Péter de SANTé

Un an après la reprise, le club anversois assure à tous niveaux.

Il y a deux semaines, Jos Verhaegen, accompagné de quelques administrateurs du Germinal Beerschot, discutait avec Arie Van Eijden, le directeur général de l’Ajax, et Louis van Gaal, le directeur sportif. Ils ont décidé de poursuivre leur collaboration au niveau des jeunes, évoqué la prolongation du détachement de Simon Tahamata au Kiel et le retour de talents qui n’ont pas émergé à l’Ajax. Non sans fierté, Verhaegen remarque que sa vision correspond à celle de Van Gaal.

Le président d’honneur du G. Beerschot consacre du temps au club et a rentré le dossier licence sans hésitation. Il ne doit pas assister à l’entraînement pour être sûr que tout se passe bien.  » Je ne supporte pas qu’un footballeur ne soit pas capable de tenir 90 minutes une fois par semaine, avec le salaire qu’il a « , disait-il avant mais il n’est plus tracassé. Les professionnels bossent dur sous la férule de Marc Brys, un illustre inconnu de D3 il y a moins d’un an.  » Je sais maintenant qu’ils travaillent même quand je ne suis pas là « .

Il y a un an, il ne restait plus rien du grand projet GBA, dévoilé à grand fracas en janvier 1999. Le 13 mars 2003, Verhaegen et Cie sont devenus propriétaires d’un club vidé de toute substance. Un an de travail a permis au nouveau G. Beerschot d’être viable. Verhaegen :  » Mon objectif était de réaliser un break even et de terminer 16e, fût-ce à dix minutes de la fin du dernier match « .

Mission accomplie, avec une nouvelle équipe, locale, un entraîneur qui peut venir au Kiel en vélo, un noyau à connotation belge, dont les trois quarts des joueurs viennent d’Anvers et du Pays de Waes. Sept des 27 joueurs sont issus de l’école des jeunes, sept autres jouent à l’Ajax. Et les entraîneurs des jeunes ont accepté une réduction de 50 % de leurs émoluments.

Verhaegen insiste : jamais il n’a éprouvé autant de plaisir, depuis la tribune, que cette année. Son équipe de transition le surprend agréablement :  » Le Germinal a connu le succès. Il a eu des résultats fantastiques pour une petite équipe. Il a terminé devant Anderlecht et disputé trois finales de Coupe. Nous avons battu Stuttgart, réalisé un nul contre le Celtic et éliminé l’Etoile Rouge. Pourtant, cette année-ci est la plus belle, la plus satisfaisante car nous sommes financièrement sains et nous avons réussi quelques coups d’éclat. Connaissant les qualités et défauts de mes joueurs, j’ose affirmer que même si nous perdions tous les matches à venir, la saison resterait un grand succès. Nous essayons de renforcer l’équipe en restant raisonnables « .

Vous avez bouclé votre budget en vendant Victor à Bruges ?

Jos Verhaegen : Ça nous a aidés mais nous y serions parvenus autrement aussi.

Les contrats des joueurs vont être revus à la baisse. Steve Cooreman ne peut gagner ici ce que Gand lui offrait.

Il a cité les chiffres de Gand. Nous ne pouvons payer ça. Ça ne veut pas dire que je ne suis pas content de Cooreman.

Tout était trop cher

Vous avez taillé dans tous les postes. Vous avez donné leur préavis à des employés en leur promettant de les réengager à d’autres conditions si le club se maintenait.

Le staff était trop large et trop cher pour nous. J’ai mené moi-même ces entretiens. La plupart des gens m’ont compris. On ne peut dépenser plus qu’on ne reçoit. Ça peut durer un an ou deux, pas plus. Michel Verschueren a bien décrit le problème : – Un club qui consacre 60 % de son budget aux salaires s’expose à des ennuis. Or, notre masse salariale dépassait largement cette barrière. Plus maintenant. Nous sommes un club sain.

Il n’y a plus de TV au Themacafé et dans le car, joueurs et entraîneurs paient leurs boissons.

En effet. Tout le monde aime le luxe mais avant, il faut payer l’essentiel. Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Que ceux qui veulent une TV se la paient.

Quand Roger Lambrecht, candidat-repreneur, a vu les chiffres, il est tombé à la renverse.

L’Ajax nous a offert d’autres conditions. Nous n’aurions jamais accepté celles de Lambrecht. Nous nous sommes engagés à céder à l’Ajax 50 % de la vente des joueurs sous contrat au moment de la reprise et Kpaka est tombé sous cette clause. Les frais de gestion ont considérablement augmenté en dix ans. Je ne m’occupe pas de la concurrence. Je m’intéresse à mon club, à sa croissance. La plupart des clubs travaillent avec un budget de 2,5 à 4,5 millions. Il est impossible de jouer la tête dans ces conditions. Nous frôlons les quatre millions. Nous pouvons progresser, mais par étapes.

Que voulez-vous atteindre avec le G. Beerschot ?

Pourquoi ne pas rêver d’Europe ? Nous n’en tiendrons pas compte dans le budget car nous pouvons être éliminés au premier tour. Nous voulons grandir, mais pas à tout prix. Travailler jour après jour produit des résultats. Ce n’est pas spectaculaire certes, pourtant nous attirons plus de monde que l’année dernière pour les mêmes matches. Nous avons une moyenne de 7.000 spectateurs dont 3.000 abonnés, plus 850 business-seats. La saison passée, nous n’en avions que 450. J’aimerais remplir les 1.200 places, évidemment.

Roland Duchâtelet ne va pas doubler votre budget.

C’est le conseil d’administration qui tranchera. Je connais Roland depuis deux ans, nous bavardons de temps en temps.

Vous ne lui avez rien demandé au moment de la reprise ?

Non. Seulement maintenant. On ne dirige plus un club à trois ou quatre. J’insiste d’ailleurs que le fait que je ne suis qu’une des neuf parties qui gèrent le club. Les huit autres administrateurs apportent aussi quelque chose et nous souhaitons attirer d’autres personnes. Si j’avais été seul il y a un an, je n’aurais pas fait d’offre de reprise.

Quelle fusion avec l’Antwerp ?

Vous n’êtes plus en désaccord avec la Ville.

La Ville n’a pas d’argent. Je n’attends d’elle qu’une bonne relation de travail. Elle existe.

A la fondation du GBA, on a remarqué la ligne rouge du logo. Un signe avant-coureur d’une fusion avec l’Antwerp ?

Non et d’ailleurs, je n’y crois plus. L’antagonisme et la jalousie sont trop vivaces. Il y a quelques années, je pensais une fusion possible. J’ai compris que chacun devait faire son chemin, tout en sachant que deux clubs de D1 ne peuvent être viables dans une ville de 400.000 habitants.

C’est possible à Bruges.

Avec tout mon respect pour les dirigeants du Cercle qui sont très compétents : aussi dur travaillent-ils, ils auront toujours du mal à nouer les deux bouts. Ce n’est pas mon truc, pour être franc.

Le derby vous offre votre plus grosse recette.

3.000 personnes de plus une fois par saison ne fait pas de différence. Il faut essayer d’avoir la même recette à chaque match à domicile. Ça, ça ferait une différence.

Tous vos efforts ont tendu au maintien, cette saison. Qu’auriez-vous fait si le club avait été relégué ?

Il eût été difficile de continuer. Tout notre projet eût été menacé. Beaucoup de clubs ont le même budget que nous. Prenez les seuls droits TV : 750.000 euros en D1. A l’étage inférieur, on ne touche qu’un sixième de cette somme. Comme nous avons effectué des coupes sombres, nous aurions pu essayer de tenir un an, sur d’autres bases. En D2, on ne peut conserver d’employé à temps plein avec un budget diminué de moitié. Dans tous nos contrats figure une clause qui les annule en cas de relégation en D2.

Geert Foutré

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