Petit Général ou Dick le Truqueur ?

Il y a quelques jours, le génial coach hollandais était toujours en train de finaliser son contrat avec l’Union belge. Mais restons prudent : c’est peut-être trop beau pour être vrai.

Samedi soir, au Heysel, une bonne heure avant la finale de Coupe de Belgique. Jean-Marie Philips, le CEO de l’Union belge, nous confirme qu’il est en train de mettre au point les derniers détails du contrat de Dick Advocaat. On sait sur quoi il va porter. Deux ans avec comme obligation la qualification pour l’EURO 2012. Pour rappel, la dernière participation à un grand tournoi international des Diables remonntera, à ce moment-là, à dix ans. Il s’agissait du Mondial asiatique, où les Diables de Róbert Waseige avaient été loin d’être ridicules, malmenant même le futur vainqueur brésilien. Il avait fallu une tête injustement annulée de Marc Wilmots pour que la surprise n’ait pas lieu…

Advocaat chez les Diables, voilà une nouvelle qui fait froncer pas mal de sourcils. En premier lieu par rapport à l’argent. Surnommé le Petit Général, il aura gagné d’après nos estimations entre 10 et 12 millions d’euros en quatre ans en Russie. Depuis l’automne 2007, il en était à 3,5 millions d’euros par an. En Belgique, ses gains ne devraient guère dépasser le demi-million annuel ! D’ailleurs, Advocaat accrédite cette thèse puisqu’il a déclaré à la tv hollandaise qu’il n’allait pas en Belgique pour l’argent, car il n’y gagnerait qu’un sixième de ce qu’il touche dans la superbe ville de Saint-Pétersbourg.

Les raisons qui l’amènent chez nous

Pourquoi viendrait-il alors bosser en Belgique ? Pour plusieurs raisons que l’on a déduites en recoupant les confidences de plusieurs collègues hollandais très proches – même amis – du Petit Général. Des raisons que l’on peut mixer de la manière suivante dans un grand shaker avec un fond de vodka… Il est domicilié (pour des raisons fiscales évidentes) en famille dans le nord de la Belgique depuis longtemps, et il a décidé de passer plus de temps avec elle.

L’argent ne serait pas un obstacle étant donné qu’il en a déjà gagné énormément dans sa carrière et se sent bloqué à Saint-Pétersbourg. Le Zenit n’est plus prêt à lui fournir les joueurs dont il a envie pour passer encore un niveau dans le foot européen. Il veut faire mieux que gagner l’ex-Coupe UEFA comme en 2008 : il veut chatouiller les grands en Champions League. La motivation lui manque donc un peu car, pour continuer, il a besoin de sentir de l’ambition de la part des Russes. Il demeure une bête de football non blasée qui passe tout son temps en dehors des entraînements et des matches dans sa double suite du plus bel hôtel de Saint-Pétersbourg à dévorer des matches du monde entier et des chips en prenant des tonnes de notes.

Amener les Diables Rouges au plus haut niveau constitue pour lui un challenge idéal par rapport à ses nouvelles aspirations existentielles. Il travaillerait dorénavant dans son jardin sur un challenge qui l’excite. Il l’a dit à la tv des mangeurs de formage :  » Les Diables ont une équipe jeune et talentueuse qui manque encore de brutalité.  » Advocaat a prouvé qu’il pouvait faire progresser ce genre d’amalgame au-delà, parfois, de bien des espérances grâce à un mix de beau jeu et de caractère.

Il y a longtemps que nos chers confrères d’outre-Moerdijk – comme disent les profs de géo – sont convaincus que leurs pauvres voisins du sud ont enfin trouvé un coach non belge, donc à la hauteur. En août dernier, lors de la super finale européenne Zenit-Manchester United à Monaco que Super Dick allait remporter, ils nous avaient déjà tenu ce langage. Nous avions d’ailleurs posé au coach la question de confiance après le match (voir le S/F Mag de l’époque) et il avait marqué un temps d’arrêt, apparemment un peu surpris, avant de lâcher un banal et très formel :  » Je suis sous contrat avec le Zenit « . Il avait certes reconnu qu’il connaissait les possibilités de l’équipe belge et qu’il la suivait. Mais comme il suit tout et connaît tout, ça ne voulait pas dire charrette…

Remember les Socceroos : ils sont toujours furieux sur lui

Dans le monde super informé des agents de joueurs, on doute un peu de l’issue de l’affaire. L’un d’entre eux nous a même dit :  » J’y croirai lorsqu’il donnera ses premiers entraînements aux Diables. Des collègues à moi vont plus loin : ils assurent qu’Advocaat utilise les Diables Rouges pour faire pression sur le Zenit, pour obtenir plus de joueurs ou plus d’argent ou faire comprendre au monde du foot qu’il est libre et que tous les vrais projets l’intéressent. « 

Les vrais connaisseurs de la personnalité de Dick Advocaat ne manquent pas de mettre en garde son opportunisme. Nos amis hollandais sont les premiers à reconnaître qu’Advocaat a toujours aimé l’argent et qu’il n’avait jamais hésité à poser des problèmes à ses contractants :  » C’est un vrai Hollandais, comme nous « , disent-ils en rigolant.  » Souvenez-vous de l’épisode australien « .

En août 2007, Advocaat signait un contrat d’entraîneur avec l’équipe d’Australie avec pour but de remplacer Graham Arnold (qui a joué en Belgique au FC Liégeois de 92 à 94 et une saison à Charleroi) et de la qualifier pour le Mondial 2010. Mais en novembre, il décidait de rester au Zenit Saint-Pétersbourg et depuis, le foot australien l’appelle Tricky Dick (Dick le Truqueur). Bien sûr, il s’est excusé en disant qu’il ne pouvait pas résister à l’offre russe et le Zenit a dédommagé la fédé des kangourous qui avait introduit une plainte à la FIFA.

Jean-Marie Philips est au courant :  » Monsieur Advocaat a été très correct avec nous, il nous a directement rappelé tout cela.  » Bref, si Advocaat signe en mai avec les Diables mais part à Chelsea en juin, le trésorier de l’Union belge pourra se frotter les mains et Jean-François de Sart aussi.

par john baete

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