PÉKIN EN TÊTE

Il a modelé son corps et son âme pour devenir imbattable. Le Mondial de Zeddam ne constitue pas son objectif ultime : cap sur les J.O.

Le champion du monde a déjà couru 22 cyclocross. Il n’a échoué à côté du podium qu’à quatre reprises cette saison. Il semble invincible, à quelques jours du Mondial. Le quadruple champion de Belgique a gagné huit des neuf manches de Coupe du Monde et il domine le Superprestige. Depuis deux ans, il semble immunisé contre les maladies, les jours sans et même les coups de blues. En course, il démarre quand bon lui semble et rouler à 80 % de ses possibilités lui suffit généralement. Alors qu’un Bart Wellens, en parfait cycliste, n’a que la peau sur les os, Sven Nys affiche quelque 9 % de graisse. Il ne puise pas dans ses limites. Pourtant, il est affûté. Il l’avoue, en montrant ses carnets d’entraînements, où il compile depuis dix ans toutes sortes de données, des repas avalés aux kilomètres parcourus :  » Je connais parfaitement mon corps mais surtout, j’adore m’entraîner, souffrir et revenir à la maison avec le sentiment du devoir accompli. Je préfère même l’entraînement à la compétition « . Minutieux, il a déclaré, après sa victoire à Liévin, qu’il était las. Il l’a remarqué à des symptômes qui passeraient inaperçus aux yeux de beaucoup : son explosivité était un peu émoussée, son pouls ne montait qu’à 190 contre 199 à la Noël. En cause : treize courses en trois semaines. A deux semaines du Mondial, ça ne le tracassait pas trop..

Nys est avant tout bien dans sa peau. Quand il va chercher son fils, Thibau, à l’école, qu’il joue avec lui, il oublie le cyclisme et se ressource.  » Avant, je me focalisais trop sur mon sport. Je roulais à fond quatre heures en négligeant les signaux de mon corps. Paul Van Den Bosch, mon entraîneur, est sur la même longueur d’ondes que moi. S’il m’a recommandé une longue séance mais que je me sens mal, je lui téléphone et il rectifie le programme « . Qu’on ne s’y trompe pas : Sven Nys est mû par la volonté d’être le meilleur, pour lui, pas pour la galerie. Celle-ci le laisse froid.  » Beaucoup de gens croient être mes amis. Ils sont mes supporters, en fait. Mon cercle d’amis est très restreint « .

Pas de reconnaissance du parcours

Le champion a subi une métamorphose psychologique, en l’espace de deux ans. Une succession de claques a produit le déclic.  » Un moment donné, j’ai décidé que c’était fini. Je prends le départ sans m’intéresser aux autres. Je suis présent alors qu’avant, je me recroquevillais dans mon coin en observant les autres, pour jauger leur forme. Maintenant, c’est ma course. Ils devront me passer sur le corps pour gagner. J’ose attendre le dernier tour pour attaquer alors que jadis, quand je menais à quelques tours de l’arrivée, je stressais en me demandant si j’allais gagner. J’ai trouvé mon équilibre, une saine agressivité. Et puis, je n’ai plus rien à prouver. Tout ce qui vient est bienvenu mais il n’y a plus de must. Ainsi, je savoure mieux chaque instant « . Son bonheur familial l’aide à s’évader, à mettre le championnat du monde entre parenthèses. Il ne reconnaîtra même pas le parcours de Zeddam avant le matin de la course. Il n’a mûri aucun scénario : l’improvisation est maîtresse, comme cet instinct qui l’a poussé à sauter les barres au championnat de Belgique, sans se soucier de tomber et de se ridiculiser.

Agé de 29 ans, Sven Nys affiche un palmarès impressionnant. Le cannibale du cyclocross n’est pourtant pas rassasié. A peine la saison de cyclocross achevée, il va s’atteler à un nouveau défi : le VTT. Objectif : les Jeux Olympiques de Pékin, en 2008 et pas pour faire de la figuration ! Au printemps, il va donc disputer des stages, participer à des compétitions de VTT. Il disputera malgré tout la prochaine saison de cyclocross mais il enchaînera avec des manches de Coupe du Monde de VTT afin de se qualifier pour les JO.  » Je dois faire mes preuves dans cette discipline. Il se pourrait que ma saison 2008 en pâtisse. Vous me verrez encore dans les labourés mais je ne serai sans doute pas parfaitement préparé « . Sven Nys va affronter un ennemi qu’il redoute : la chaleur. Il transpire énormément et s’expose plus que d’autres à la déshydratation en été.  » La solution ? M’entraîner sous la chaleur pour m’y habituer « . Et rectifier son plan d’entraînement, afin de reprogrammer ce corps qu’il connaît si bien. Mais avant, il compte bien enfiler un nouveau maillot arc-en-ciel, à Zeddam.

LOES GEUENS

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