Petit Dirar

L’inspiré médian belgo-marocain a emmené le Lierse en demi-finales de la Coupe et qualifié les Lionceaux de l’Atlas pour les Jeux de Londres.

L e but de la 22e journée, c’est pour lui : une magnifique pêche du droit qui aboutit dans la lucarne de Bram Verbist, mercredi dernier, et offre in extremis un point au Lierse contre le Cercle. Signé Soufiane Bidaoui (21 ans). Son tout premier goal en D1.  » Le plus beau de ma carrière. Le genre de but qu’on ne marque normalement que dans ses rêves… Tout était joli : mon approche balle au pied, puis cette frappe pure à l’approche du rectangle.  » Une semaine plus tôt, il avait déjà fait danser la défense du Standard et participé à la qualification de son équipe pour les demi-finales de la Coupe. Portrait d’un Marocain de Bruxelles qui crève l’écran.

De Diegem à Westerlo, ça ne vous rappelle rien ?

Soufiane voit le jour à Etterbeek et grandit à Schaarbeek. Tout s’explique :  » Là-bas, on joue avec les potes dans les parcs et les agoras, on apprend la technique, c’est bon pour commencer « . Yo ! Après le Racing Schaarbeek, Anderlecht (deux saisons pendant lesquelles il n’impressionne guère) et le White Star Woluwe, il se retrouve à Diegem en 2003. Quand il arrive en équipe Première, on est unanime. Ce club tient un nouveau Nabil Dirar, qui est entre-temps parti à Westerlo. Bidaoui se souvient :  » On m’appelait le petit Nabil. C’est vrai que j’ai des points communs avec lui. Je suis un médian rapide et technique qui aime tenter des dribbles le long de la ligne. Mais je n’exagère pas. Et moi, je pense d’abord au collectif, je ne suis pas un égoïste comme Dirar.  » Toc !

Comme son aîné marocain de Bruxelles, Bidaoui explose à Diegem (D3) et cela lui vaut un transfert en D1, à Westerlo pendant l’été 2009. Bilan en Campine : deux matches en un an et demi. Trop jeune ? Trop fou ? En janvier 2011, il se recase tristement à Roulers, en D2. Et là, il prend plein d’envergure.

Il qualifie le Maroc pour Londres, Gerets lui dit bravo

Juin 2011, le Lierse annonce son premier transfert estival : Soufiane Bidaoui. L’histoire repasse les plats, ils sont amers : dans un premier temps, il semble un peu court pour la D1. Chris Janssens ne lui fait pas confiance. Sur la première ligne droite du championnat, il doit se contenter de quelques minutes de jeu, en septembre. Contre Westerlo, c’est vache ! Puis, il y a ce mini coup de tonnerre dans le ciel lierrois : la fédé marocaine le convoque pour la toute première Coupe d’Afrique des Nations U23, en décembre dernier, sur ses terres. Son club a le droit de le retenir mais le laisse partir. Bidaoui n’est pas encore un incontournable dans cette équipe entraînée par le Hollandais Pim Verbeek.

Sa première sélection remonte au mois de mars. Mais il fait un tournoi de fou après une préparation collective compliquée par des critiques très dures de la presse marocaine. En demi-finale, à Marrakech, Bidaoui assomme l’Egypte (victoire 3-2) avec deux passes décisives. Le Maroc est ainsi qualifié pour les Jeux de Londres, la septième participation de son histoire. Malgré sa défaite au dernier stade face au Gabon. Et Bidaoui, qui a été titulaire lors des cinq matches, termine ce tournoi avec la médaille du meilleur donneur d’assists. Il est aussi… sur le banc de l’équipe idéale.  » Eric Gerets est venu nous encourager, ça fait plaisir de se sentir enfin reconnu.  » A son retour en Belgique, il dit :  » Maintenant, je dois jouer avec le Lierse. C’est la seule façon pour assurer ma place dans le noyau qui ira aux Jeux.  »

C’est lui qui élimine le Standard

Et ça passe ! Depuis la fin de cette CAN, Bidaoui est titulaire en championnat. Et il a été l’homme du Lierse en Coupe. Si son équipe joue ce mercredi et la semaine prochaine les demi-finales contre Lokeren, c’est d’abord grâce à lui. Lors des quarts aller face au Standard, Bidaoui marque le but de l’espoir : son tout premier en match officiel avec les Lierrois. Et à Sclessin, il fait un festival. Il monte à un quart d’heure de la fin du temps réglementaire, marque un goal et donne deux assists. En pleine nuit, à l’heure où le patron Maged Samy se crashe sous un camion, il est toujours occupé à se repasser les images à la télé. Wesley Sonck a aussi été brillant à Sclessin, mais Mister I love me y va fort :  » Bidaoui est l’homme du match.  » Faut pas demander !

Au classement de la D1, le Lierse remonte lentement la pente. Sa qualification pour la finale de la Coupe n’est pas une utopie. Et c’est normal que la nouvelle pépite ait plein d’ambition.  » Ma Coupe d’Afrique m’a donné plein de confiance et j’ai l’impression qu’il a fallu que je fasse de gros matches là-bas pour que le staff de mon club me découvre vraiment.  » Et dans un coin de sa tête, il y a déjà l’équipe nationale A :  » C’est normal que j’y pense, non ? « 

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTO : IMAGEGLOBE

 » Comme Dirar, je suis rapide et technique et j’aime tenter des dribbles le long de la ligne. Mais je ne suis pas un égoïste comme lui. « 

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