de se mettre vite à l’abri. Les joueurs doivent s’arracher, arrêter de se cacher. Depuis le début du championnat, il n’y a eu que quatre joueurs à niveau sur la durée : Laurent Ciman, Adrien Trébel, Igor de Camargo et Paul-José Mpoku. Même quand ils sont un peu moins bons, ils se défoncent. Tous les autres se dissimulent. Autre problème : à cause du manque de concurrence, trop de gars sont sûrs de leur place. Ce n’est pas en mettant subitement plusieurs jeunes dans le noyau qu’on peut leur faire peur. Il suffit que les aînés se tiennent la main et c’est facile de boycotter les gamins, aussi bien aux entraînements qu’aux matches. On ne leur donne pas le ballon et c’est réglé. Mais la qualité est là. Pas suffisante pour rivaliser avec Bruges et Anderlecht, mais ce Standard peut viser la troisième place s’il y a une reprise en mains collective.  »

Benoît Thans

 » Je n’ai pas encore vu un Standard dominant cette année. C’est une équipe qui préfère subir et sortir. Sa victoire à Anderlecht, par exemple, s’explique par ce style de jeu. C’est une question d’aptitudes. Mais je constate un manque de qualité qui fait que le Standard est incapable de faire le jeu, alors ça coince contre des adversaires plus faibles. Le noyau manque d’équilibre. On a fait venir Adrien Trébel, Ricardo Faty et Eyong Enoh alors qu’il y avait déjà Julien de Sart et François Marquet. Devant, Igor de Camargo fait une bonne saison mais il n’a plus 20 ans et, surtout, il est trop seul. Le Standard ne peut compter que sur lui alors que Bruges cherche encore un bon attaquant quand il a déjà Tom De Sutter et Nicolas Castillo, par exemple. Pour la place dans le but, il y a deux gardiens normaux mais pas un qui gagne des points comme Eiji Kawashima le faisait la saison dernière. Ma conclusion, c’est qu’il faut transférer rapidement. Un joueur par ligne, et il ne faut pas se tromper. Pour ça, Roland Duchâtelet doit donner un vrai pouvoir à AxelLawarée. C’est le moment parce que le Standard a une chance inespérée : après un premier tour aussi chaotique, il peut toujours viser le titre. Si les play-offs commençaient maintenant, avec la division par deux, tout serait encore possible. Cette formule de grand n’importe quoi permet au Standard de pouvoir toujours rêver.  »

Thierry Pister

 » Le gros problème, c’est l’incapacité à supporter la pression. Quand le Standard va à Anderlecht ou à Gand, les joueurs montent sur le terrain en se disant qu’ils n’ont rien à perdre. Quand ils affrontent Ostende à Sclessin, ils sont conscients qu’ils doivent gagner, et si ça ne tourne pas dès les premières minutes, s’ils encaissent, ils se crispent et ça se finit mal. On l’a vu dans plusieurs matches. J’ai l’impression que cette équipe est trop jeune pour gérer la pression et les critiques. Si elle ne prend pas au moins six ou sept points dans ses trois prochains matches, cette pression ne fera qu’augmenter, et alors, je crains le pire pour la suite et je la vois mal se qualifier pour les play-offs. On peut effectivement se rassurer en voyant que la troisième place n’est qu’à un point, mais il faut aussi voir les dangers : Bruges et Anderlecht vont se battre pour le titre, Genk et Gand se qualifieront, Lokeren est habitué à faire partie du Top 6, il faut aussi tenir compte de Courtrai et de Charleroi, et même Ostende n’est pas loin. Ça fait neuf candidats pour six places et le Standard n’a certainement pas les meilleures cartes.  »

Michel Renquin

 » Si cette équipe décide de ne jouer que sur son talent, comme elle l’a fait dans pas mal de matches, elle ne peut plus rien espérer. Elle n’est même pas sûre de participer aux play-offs 1. L’année dernière, le Standard était le meilleur en Belgique et il devait être champion. Il avait Kanu, William Vainqueur, Michy Batshuayi, Imoh Ezekiel. Aujourd’hui, je vois des transferts qui ont le niveau pour jouer dans n’importe quel club belge mais pas à Anderlecht, à Bruges ou au Standard. Ce sont des bons joueurs, ils pourraient faire quelque chose avec Courtrai, Gand ou Genk, mais ils sont trop justes pour le top. Ou alors, je me trompe sur eux, ils en ont plus dans le ventre et ils ne sont pas encore parvenus à le montrer parce qu’ils sont crispés ou frustrés. Toute l’équipe doit montrer une autre mentalité dans les neuf derniers matches de la phase classique, Jelle Van Damme et Laurent Ciman l’ont bien résumé. Si elle ne le fait pas, si le Standard continue à jouer avec des gars qui font les malins, ça ne se passera pas bien.  »

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTOS: BELGAIMAGE

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