Petit nuage

Il livre probablement sa meilleure saison et explique pourquoi les Hurlus ont un peu plané.

Dimanche, il n’y a pas eu de crucifixion mais la victoire n’a toujours pas souri aux Hurlus. Anderlecht demeure la seule équipe qui ne s’est jamais inclinée au Canonnier. Les deux formations ont eu, à tour de rôle, l’occasion de faire basculer le match en leur faveur, mais se sont finalement quittées dos à dos.

Dans quel état d’esprit avez-vous abordé ce match?

Olivier Besengez: Notre faux pas à La Louvière avait ôté un certain piment à la rencontre, puisque nous ne pouvions plus espérer disputer la troisième place aux Bruxellois. Nous avions néanmoins intérêt à laisser Anderlecht à bonne distance de Bruges au classement: une participation des Flandriens à la Ligue des Champions nous offrirait l’assurance d’une qualification européenne. La motivation était donc présente, comme à chaque fois lorsque nous affrontons le Sporting, mais peut-être encore un peu plus cette fois-ci.

Que s’est-il passé à La Louvière?

Contrairement à ce que d’aucuns ont prétendu, ce n’était pas du tout une envie de souffler afin de préparer la finale de la Coupe de Belgique. Nous n’étions pas dans le coup, tout simplement. Nous savions que notre belle série s’interromperait un jour ou l’autre: la manière, elle, est regrettable. Le seul point positif, s’il faut en trouver un, c’est que cette défaite nous a permis de retomber les pieds sur terre. Nous étions sur notre petit nuage et avions trop tendance à penser qu’il suffisait de paraître pour s’imposer.

Cette prestation à La Louvière était du même tonneau que celles fournies à Beveren, à Westerlo et déjà plus tôt au RWDM. Comment expliquez-vous cette différence entre l’Excelsior du Canonnier et celui qui évolue en déplacement?

Un ensemble de facteurs. Le soutien de nos supporters, à domicile, nous incite forcément à gagner des duels. L’état du terrain, lorsque nous nous produisons hors de nos bases, nous empêche souvent également de développer notre jeu. C’était pitoyable au RWDM. C’était loin d’être parfait à Westerlo et à Beveren. A La Louvière, la pelouse était assez sèche également. On pourra rétorquer que tous les terrains sont secs avec les conditions climatiques que nous connaissons pour l’instant en Belgique, mais rien n’empêche de les arroser, que je sache? Je ne veux pas chercher d’excuses. Lors de nos déplacements précédents, nous nous étions battus et avions eu la chance d’inscrire un but dans les dernières minutes. Cette réussite avait occulté des prestations médiocres. Elle ne nous a plus souri au Tivoli. D’un autre côté, je tiens à souligner que nos succès à Westerlo et à Beveren n’étaient pas uniquement le fruit de la réussite.

« Je compare l’Excel à Bruges »

On a très peu souligné le fait qu’à La Louvière, vous étiez privé de Gordan Vidovic et de Tonci Martic, et que Mbo Mpenza s’était aligné à 50% de ses moyens. Or, c’est l’axe autour duquel s’était articulé l’Excelsior du deuxième tour.

L’entraîneur dispose d’un groupe de 20 à 25 joueurs et l’absence de l’un ou l’autre élément devrait pouvoir être compensée. Il est vrai, toutefois, qu’avec Gordan Vidovic et Tonci Martic, nous avions perdu deux « gabarits ». Ce n’est sans doute pas un hasard si, à La Louvière, nous avions perdu énormément de duels de la tête. Ce n’était pas fréquent avant cela. La présence de grands gabarits dans tous les secteurs de jeu avait constitué l’une de nos forces. De ce point de vue, je compare un peu l’Excelsior à Bruges. Avoir des joueurs de grande taille qui s’imposent dans les duels, cela peut toujours servir. Devant, l’apport de Mbo Mpenza fut indéniable également. Sa présence soulage aussi les défenseurs. Avec sa vitesse, on peut « balancer » devant lorsque le besoin s’en fait sentir. Et il a cette capacité de conserver le ballon.

« Je tourne à nouveau à plein régime »

Sur un plan personnel, disputez-vous actuellement votre meilleure saison?

En tout cas, je ne m’étais plus senti aussi bien depuis ma première saison en D1. Il m’a tout de même fallu près d’un an et demi pour récupérer entièrement de la grave blessure au genou dont j’avais été victime en novembre 1999: une déchirure des ligaments croisés. Le ligament latéral était atteint également. C’est la même blessure que celle dont a souffert Francky Vandendriessche. Et lui, il l’a eue deux fois. Nous en parlons parfois entre nous. Il y a dix ou 15 ans, le joueur qui subissait une opération pareille n’était pas certain de rejouer en D1. La médecine a fait beaucoup de progrès. Il m’arrive d’encore ressentir quelques raideurs lorsque le terrain est sec ou, au contraire, lorsque l’on passe de l’automne à l’hiver et que les pelouses deviennent humides. Il y a toujours des vis dans le genou pour tenir les ligaments et je ne pourrai plus jamais plier le genou gauche à fond comme le droit. Je n’ai jamais douté, car j’ai toujours eu en moi cette force de caractère qui me permet de compenser certaines lacunes. J’ai rejoué après huit mois, mais la saison dernière, j’étais souvent en balance entre une place de titulaire et de remplaçant. Je rentrais dans l’équipe lorsqu’il y avait des blessures et des suspensions. Cette saison, et surtout depuis le début du deuxième tour, je tourne à nouveau à plein régime. Les raisons? J’ai retrouvé mes facultés physiques. Je profite aussi de l’expérience acquise au cours de six années en D1 et -ne l’oublions pas car ce fut un excellent apprentissage- cinq années en D2 où il a fallu constamment mettre le pied. Il y a également le fait d’être placé dans des circonstances idéales. L’équipe entière a retrouvé confiance et cela rejaillit sur les prestations personnelles de tout un chacun, des attaquants jusqu’au gardien de but.

De votre côté, vous n’avez pas été convoqué pour l’équipe nationale?

(Il rit) Non. J’ai lu, dans un Sport/Foot Magazine précédent, que Steve Dugardein et moi avions été catalogués parmi les « venteux ». Cela nous avait bien fait rire.

Une convocation aurait-elle été tellement étonnante à partir du moment où l’axe central de la défense n’avait pas donné tous les apaisements à Robert Waseige en Grèce?

Ce n’est pas à moi de juger. Il est exact que les bonnes prestations de l’Excelsior ont valu des convocations à plusieurs de nos joueurs. Francky Vandendriessche a mérité d’être repris dans l’effectif des Diables Rouges. Mbo Mpenza a retrouvé son niveau d’autrefois. Et Christophe Grégoire a beaucoup travaillé pour intégrer le noyau des Espoirs. Il a compris que, s’il ne changeait pas son jeu et s’obstinait à éviter les contacts, il ne s’imposerait jamais en D1 malgré une technique au-dessus de la moyenne.

L’ossature va être conservée

Depuis le début du deuxième tour, vous formez un axe central quasiment infranchissable avec Gordan Vidovic.

On se comprend très bien sur le terrain, sans avoir besoin pour cela de grands discours. Quelques mots en anglais de sa part et quelques mots en français de mon côté suffisent. La couverture fonctionne très bien. Et il est rassurant de jouer à ses côtés. Mais, si nous avons encaissé très peu de buts lors du deuxième tour, le mérite n’en revient pas uniquement à l’axe central. Il y a toute cette défense à plat, en zone, plus les deux pare-chocs défensifs que sont Steve Dugardein et Tonci Martic, qui facilitent la tâche de l’arrière-garde. Lorsqu’il était seul au demi défensif, Steve courait souvent dans le vide. Et cela avait forcément des répercussions sur la défense.

La finale de la Coupe de Belgique a-t-elle une saveur particulière pour vous, qui avez tout connu depuis la Promotion?

Je n’avais pas joué en Promotion, mais je faisais déjà partie du noyau. Alors, cette finale de Coupe de Belgique, c’est presque l’aboutissement d’une carrière, effectivement. Si, en plus, nous pouvions la gagner, il ne me resterait plus que les joies d’un titre à connaître. J’ignore si j’aurai encore cette chance-là, mais pourquoi pas? Avec ce que l’Excelsior a montré lors du deuxième tour…

Le paradoxe, c’est qu’après un départ catastrophique, Mouscron pourrait connaître la plus belle saison de son histoire, non?

Effectivement, puisque le club est à la recherche d’un palmarès depuis plusieurs années et que la première ligne pourrait bientôt être écrite. Le déclic s’est produit contre Bruges, puis encore en Coupe de Belgique contre Genk, et enfin en deuxième mi-temps contre Alost lors de la montée au jeu de Mbo Mpenza. Sans ce début de saison raté, nous aurions pu jouer la troisième place sans problème, et peut-être même espérer davantage. Cela peut prêter à sourire, lorsqu’on évoque la Ligue des Champions, mais regardez où nous nous trouverions sans ce 0 sur 15 initial. Bruges n’est vraiment pas inaccessible, et si Genk pratique un football très agréable, il n’est pas invincible non plus. Ce n’est peut-être que partie remise. Avec tous les contrats qui ont été prolongés, l’ossature de l’équipe restera la même la saison prochaine. Mbo Mpenza a signé pour quatre ans et demi, et si Mouscron est européen, il restera certainement… au moins une saison supplémentaire. Il faudra peut-être, simplement, pallier le départ des frères Zewlakow.

Daniel Devos,

« On a du gabarit dans tous les secteurs du jeu »

« Si Mouscron est européen, Mbo restera au moins une saison supplémentaire »

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