PÉPINIÈRE

A la veille du quatrième derby liégeois de la saison, le manager général de Pepinster dévoile ses projets.

Ancien joueur du Standard, du Mosa Angleur (D3) et enfin de Pepinster qui n’était pas encore en D1, Jean-Pierre Darding a embrayé sur une carrière de dirigeant dans le club hoëgnard lorsqu’il raccrocha les baskets. C’était en 1984-85, à l’aube d’une saison qui vit les Pépins accéder à l’élite au terme d’un test-match contre Courtrai, disputé à Fleurus. Devenu manager sportif, tout en gérant la maroquinerie familiale dans le centre de Liège, il se fit une spécialité de dénicher d’excellents joueurs américains.  » Via les livres et la documentation, car je n’ai jamais effectué le voyage outre-Atlantique. Aujourd’hui, grâce à internet, on trouve toutes les statistiques, mais à l’époque ce n’était pas encore le cas « . Depuis le 2 avril, il est devenu manager général du club, à temps plein.

Avec un grand projet en tête : créer un véritable centre de formation…

Jean-Pierre Darding : Ma tâche principale reste liée à l’équipe Première, mais c’est vrai que ce projet-là me tient à c£ur. Car, jusqu’ici, nous avions un peu triché sur la terminologie. Pepinster a sorti des jeunes, mais ne possédait pas un centre de formation au sens propre du terme. A partir de la saison prochaine, ce sera le cas. Une nouvelle salle va être bâtie à Ensival, à trois kilomètres du Hall du Paire, où trois terrains d’entraînements seront disponibles. Des accords sont aussi intervenus au niveau des écoles, dans différents réseaux. On disposera par exemple de 45 places en internat. On se plaint qu’il n’y a pas de grands en Belgique. Lorsqu’on se donne la peine de chercher, on en trouve. Je pourrais vous transmettre sur-le-champ une liste de 20 joueurs nés en 1988 et qui dépassent les 2m00. Mais il faut les recruter assez tôt pour leur permettre d’atteindre le niveau requis dans les temps. On recrutera dans toutes les régions de Belgique et même à l’étranger. Les demandes affluent. Du Sénégal, où un jeune joueur de 17 ans et 2m02 souhaite être formé chez nous. Ou du Nigeria, où un pivot de 16 ans et 2m18 a déjà marqué son accord. Mais il est toujours dans l’attente de son visa, parfois difficile à obtenir pour un mineur. On est aussi en contact avec un agent russe. Certes, le recrutement belge demeurera prioritaire, mais l’accueil d’étrangers pourrait étendre la réputation du Centre de Formation au-delà de nos frontières. On veut aller au-delà du simple sports/études, car ce n’est pas en ajoutant une ou deux heures de sport au programme scolaire qu’on deviendra un sportif d’élite. Il faut pouvoir souffrir, en s’entraînant par exemple tôt le matin avant les cours, comme on le faisait autrefois à l’Ajax School d’Ostende. Les sportifs belges, malheureusement, ont trop tendance à être dorlotés. Quelle différence, parfois, avec la volonté affichée par le jeune Bosniaque Nedzad Sinanovic (20 ans, 2m20), qui a débarqué chez nous cette saison et qui est prêt à tous les sacrifices parce qu’il sait que, pour lui, le sport est un moyen û peut-être le seul moyen û d’atteindre un niveau de vie décent.

Un autre de vos projets est l’agrandissement du Hall du Paire…

Surtout l’agrandissement de l’espace VIP et du restaurant, afin de pouvoir encore mieux soigner l’aspect relationnel. Il faut profiter de la dynamique actuelle, engendrée par les bons résultats, pour continuer à grandir. Mais, dans un premier temps, on n’envisage pas d’ajouter 1.000 places dans la salle.

Pepinster confirme sa deuxième place, malgré la blessure d’Axel Hervelle…

On le doit à Niksa Bavcevic, un homme qui travaille 90 heures par semaine. Il n’apprécie pas trop qu’on le mette en avant, mais il faut dire la réussite de Pepinster, c’est à lui qu’on la doit. On est vice-champion de Belgique et on a progressé sur le plan européen. Voici deux ans, nos jeunes se sont aguerris grâce à la Coupe NEBL. Cette année, on a participé à la Coupe ULEB. On n’a pas pu s’extraire de la poule, mais lorsque je vois qu’on a été battus de 2 et de 4 points par l’Hapoël Jérusalem, qui était finaliste, je me dis qu’on n’est pas loin. On essayera de franchir un palier supplémentaire la saison prochaine.

Pepinster revient de loin…

Effectivement. Selon le président Victor Bosquin, la dette du club atteignait un moment 1,5 million d’euros. Je ne me suis jamais permis de divulguer des chiffres, mais si le président lui-même l’affirme… On a réussi, à la force du poignet, à s’extraire de l’ornière, qui était profonde. Aujourd’hui, je peux dire qu’on a grandi à tous les niveaux : sportif, encadrement, sponsoring. On peut compter sur un millier d’abonnés, sur 600 ou 700 sièges VIP. Je crois qu’on obtiendra la licence sans trop de problèmes, alors que l’an passé c’était encore problématique. Le budget demeure très raisonnable (NDLR : de l’ordre du million d’euros pour la partie joueurs/entraîneurs, de 1,6 million pour l’ensemble du club). Il augmente chaque année de 10 % environ, mais pas plus. On peut envisager l’avenir avec optimisme.

Bonnes relations liégeoises

Vendredi, c’est le derby liégeois…

Les deux clubs sont rivaux, mais entretiennent de bonnes relations. Jadis, alors que Liège n’était pas encore en D1, on avait été contacté par le bourgmestre de Liège, Willy Demeyer, pour jouer au Sart-Tilman. On a préféré garder notre identité régionale. C’est la force du club. Aujourd’hui, cependant, le nom de Verviers a été associé à celui de Pepinster. Un rapprochement avec la Ville de Verviers était indispensable : on s’est rendu compte qu’avec l’arrivée de Liège sur le marché, on était un peu petit et on a voulu rassembler toutes les forces vives. Mais je ne pense pas que le nom de Pepinster disparaîtra un jour : le club doit conserver ses racines.

Comment ne pas évoquer avec vous l’affaire du match reporté entre Charleroi et Pepinster ?

Nous n’avons pas demandé à ne pas jouer le match. Nous demandons simplement à ce que le règlement soit appliqué. Et je ne vois pas pourquoi ce règlement devrait être différent parce qu’on a affaire au club le plus puissant du pays. En début de saison, Wevelgem a été sanctionné d’un forfait parce que Real Kitieu ne possédait pas les papiers adéquats ce jour-là. On n’a pas rejoué le match plus tard, lorsqu’il les avait reçus. A Charleroi, on nous parle de fair-play, mais il y a aussi des intérêts financiers en jeu. Pour les deux parties. Par ailleurs, Charleroi est-il plus fair-play lorsqu’il contacte Marcus Faison, puis Sacha Massot, alors que l’on aborde la phase cruciale du championnat et que les deux équipes luttent pour la première place ?

Une pointe de jalousie, ou de frustration, n’est-elle pas en train de naître vis-à-vis des Spirous ?

Pas du tout. Nous respectons le travail d’Eric Somme. Mais nous avons le droit de nous défendre.

Demander une minute de silence en guise de protestation, lors du match contre Ostende, n’était-ce pas déplacé ?

Si, je le concède. Nous avons d’ailleurs reçu des réactions négatives de la part de certains sponsors. J’ignore d’où est partie l’initiative. Pas de moi, en tout cas. Et le terme était très mal choisi. Plutôt que de minute de silence, il aurait fallu parler de minute de protestation. Simplement tourner le dos au terrain, pendant 30 secondes, cela aurait suffi. Il y a probablement eu trop d’excitation, à chaud, dans la foulée d’une décision de la fédération qui ne nous agréait pas. Je ne tiens pas à ce que le climat s’envenime. D’ailleurs, voici dix jours, j’ai suivi le match Mons-Charleroi au milieu du… kop de Charleroi. J’ai été très bien accueilli.

Daniel Devos

 » J’ai suivi Mons-Charleroi au milieu du KOP DES SPIROUS « 

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