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Perpetuum mobile

Comment passer la période des vacances pour bien entamer la nouvelle saison, dont le calendrier sera divulgué le 12 juin ? Les programmes sont individuels, nous dit-on.

Fin avril, les joueurs de l’Antwerp ont enfin pu prendre leurs vacances, alors qu’ils avaient fêté le titre à la mi-mars, après treize ans de purgatoire. Pendant des semaines, ils ont été soumis à un entraînement léger auquel l’entraîneur, Wim De Decker, a ajouté quelques matches amicaux. Le 3 mai, tous les joueurs ont reçu un programme d’entraînement individuel pour les congés.

Quel contraste avec la situation de Genk : les joueurs ont disputé leur premier match à enjeu le 14 juillet et après 322 jours, toutes compétitions confondues, ils ont mis fin mercredi dernier à une série de 65 matches. Ostende, qui a assuré sa première qualification européenne, va jouer le troisième tour préliminaire de l’Europa League le 27 juillet, juste avant le début du championnat, et le 3 août. Les Côtiers n’ont disputé que 49 matches la saison écoulée.

Plus de break

 » La pause estivale est de plus en plus courte « , remarque le capitaine de Lokeren, Killian Overmeire (31 ans), professionnel depuis 2003.  » Au début, j’avais des pauses de six semaines. C’est devenu utopique. Avant, je pouvais me permettre de vivre à l’aise les deux premières semaines. Désormais, je m’adonne au tennis, au cyclisme, au squash et à la course à pied pendant mes vacances. Ça peut paraître bizarre mais mon corps a besoin de mouvement. Pas pour être au sommet de ma forme mais pour être prêt à la reprise car les premières semaines d’entraînement sont physiquement très ardues. Il faut donc être prêt et concentré.  »

Jochen De Coene, responsable du service médical d’Anderlecht, remarque une grande différence depuis ses débuts, il y a vingt ans. Kinésithérapeute, le Gantois a travaillé chez les Buffalos puis en Chine, à Shanghai Shenhua et pour l’équipe nationale, de 2004 à 2009. Il résume cette différence en un mot :  » Individualisation. Nous effectuons un bilan physique de chaque joueur en fin de saison. À partir de là et compte tenu de l’entraînement suivi pendant la saison, nous établissons un schéma pour sa courte période de liberté.  »

D’après lui, les joueurs sont conscients de l’importance de leur corps, qui est leur instrument de travail.  » À Anderlecht, il faut tenir compte d’une charge de 60 à 70 matches par saison « , poursuit De Coene.  » On n’a donc pas le choix : il faut vivre à fond pour son sport, en suivant nos conseils en diététique, suivi mental et aspect cardio-vasculaire. Ce n’est pas un secret : LeanderDendoncker et YouriTielemans se soignent particulièrement bien. Je ne crois plus aux histoires folles d’avant, lisez les sorties jusqu’aux petites heures. On ne peut plus se cacher sur le terrain.  »

Catapult

Herman Van Holsbeeck et Jo Van Biesbroeck ont investi dans l’innovation. Depuis le début de cette année, le champion utilise le Catapult, un système GPS conçu pour le sport.  » Nous possédons aussi notre propre benchmark – pourcentage de masse graisseuse, poids, hydratation, repos, alimentation, prise de vitamines -. Tout est compilé dans une banque de données. Mesurer, c’est savoir. Nous sommes en contact constant avec le joueur. Nous avons besoin de ces données et voulons encore améliorer le suivi et sa rapidité.

Détente, degré de saturation, endurance, nous sortons toutes les cartes dès le retour de vacances. Comme ça, personne ne peut dissimuler quoi que ce soit. On ne perd pas sa condition ni son endurance en deux ou trois semaines. Il y a des alternatives au football : le tennis, le badminton, le squash, le padel… Les mouvements sont similaires. Même une partie de mini-foot ne fait pas de tort, pour autant qu’elle soit modérée.

Il faut rester actif sans exagérer, faire tourner le moteur sans le faire chauffer en effectuant trop d’exercices pendant les vacances. Il faut être en forme et surtout ne rien forcer avant la reprise. Tout le monde doit être sur la même ligne au coup d’envoi de la saison.  »

Overmeire opine.  » Je dois reconnaître qu’avec l’âge, je ne peux plus me permettre de rester trop longtemps inactif « , explique le médian défensif.  » Ne rien faire du tout ? C’est exclu ! Je me ridiculiserais. Je ne me sentirais pas bien non plus si je me laissais aller. Il faut traiter son corps avec professionnalisme si on veut évoluer. En plus, on ne refait pas facilement le retard pris pendant les congés.

J’emmène toujours mon cardiofréquencemètre en vacances, pour être sûr de courir à une fréquence adéquate. Le club nous communique un programme et ensuite, il vérifie si les joueurs ont bel et bien effectué les efforts requis. Il y a toujours des gars qui se laissent complètement aller. Nous avons eu le cas avec Ayanda Patosi. C’est honteux de gâcher son talent comme ça.  »

par Frédéric Vanheule – photos Belgaimage

 » J’emmène toujours mon cardiofréquencemètre en vacances.  » – Killian Overmeire

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