Peuchère, quel gardien !

Les Zèbres peuvent enfin tabler sur un portier fiable pour sauver leur saison.

Pour qu’une équipe tienne la route au plus haut niveau, l’une des conditions requises, c’est qu’elle dispose d’un bon gardien. Aussi longtemps que Bertrand Laquait défendait ses buts, Charleroi répondait à cette exigence. Il a suffi qu’il choisisse de monnayer son talent à Evian Thonon Gaillard, au cours de l’été 2009, pour que le Sporting se retrouve démuni à ce poste. Car de Sébastien Chabbert à Nicola Hatefi en passant par Cyprien Baguette, Kevin Dewolf et Damien Lahaye, aucun portier n’a répondu à l’attente. Ce vide devrait être comblé suite à l’arrivée du Français Rudy Riou (31 ans) excédentaire à l’Olympique Marseille où il était numéro 3 derrière Steve Mandanda et Elinton Andrade. Depuis que le natif de Béziers a pris place entre les perches au Mambourg, Charleroi se porte nettement mieux : deux buts concédés seulement en l’espace de quatre matches (0-0 contre le FC Malines, 1-0 au Lierse, 2-0 face à Zulte Waregem et 1-1 à Lokeren) qui ont permis aux hommes de Csaba Laszlo de signer un 5 sur 12 (indépendamment de la victoire en match d’alignement devant le Germinal Beerschot, battu 2-0 mais avec Baguette au goal). De quoi recoller au Lierse et reprendre espoir dans la lutte pour le maintien.

La plus-value du nouveau venu, c’est son vécu appréciable, avec pas moins de 147 matches à son compteur en Ligue 1 (dont 116 à Montpellier de 1999 à 2004) alors que Baguette, le plus expérimenté de la jeune classe zébrée, n’affichait qu’un total de 17 rencontres au moment d’aborder la campagne actuelle. Et, ce qui ne gâte rien, Riou a été exposé aussi à toutes les situations : l’atmosphère d’un grand club à l’OM (2008 à 2010, une seule apparition), le subtop français à Toulouse (2007, 4 matches) et la tension liée à la lutte pour le maintien avec Istres et Montpellier.

S’il a aussi connu les affres de deux relégations (avec Montpellier en 2000 et Istres en 2005), l’homme a cependant eu la joie de savourer un titre en Ligue 2 (avec Montpellier en 2001) et un sacre (sans jouer) avec l’OM en fin de saison dernière.

Merveille de la Côte Vermeille

Biterrois bon teint, c’est un peu plus loin sur la Côte Vermeille, à Agde, que Riou débute au football. Après sept années chez les jeunes, il est repéré par des scouts de Montpellier et intègre le centre de formation de la Paillade.  » C’est la petite merveille de la Côte Vermeille « , s’exclame à son propos le truculent président du MHSC, Louis Nicollin. Dans ce club réputé pour le bon écolage de ses jeunes, il est admis chez les pros après deux ans. A 19 ans à peine, il effectue ses débuts au plus haut niveau par une victoire 2-1 face à l’Olympique Lyonnais. Malgré la concurrence du tout aussi jeune Rémi Vercoutre et de l’ancien Stéphane Cassard, l’entraîneur Michel Mézy lui maintient sa confiance, même si le club file du mauvais coton en championnat. Finalement, c’est la poisse qui a raison de lui, cette année-là, sous la forme d’une grave blessure à la jambe suite à un choc avec son coéquipier camerounais Marcel Mahoué. Du coup, c’est Cassard qui termine la saison avant d’être cédé sur base locative à Créteil.

Rétabli au départ de 2000-01 dans l’antichambre de l’élite française, Riou retrouve sa place au sein d’une phalange qui a belle allure. C’est que Nicollin ne veut pas faire de la figuration et concocte une équipe des plus compétitives. Devant l’ultime rempart se dresse une ligne défensive composée de deux internationaux : le Lion Indomptable Bill Tchato ainsi que le futur Bleu Frank Silvestre et l’ex-Parisien, Francis Llacer. Il n’en faut pas plus pour que le séjour en Ligue 2 se limite à sa plus simple expression. Jusqu’en 2004, Riou est alors l’indéfectible numéro 1 de Montpellier.

Directement capitaine

Promu en Ligue 1 cette année-là, le FC Istres a besoin d’un portier fiable et songe dès lors à lui. Si le club ne fait guère sensation à ce niveau, il n’y a rien à reprocher à Riou, qui accumule les performances irréprochables. Au point de susciter l’admiration de son coach, Mehmet Bazdarevic.  » Il est tout simplement supérieur à Vedran Runje  » s’exclame-t-il à l’époque. A l’instar de l’ancien Standardman, Riou aboutit sur la Canebière après un crochet d’un an par Toulouse en 2007-08. Mais lassé d’y vivre dans l’ombre, il obtient son prêt à Charleroi lors du récent mercato.

Après une semaine d’entraînement à peine, le coach hongrois des Zèbres est fixé : à choisir entre Ederson Tormena ou lui comme capitaine, il jette son dévolu sur le Français. Après un mois de vie commune, Riou fait déjà l’unanimité au boulevard Zoé Drion. Non seulement pour son keeping mais aussi pour son aura. Même les autres gardiens sont sous le charme.  » J’avais déjà beaucoup appris au contact de Laquait « , observe Baguette.  » Au bout de quelques semaines avec Rudy, je sens que ce sera pareil. Il ne se contente pas d’être irréprochable, il donne également des tuyaux utiles à tout le monde « . MichelIannacone, l’entraîneur des gardiens, est tout aussi admiratif :  » Riou, c’est tout bon  » dit-il.  » Avec lui, tous les espoirs nous sont à nouveau permis.  »

PAR BRUNO GOVERS – PHOTO: REPORTERS

 » Il est tout simplement supérieur à Runje.  » (Mehmet Bazdarevic)

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