PETIT COSTAUD

Malgré ses 19 ans et 176 centimètres, le défenseur bruxellois a réussi en un an et demi à devenir un pilier de son équipe.

Désormais, le club qui conserve toujours l’âme de la commune de Molenbeek s’est trouvé un nouveau porte-étendard, capable peut-être de rivaliser avec le valeureux capitaine Alan Haydock dans le c£ur des supporters.

Le jeune Steve Colpaert (19 ans) connaît les moindres recoins de la commune et montre immédiatement de l’attachement à ce petit coin coincé entre le canal de Willebroek et celui reliant Bruxelles à Charleroi. Son accent chante le Karreveld, le Boulevard Mettewie et Scheut. Ça sonne bruxellois, ça vibre molenbeekois.

 » Je vis à Molenbeek, je suis allé à l’école ici, j’ai vécu toute ma vie ici et ce ne sera pas facile de partir lorsque je serai amené à tenter ma chance ailleurs « , explique le défenseur central du Brussels.

En un an et demi (il a été lancé dans le bain en décembre 2004), Colpaert s’est érigé en incontournable. Il vient d’enfiler pas moins de 41 rencontres et ce n’est pas juste pour glisser un peu d’accent du terroir que ses entraîneurs successifs lui font confiance. Ce garçon a du talent et le démontre chaque semaine. Impeccable dans les duels, bon de la tête, il sait également sortir proprement de sa défense, se montrer précis à la relance et offrir de longs ballons vers la ligne offensive.

En un an et demi, vous avez fait du chemin. Pensiez-vous présenter un bilan quasiment parfait en si peu de temps ?

Non, évidemment. J’étais déjà satisfait d’être dans le noyau A avec Emilio Ferrera mais en football, cela peut aller parfois très vite dans un sens comme dans un autre. C’est pour cela que je ne m’emballe pas.

Mais vous savourez quand même votre récompense…

Oui, mais je sais que le chemin est encore long.

A vos côtés se sont succédé principalement Davy Theunis, Alex Clément et Ibrahim Kargbo. Comment s’adapter à chaque style ?

Un bon joueur doit savoir évoluer aux côtés de n’importe qui. Je suis aussi confronté à d’autres partenaires en Espoirs. Theunis n’est pas un défenseur central de nature. Il devait donc autant s’adapter à son poste qu’à moi. Alex Clément possédait beaucoup d’expérience. A cause de sa blessure, il n’a pas encore eu le temps de démontrer toutes ses qualités mais il était toujours très motivé et ne cessait d’encourager toute l’équipe. Encore maintenant, il est en France pour sa rééducation mais il envoie des SMS à l’entraîneur pour nous soutenir. Quant à des joueurs aussi forts que Kargbo, il y en a très peu en Belgique. Tu apprends beaucoup de sa façon de défendre et de sortir le ballon. Et puis, il est franc et cela me plaît. Il dit toujours ce qui est bon et ce qui est mauvais. Quand j’étais petit, je me rendais au RWDM et je regardais Kargbo avec admiration. Maintenant, c’est incroyable, je joue en défense à côté de lui !

Vous êtes devenu incontournable. Comment l’expliquez-vous ?

C’est en grande partie grâce à mon caractère. Je suis un battant et je ne lâche rien. J’essaie toujours de progresser et de me battre durant 90 minutes. J’ai beaucoup grandi en un an mais je dois garder les pieds sur terre. Quand je rencontre les grands joueurs des équipes du top, je franchis à chaque fois un nouveau pallier et je me rends compte qu’il y a encore du chemin à faire. Chaque match en D1, c’est quelque chose à part. Moi, je le prends comme si c’était à chaque fois le dernier et je me dis que de nombreux jeunes aimeraient être à ma place. Je veux leur servir d’exemple en montrant qu’en étant motivé, on peut y arriver.

 » Avec Ferrera, il faut être fort et ne pas craquer  »

C’est assez paradoxal de voir que vous devez beaucoup à l’entraîneur qui fut le plus dur avec vous ?

C’est vrai que c’est Ferrera qui m’a donné ma chance. Avant cela, il m’avait bien cassé. Je ne le connaissais pas du tout mais il a sa manière. Tout le monde disait qu’il était trop dur et c’est pour cette raison que de nombreux jeunes ont craqué mentalement. Par contre, ceux qui sont plus forts que lui, il les accepte. Il faut mordre sur sa chique et cela finit par porter ses fruits. Moi aussi, j’ai éprouvé d’énormes difficultés. Il s’agissait de ma première saison dans le noyau A et j’avais du mal à suivre le rythme. J’ai appris que le football ne se jouait pas qu’avec les pieds. Il faut être très fort dans la tête et ne pas craquer mentalement.

Quand vous avez été renvoyé dans le noyau B, vous n’avez jamais pensé arrêter ?

Non. J’avais eu un peu de malchance en début de saison à cause d’une petite blessure. Puis, j’avais la rage de montrer qui j’étais et ce que je pouvais faire sur un terrain. Je n’ai jamais baissé les bras. Au contraire. Quand Ferrera m’a donné ma chance, je l’ai saisie et j’ai pris énormément de confiance.

Puis vous avez confirmé sous Waseige et Cartier ? Que vous ont-ils apporté ?

On savait tous les jours que Ferrera pouvait sauter. Si ce ne fut pas une surprise pour nous, je trouvais quand même que l’on avait choisi un mauvais moment pour le limoger. Juste avant un match capital ! Waseige est ensuite arrivé avec toute son expérience. Le groupe avait besoin d’un entraîneur comme lui. C’était un père pour nous. On se trouvait dans le trou mentalement et on avait besoin de quelqu’un à qui parler. Ce fut un bon choix du président. Il communiquait beaucoup avec le groupe et on sentait qu’il voulait tirer l’équipe du fossé. Certains ont prétendu qu’il était en fin de carrière mais je l’ai trouvé motivé. Un entraîneur en fin de carrière qui sauve un club en quelques journées, c’est quelque chose. Il doit en être fier.

Mais est-ce que Waseige a eu le temps de vous apprendre des ficelles tactiques ou techniques ?

Son expérience a rejailli sur le groupe. Sinon, on se trouvait dans une période où on n’avait pas le temps d’apprendre beaucoup. Se sauver était la seule chose qui importait. Il fallait combattre jusqu’au bout.

 » C’est excellent que Cartier reste  »

Et Cartier ?

Pour un jeune, c’est l’idéal. Il vient de l’école française, très connue pour ses centres de formation. On voit qu’il a l’habitude de faire confiance aux jeunes. On a l’occasion de progresser autant tactiquement que techniquement.

Est-ce que son discours est resté le même malgré toutes les rumeurs qui circulent sur les affaires ?

Cartier n’a pas changé d’un iota.

Et Espartero ?

Ce sont des problèmes individuels et privés. Chez nous, ils n’ont rien fait de mal et le groupe n’a rien à leur reprocher.

Pourtant, des matches du Brussels sont quand même mis en cause. Est-ce que cela perturbe le groupe ?

On en parle beaucoup entre nous mais ce n’est pas un facteur déstabilisant. Car on ne peut pas dire que le club est vraiment dedans, dedans.

Depuis le départ d’Igor De Camargo, l’équipe éprouve de grandes difficultés à marquer et à gagner…

On savait que De Camargo nous manquerait. C’était un pilier de notre équipe et on savait que l’on allait devoir mettre sur pied un autre système et offrir un autre visage. On doit varier notre manière de jouer et trouver des solutions. On doit s’adapter. Mais c’est la loi du marché. Dès que quelqu’un perce dans un petit club, il sera courtisé par les grandes équipes. C’est dommage car cela empêche les petits d’aller plus haut.

 » Le Brussels ne peut pas évoluer sur son seul talent  »

D’ailleurs, le Brussels est un petit club composé de beaucoup de petits joueurs. Vous aussi, vous n’êtes pas grand. L’équipe ne manque-t-elle pas de poids et de répondant physique ?

Ce sont juste les journalistes et les entraîneurs adverses qui disent que l’on est une équipe avec de très petits joueurs On peut être petit et bien jouer au football. Il suffit d’être motivé et agressif pour compenser. ( Il réfléchit). Nous, on joue en groupe. Si quelqu’un ne fait pas son boulot, on est mort. On doit tous penser la même chose et tendre au même objectif. Il faut être à 100 % car on ne sait pas gagner si un élément a un jour sans. On ne peut pas se permettre d’évoluer sur notre seul talent. Il faut montrer du caractère.

Pourtant, à cette époque de la saison, de nombreux éléments pensent à leur avenir personnel. La liste noire du président Vermeersch ne fait qu’empirer la situation…

Moi, si j’étais sur cette liste, je me défoncerais pour décrocher un contrat. On doit sans cesse prouver qu’on a sa place en D1. Si on a cet esprit positif, on n’a jamais de problème.

Mais on a l’impression que la fin de saison du Brussels ressemblera à un jour sans fin…

Pourtant, on s’est fixé un objectif : terminer au milieu de classement et on tente d’y parvenir. L’entraîneur a délimité un nombre de buts à atteindre et on veut relever ce défi. Si certains ne sont plus impliqués, c’est à l’entraîneur de remet-tre les choses en place. Quand il voit que certains jouent trop leur carte personnelle, il doit leur rappeler qu’ils sont encore au Brussels jusqu’en fin de saison.

Est-ce que le maintien de Cartier l’année prochaine influence votre parcours ?

C’est certain. J’en ai encore discuté récemment avec mon père et tout le monde voulait qu’il reste au Brussels. Cela joue sur ma décision quant à la suite à donner à ma carrière et cela renforce mon envie de demeurer au Brussels. J’aime profondément ce club. C’est déjà pour cette raison que j’avais décidé de rester ici, la saison passée. Toute ma famille supportait le RWDM et si un jour, je pars, mon coeur restera ici. Maintenant, il faut regarder plus haut et j’ai envie aussi de découvrir de nouveaux horizons. J’ai un contrat jusqu’en 2008 et l’idéal serait encore de rester ici un an. Mais si un bon club où je suis sûr de jouer se présente, il serait possible que je parte plus tôt. Ce qui est certain, c’est ma volonté de jouer. Quand on est jeune, c’est important de se distinguer sur le terrain et de montrer de la joie dans ce qu’on accomplit. Partir trop tôt, ce n’est jamais très bon.

Et vous jouerez toujours défenseur central ?

Ma place naturelle se situe au milieu défensif. C’est à cette position que j’ai effectué toutes mes classes mais je me sens bien derrière. Je possède un bon jeu de tête et de position et c’est pour cette raison que l’on m’a placé en défense. Dans le futur, peut-être que j’avancerai d’un cran. On en a déjà parlé avec l’entraîneur.

STÉPHANE VANDE VELDE

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