Patron Naturel

Les Waeslandiens ont réussi à s’immiscer aux premières places. Avec pour conséquence le retour de l’ancien défenseur de Seraing et d’Anderlecht chez les Diables Rouges.

Sur les bords de la Durme, on ne s’attendait pas à ce que ce club local, Lokeren, connaisse un si bon début de saison. Après une année médiocre, les Waeslandiens ne voulaient pas crier victoire trop vite d’autant plus que le club était secoué dès le mois d’août par l’affaire Davy De Beule.

Seul le président Roger Lambrechts avait osé clamer haut et fort que son club possédait le potentiel pour terminer à la 3e ou la 4e place. Pourtant, aux abords du stade de Daknam, on n’avait pas trop prêté attention aux propos présidentiels. Mais force est de constater qu’après huit journées de championnat, les Noir et Blanc pointent dans les hautes sphères du classement. Le coach Franky Van der Elst a réussi à continuer sur la lancée de la fin de saison passée. Lokeren avait en effet terminé 5e du second tour, ce qui lui avait valu de sauver partiellement une saison durant laquelle, longtemps, ses troupes avaient flirté avec la lutte pour le maintien.

Toujours avec un mélange de genres. Depuis longtemps, le président Lambrechts a misé sur l’Afrique. Les Ivoiriens côtoient les Guinéens. Mais depuis peu, une touche sud-américaine est venue égayer ce coin de Belgique coincé entre Anvers et Gand . Renatinho est parti mais Chaves et Ademilson sont venus rejoindre leur compatriote brésilien Tailson . De quoi faire oublier la colonie islandaise toujours aussi présente avec ses quatre représentants.

 » Sous Georges Leekens, on était une équipe encore fort physique « , explique le milieu de terrain Runar Kristinsson ,  » Sous Paul Put, avec les joueurs africains, on a disputé du beau football, que l’on a perdu la saison passée. On l’a simplement retrouvé cette saison sous la houlette de Van der Elst « .

Pour encadrer ces talents venus d’ailleurs, Van der Elst avait insisté sur la nécessité de transférer des joueurs expérimentés. Sa demande a abouti aux signatures des Anderlechtois Olivier Doll et de Marc Hendrikx. A 31 ans, Doll découvrait un nouveau club après ses dix saisons sous le maillot mauve et blanc. Sans doute la meilleure personne pour nous conduire dans les travées d’un club qui surprend en ce début de saison.

Vous n’avez pas trop eu la sensation de commencer votre fin de carrière en signant à Lokeren ?

C’est certain que quitter Anderlecht qui se situe au top en Belgique constitue un pas en arrière mais je savais qu’un jour je devrais partir du Parc Astrid. J’ai reçu plusieurs propositions. J’ai pesé le pour et le contre et j’ai finalement opté pour Lokeren qui m’offrait un contrat de trois ans.

Pour quelles raisons ?

C’est un club stable tant sur le plan financier que sportif. Certes, l’équipe restait sur une mauvaise saison mais c’est un club sérieux qui possède de nombreux joueurs de talent. Je n’ai pas encore eu l’occasion de m’en mordre les doigts car je suis tombé sur des gens accueillants. Je me sens bien ici. Je n’avais pas d’appréhensions avant de venir et je suis content de ne pas en avoir eu. Ici, je retrouve l’ambiance conviviale qui régnait à Seraing.

Qu’espérez-vous apporter au club ?

Je voulais avant tout retrouver le plaisir, m’amuser sur le terrain et reprendre confiance. Les gens attendent peut-être beaucoup de moi car je viens d’Anderlecht mais j’ai toujours dit qu’il ne fallait pas s’attendre à des miracles. Il faut qu’ils aient conscience de mes qualités et des mes défauts et si on prend acte de cela, alors, je peux apporter quelque chose au groupe. Pour le moment, je joue dans l’axe, ce que je pense être ma meilleure place. Cela ne veut pas dire que je ne souhaite pas jouer au poste d’arrière droit. Mais si on me place à cette position, il ne faut pas penser que je vais couvrir tout le flanc. Je ne suis pas ce type de joueur.

Entre la 6e et la 12e place

Etes-vous surpris des résultats actuels ?

Le groupe recèle de la qualité. Je pense que notre place se situe entre le 6e et le 12e rang. Derrière Bruges et Anderlecht, beaucoup de formations se tiennent de très près. Le classement dépendra un peu des circonstances, des blessures, etc. Une défaite peut vous faire perdre six ou sept places. Pour le moment, cela marche bien pour nous mais il ne faut pas s’emballer car on devra faire face à un calendrier difficile ces prochaines semaines. Il faut qu’on s’accroche. A nous d’essayer d’être assez costauds.

Mais le président dit que le groupe peut terminer 3e ou 4e ?

Un président de club doit avoir de l’ambition mais il faut rester réaliste. Disons simplement que le président voulait nous donner de la confiance pour la suite.

Vous dirigez la défense comme un patron. Un rôle nouveau pour vous ?

Non. C’est venu naturellement. Vu mon expérience, c’est moi qui parle le plus au sein de la défense. Mais je trouve qu’on se partage assez bien les tâches suivant les circonstances. Ce n’est pas un joueur qui doit prendre seul des initiatives. Tout le monde doit communiquer pour éviter les erreurs. Maintenant, peut-être que je le fais plus vu ma position. Je joue dans l’axe derrière. Je vois tout le jeu qui se déroule devant mes yeux.

N’est ce pas difficile de composer avec tous ces joueurs de langue différente ?

Cela ne doit pas être un problème. A Anderlecht, déjà, on sortait les problèmes de communication quand les résultats ne suivaient pas. Ce sont de fausses excuses. On se comprend avec peu de signes. Le football n’est pas une science compliquée.

Lokeren a passé un cap depuis l’arrivée de Marc Hendrikx…

Quand on a un joueur qui possède une telle expérience, cela se remarque immédiatement sur le terrain.

Pourtant, on ne peut pas dire qu’il enchantait autant les supporters d’Anderlecht…

Non. Ici, il joue sans complexes. On lui a fait confiance et on montre qu’on compte sur ses qualités. Du coup, il retrouve des sensations et du plaisir. A Anderlecht, il jouait avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête chaque semaine. Dans ces conditions, c’est difficile de prester à un bon niveau.

Vous vous êtes senti également libéré d’un poids en quittant Anderlecht ?

Non. Car la pression ne m’a jamais dérangé. Au risque de paraître masochiste, j’appréciais quand on se retrouvait devant l’obligation de gagner. Cela me stimulait. Maintenant, je dois m’adapter à un nouvel environnement mais ce n’est pas parce que j’ai moins de pression que je dois moins prester. Je suis quelqu’un qui n’aime pas perdre. Et pour éviter la défaite, je fais toujours en sorte de terminer un match en ayant le sentiment d’avoir tout donner.

Quel est le style du jeu de Lokeren ?

Vu que le club possède quelques ambitions, on essaie de jouer en allant de l’avant. Essayer d’être solide derrière et de repartir vers l’avant le plus vite possible. Franky Van der Elst est un entraîneur très ouvert avec des méthodes d’entraînement assez modernes. Il forme avec Rudy Cossey une bonne paire à ce niveau-là. On joue généralement avec quatre défenseurs. Le rôle des latéraux consiste alors à fermer le plus possible la porte pour ne pas permettre aux attaquants adverses de s’engouffrer dans les brèches. Il y a beaucoup de qualité dans le noyau. Mais on doit encore améliorer la reconversion tant offensive que défensive. On possède pas mal de joueurs qui aiment jouer au ballon mais sur le terrain, quand on perdu ou récupéré le cuir, on met encore quelques secondes avant de se reconvertir. Il faut que cela se fasse automatiquement sans réfléchir. Cela doit être un état d’esprit.

Rien à perdre avec les Diables

A l’image de ton club, tu as réussi un très bon début de saison. Epargné par les blessures, tu as même abouti en équipe nationale…

Physiquement, je me sens bien. Je suis mieux actuellement qu’il y a trois ans. A ce rythme-là, je peux encore jouer trois ans minimum. Pour moi, l’équipe nationale, c’est du bonus. Je sais que j’ai été rappelé à la suite de pépins physiques qui n’ont pas épargné les élus de la première heure. Mais je préfère quand même qu’on repense à moi plutôt qu’à un autre. Et puis, je croyais que je ne jouerais jamais. Puis voilà que, vu les circonstances du match, je joue 30 minutes. Je savais que je n’avais rien à perdre dans cette aventure. C’est comme cela que j’ai l’habitude de prendre les événements : sans me poser trop de questions.

Les Diables Rouges ont de nouveau perdu…

Sur papier, l’Espagne était plus forte mais elle n’est pas vraiment dans une bonne période. Et je suis persuadé que si on avait pu rester à 11 contre 11, on aurait pu ramener quelque chose. Car alors qu’on était à 10, l’Espagne ne s’est pas montrée tellement dangereuse. Mise à part en possession de ballon.

Mais n’existera-t-il pas toujours une excuse ?

On ne peut pas nier que cela aurait été plus facile à 11. Mais ne peut-on pas simplement admettre qu’il y a un manque de talent dans cette équipe par rapport à d’autres générations de l’équipe nationale ? Cette équipe est douée mais peut-être moins que les Diables Rouges d’autrefois. Et il faut donc compenser cela avec d’autres armes comme la combativité et l’engagement.

Penses-tu que tu seras repris dans la sélection belge pour affronter la Serbie ?

Je ne me pose pas ce genre de questions. En Espagne, j’étais là pour dépanner. Mais Aimé Anthuenis m’a fait jouer 30 minutes alors que normalement la place devait échoir à Anthony Vanden Borre. Alors, je me dis : pourquoi pas ? Contre la Serbie, il n’y a pas 36 solutions. Il faudra à tout prix gagner. L’équipe belge a des possibilités et il faudra les montrer. S’il n’y a pas d’envie pour gagner un tel match, il n’y en aura jamais.

Stéphane Vande Velde

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