PAYS-BAS : VOICI OÙ LE BÂT BLESSE

Les choix de Marco van Basten dans les trois matches de poules.

L’équipe des Pays-Bas, qui faisait partie du groupe de la mort, n’a pas dû attendre le troisième match de poule pour décrocher son ticket pour les huitièmes de finale. Tous les observateurs s’attendaient à un groupe C équilibré, très indécis, avec l’Argentine comme favori mais pouvant être mis en danger par les trois adversaires tirés au sort par les compatriotes de Diego Maradona. Or, les Sud-Américains comme nos voisins du nord ont gagné leurs deux premières rencontres avant le match les opposant, malheureusement programmé quand les qualifiés étaient déjà connus. (Et même si les joueurs au maillot orange ont bénéficié, contre la Côte d’Ivoire, des largesses de l’arbitre colombien Oscar Ruiz…)

Un Argentine-Hollande, comme premier ou deuxième match, aurait certainement donné lieu à un tout autre spectacle et un autre résultat qu’un 0-0 ! Les Hollandais avaient adopté une tactique identique dans leurs trois premières rencontres, même si lors de la confrontation face aux hommes de José Pekerman, Marco van Basten avait enlevé du onze de base tous les joueurs sous la menace d’un deuxième carton jaune à l’exception de Khalid Boulahrouz. Ce duel tant attendu a été particulièrement décevant surtout dans le chef des Néerlandais qui, en gagnant, auraient rencontré le Mexique plutôt que le Portugal. C’était peut-être un choix délibéré afin d’éviter l’Allemagne au tour suivant si celle-ci éliminait la Suède. Dans l’autre partie de tableau, il fallait attendre le dernier carré avant d’éventuellement croiser le fer avec le Brésil.

Schéma 1 : tactique utilisée contre les Ivoiriens.

Le système utilisé par Van Basten, certainement dû à sa formation à l’Ajax, est un 4-3-3 des plus classiques avec devant le gardien Edwin van der Sar, une défense à quatre en ligne, un milieu de terrain en triangle (avec un demi central récupérateur et deux demis relayeurs), et trois attaquants (deux ailiers et un centre-avant qui reste le plus souvent dans l’axe). Ce système peut être très efficace à la condition que les deux attaquants de flanc possèdent non seulement une très grande capacité de débordement mais également une importante qualité de centre. De plus, il faut de la présence devant le but avec la participation de l’ailier opposé au centreur qui doit être capable de conclure au deuxième poteau. Dans le même ordre d’idées, il faut une énorme faculté de pénétration des demis qui doivent venir à la finition en venant de deuxième ligne dans l’axe.

Schéma 2 : tactique utilisée contre les Argentins

Exactement le même schéma que dans le match précédent à la différence que les deux ailiers ne sont plus, tous les deux, des gauchers. Cette fois, Van Basten a choisi l’équilibre mais a décidé de placer le droitier à gauche et le gaucher à droite, certainement pour profiter de la possibilité, pour ces deux joueurs, de rentrer sur leur meilleur pied. Mais pour cela, il faut varier son jeu énormément, bouger sans cesse et également changer de flanc, c’est-à-dire permuter avec son alter ego, et en plus libérer le flanc dans son dos pour un médian ou le défenseur latéral qui plonge. Sur le schéma, on voit en ligne pleine le comportement des deux ailiers durant ce match. En pointillé, on peut voir les mouvements que ces deux joueurs auraient dû effectuer pour être plus efficaces. Sinon, l’animation du système devient figée et l’effet de surprise pour l’adversaire est quasi nul.

Conclusion

Les Pays-Bas souffrent si leurs ailiers ne parviennent pas à prendre le dessus sur leurs adversaires directs car dans un tel système, avec des ailiers types, le un contre un est encore plus important que dans tout autre dispositif.

Étienne delangre

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