PERDRE DU POIDS, PAS DE LA FORCE

Il ne faut pas confondre l’anorexiaathletica et l’anorexianervosa, qui est, elle, un trouble mental gravissime, déclenché par une image erronée de son corps ou des traumatismes. Le sportif, accoutumé à manger de manière équilibrée, décide de maigrir pour améliorer ses performances ou y est contraint pour pouvoir suivre ses concurrents. Jurgen Van den Broeck, par exemple, n’est absolument pas anorexique. Le sportif fait de la corde raide car une perte excessive de poids va l’affaiblir, voire détruire son corps s’il persévère.

Mais, pour certains, ce régime, bénéfique au départ, devient une obsession. Nicolas Paraskevopoulos, nutritionniste d’Etixx-Quick Step et des Diables Rouges, précise :  » Si, alors qu’on a constaté qu’un sportif avait atteint son plancher, il continue à penser qu’on peut gagner quelque chose en continuant à maigrir, c’est surtout un problème mental. Le sportif a une image erronée de lui-même et il faut le protéger contre lui-même. Dans ce cas, le suivi psychologique devient prioritaire.  »

Le sportif doit écouter son corps, comme l’a fait Marianne Vos : en 2012, elle a été sacrée championne olympique et mondiale. Pourtant, elle était un rien trop mince.  » Nous sommes constamment sur le fil : quel est le poids idéal ? En 2012, j’étais tellement obsédée et stressée par mes objectifs que j’en ai perdu l’appétit. J’ai continué à gagner mais je récupérais de plus en plus difficilement. J’ai tiré la sonnette d’alarme à temps.  »

Certains prônent la mesure du taux de graisse avant les compétitions, pour dissuader les sportifs de suivre des régimes extrêmes. Paraskevopoulos :  » En saut à skis, on tente de contrer l’anorexie en raccourcissant les lattes des sauteurs ayant un BMI inférieur à 20. En pratique, il est difficile d’effectuer une mesure juste et validée du taux de graisse de tous les sportifs, avant chaque compétition, d’autant que la sécurité du pourcentage varie d’un athlète à l’autre.

Si le staff remarque un problème, il peut toutefois aider les sportifs en leur faisant passer un scan DXA, qui indique le pourcentage de graisse et la densité osseuse. Un taux bas associé à une faible densité peut révéler un manque d’énergie, qui va diminuer la résistance du système immunitaire et la masse musculaire, ralentir le métabolisme, accroître le risque de fractures. Il est utile de mesurer les plis de peau en plus, pour évaluer la réserve de graisse sous-cutanée, une graisse non essentielle : quand elle est épuisée, le corps mange les graisses essentielles, ce qui va déclencher les effets que je viens de mentionner.

Cette mesure permet de voir ce qu’un sportif peut perdre sans risque ou ce qu’il doit regagner. Un sportif très musclé a souvent un taux de graisse plus faible qu’un plus frêle car il dépend aussi de la masse non graisseuse (muscles, ossature). Il peut donc atteindre plus facilement un taux plus bas.  »

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