Pense trop aux autres

Le milieu de terrain visétois a toujours des choses à dire.

Gilbert Bodart: « L’année passée, Karim Zouaoui a essuyé beaucoup de critiques. Mais j’ai attendu pour me faire un jugement personnel et son jeu m’a beaucoup plu. Son seul petit défaut est qu’il n’est pas assez égoïste sur un terrain. Il est trop collectif. Il cherche trop à faire la belle passe et ne prend pas assez sa chance. C’est aussi un des rares joueurs à n’avoir raté aucun entraînement. Il est très régulier ».

L’entraîneur visétois ne tarit pas d’éloges sur son milieu de terrain français. Comme tous ceux, d’ailleurs, qui le connaissent. Bon sur le terrain et intéressant à côté, Karim est né à la Goutte d’Or, dans le 18e arrondissement de Paris, où vivent encore ses parents originaires d’Algérie.

« Je viens de la rue. Dans ce milieu, c’est simple. Soit on réussit, soit on se plante! Je suis parvenu à réaliser mon rêve et à sortir des difficultés. J’ai joué à peu près 60 matches en D1 et je suis satisfait. J’ai déjà eu une bonne petite carrière », affirme le milieu de terrain offensif de Visé.

Le club de Gilbert Bodart a pris 13 points sur 15 mais cette progression a été freinée par une défaite à domicile face à Renaix (0-1) avant de repartir de l’avant dimanche dernier à Heusden-Waregem (0-1).

« La situation était magnifique avant cette défaite » dit le coach.  » Pourtant, on avait dominé tout le match. On a vraiment manqué de chance. Ce qui est positif, c’est qu’on n’a pas perdu notre jeu quand ça allait mal ».

« C’était un faux pas, du moins je l’espère », rétorque Karim.  » On commence à bien jouer et à se connaître. Notre jeu est offensif et donc assez ouvert. Ce n’est pas toujours facile de jouer contre des équipes très défensives, comme il y a en D2. Avec le noyau qu’on a, on devrait jouer les cinq premières places pour participer aux playoffs. Mais ça n’est pas drôle. C’est la première année que Gilbert Bodart entraîne et beaucoup de nouveaux éléments sont arrivés. Il faut donc organiser tout cela. Le groupe est toujours solidaire et quand les résultats ne suivent pas, Bodart communique beaucoup. Souvent, il me fait penser à Walter Meeuws« .

Zouaoui admet certaines difficultés à évoluer dans l’antichambre de la D1: « La D2 est très physique et ce n’est pas toujours évident pour les joueurs techniques comme moi. Surtout que je garde beaucoup le ballon. Il y a chaque fois quelqu’un à côté qui vous suit pendant 90 minutes. On se prend beaucoup de coups, fatalement. En plus, les arbitres ne protègent pas assez les joueurs créatifs. Ce sont pourtant eux qui font le spectacle. Quand j’évoluais à Tilleur en D3, je me suis fait un jour littéralement agresser. Un joueur m’avait salement taclé et a blessé mon genou. Cela m’avait valu une déchirure des ligaments croisés postérieurs et du ménisque ».

Fadiga, le pote

Le milieu offensif visétois est un grand ami de Khalilou Fadiga. Il l’a connu à l’époque où il jouait au Red Star de Paris. Là-bas, ils ont connus de très bon moment comme un match face à l’équipe de France Espoirs avec Ouédec, Dutruel et Goma. Les deux compères étaient également partis en même temps en Belgique.

« Je descends souvent à Paris pour voir ma famille et mon grand ami Khalilou. On se fait alors des petites soirées entre potes. Fadiga ramène des joueurs d’Auxerre tels que Mexès, Boumsong et parfois Kapo. On voit aussi souvent DJ Abdel, Cut Killer -NDLA : DJ également- et l’humoriste Jamel Debouze« , raconte-t-il.

Zouaoui a été interpellé par la récente affaire Anelka: « Dans un sens, je le comprends. On le prend pour un bouche-trou. Il a déjà raté deux coupes du monde alors qu’à chaque fois, il jouait bien en club. C’est un joueur exceptionnel, avec un potentiel encore immense, révélé par Arsène Wenger qui se trompe rarement. Quand on voit la progression de Thierry Henry, c’est hallucinant. Pirès et Wiltord se sont également fort améliorés avec Wenger ».

Etre musulman

Karim Zouaoui est musulman et vient de fêter la fin du ramadan: « Beaucoup de gens font l’amalgame avec les terroristes depuis les attentats du 11 septembre. Mais le Coran n’a jamais prôné la violence. Nos valeurs sont proches de ce qui est dit dans la Bible. Ce sont l’amour, la familleet l’amitié. Beaucoup de gens oublient ça. Quand un Européen vient au Maghreb, il est bien accueilli. C’est la chaleur humaine qui prime chez nous. Et en Afghanistan, les terroristes se sont servis de la détresse de certaines personnes pour leur faire un bourrage de crâne. Dès qu’il y a des guerres, c’est chaque fois pour l’argent ou le pétrole. Il y aussi le pouvoir qui rend les gens fous. Il n’y a qu’à prendre l’exemple sur Bush et Ben Laden. J’avais un jour vu une émission télévisée fort intéressante. Elle montrait un Palestinien et un Juif israélien qui étaient de très bons amis. Quasiment, le seul point qu’ils avaient en commun, c’est le décès de leurs deux fils assassinés. Ils n’en voulaient pas au camp adverse mais bien au pouvoir. Eux ont compris qu’il fallait vivre ensemble. C’était une très belle leçon de vie ».

Zouaoui déplore le racisme sous-jacent auquel font face les jeunes d’origine immigrée. « Personne n’en parle mais la réalité est là. Ce sont souvent des petites choses mais ça blesse. Et on s’étonne encore de la montée du Front National en France et du Vlaams Blok en Belgique? Pour citer un exemple, les videurs des boîtes de nuit laissent rarement entrer les Arabes et les Noirs et disent tout le temps qu’il faut être un habitué. Mais comment voulez-vous que l’on soit habitué si on ne peut jamais entrer? Si on va en boîte, c’est pour faire la fête et rien d’autre. Ce qui s’est passé à Anvers est aussi flagrant. Un jeune Arabe s’est fait assassiner devant chez lui par un raciste et finalement, on a plus parlé des émeutes dans la ville et de l’attitude d’ Abou Jahjah. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec lui, mais il a raison quand il dit qu’il y a des policiers racistes. Cela, personne n’ose l’avouer. Quand un jeune Arabe se fait contrôler, il n’a pas droit à toute la politesse dont fait preuve un policier à l’égard d’un blanc, du moins si ce dernier se fait contrôler. Il y a des bons et des mauvais partout. Il ne faut pas oublier cela ».

Tim Baete

« Gilbert Bodart me fait penser à Walter Meeuws »

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