PAUL VAN HIMST & EDDY MERCKX

Pierre Bilic

On n’imagine pas l’un sans l’autre. Ils représentent sans doute le mieux la Belgique du sport.

Aucun sportif n’a autant marqué l’histoire de notre petit pays que ce duo d’amis.  » J’ai dû rencontrer Eddy Merckx pour la première fois au début des années soixante « , affirme Paul Van Himst.  » Nos parents se connaissaient. Ils suivaient les matches d’Anderlecht. Après le dernier coup de sifflet, ils se retrouvaient régulièrement dans le bistrot d’ Henri Meert, en face du stade. Il les accompagnait parfois « .

Né le 2 octobre 1943, Paul Van Hinst a passé le cap de la soixantaine. Eddy Merckx en fera autant le 17 juin prochain. Ces icônes sportives ne se sont pas endormis sur leurs exploits et sont devenus des chefs d’entreprise en vue. Paul Brésor torréfie et vend du café. Eddy dirige une belle usine de vélos. Tous les deux sont souvent à la une de la presse financière. Van Himst figure d’ailleurs sur la dernière couverture du magazine Bizz où sa bonhomie et son bon sens font merveille.

Merckx parti se reposer à Crans Montana, Van Himst a parlé pour deux. Il sait tout : il ne se passe pas un jour sans qu’ils se téléphonent.

Leur histoire débute de la même façon. Les deux familles ont été attirées il y a bien longtemps par les perspectives d’avenir de la région bruxelloise. C’était leur Eldorado. Le père du Pelé blanc était marchand de bétail originaire de Stekene, près de la frontière hollandaise. Pendant la guerre, il se réfugia à Bruxelles avec les siens. Paul Van Himst se souvient de son papa qui, revêtu de son cache-poussière, palpait les flancs des animaux qu’il s’apprêtait à acheter ou à vendre. Les parents d’Eddy Merckx quittèrent la région de Tirlemont afin d’ouvrir une épicerie à la place des Bouvreuils à Woluwé Saint-Pierre.

Au début des années 80, le retraité Merckx aide le néo-coach Van Himst à se lancer

Est-ce que ces trajectoires familiales assez similaires, ce même terreau, les ont rapprochés ?  » C’est assez probable « , raconte Paul.  » A l’époque de mes débuts, le football ne permettait pas encore de nourrir une famille. J’ai rapidement travaillé chez Brésor et je vendais du café notamment aux parents d’Eddy. Leur épicerie était devenue un point de ralliement pour les amateurs de sport. J’y étais quand Eddy gagna son premier Milan-Sanremo en 1966. Il portait le maillot de l’équipe Peugeot. La suite, ce furent des rencontres plus épisodiques durant quelques années car nous étions lancés dans nos carrières. Il roulait beaucoup à l’étranger, je jouais un peu partout. Nous nous voyions à des réceptions et le plaisir des retrouvailles était évident. Cela a toujours cliqué entre nous. Eddy mit fin à sa carrière en 1978. Ce n’est jamais facile. Il faut passer ce cap, vivre autrement, penser à autre chose. J’avais vécu cela avant lui. Nous en avons parlé ensemble. Nos épouses s’entendaient à merveille. Il nous arrivait souvent de manger un bout ensemble. Puis, nos enfants se sont tournés vers le sport. Axel adorait le football et a porté le maillot d’Anderlecht. Frank, mon fils, affirma un jour en revenant d’un stage dans les Ardennes qu’il s’intéressait au cyclisme. Eddy lui a offert un cadre de vélo. C’était un peu le monde à l’envers : un Merckx balle au pied, un Van Himst sur un vélo. Eddy était un supporter acharné du Racing White et il a suivi ses amis de Woluwé au RWDM. Pourtant, petit à petit, je l’ai attiré à Anderlecht. Eddy aimait jouer au football et il a notamment fait partie de l’équipe des anciens d’Anderlecht. Il était presque converti à la cause mauve et a continué à jouer après mon départ de cette équipe d’anciens. En 1982, j’ai pris la succession de Tomislav Ivic en tant que coach d’Anderlecht. Tout commença par un voyage en Finlande en Coupe de l’UEFA. Mon ami tint évidemment à être présent à mes côtés. Il me porta chance et ne rata pas un seul voyage européen d’Anderlecht. Cette saison-là, nous avons gagné la Coupe d’Europe de l’UEFA. Ce furent des années merveilleuses. Je m’en souviens encore avec émotion. On discutait sans cesse de football et Eddy en connaissait un bon bout « .

Aujourd’hui, Paul est le premier supporter d’Axel dont il admire le courage et le jusqu’auboutisme et Eddy a retrouvé la forme de ses 30 ans.  » Un jour, je lui ai dit qu’il devait faire un petit effort pour sa ligne et sa santé « , raconte Paul.  » Il a réagi en champion et quand je le vois à vélo aujourd’hui, je comprends pourquoi il a été le plus grand coureur cycliste de tous les temps. Il est vraiment très fort et il faut s’accrocher pour le suivre. Pour moi, c’est impossible « .

Pierre Bilic

 » Eddy a réagi en champion quand je lui ai dit qu’il devait faire UN PETIT EFFORT POUR SA LIGNE et sa santé « 

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