PATRICK VERVOORT ET DAVID PLATT

Une belle tunique pour un souvenir horrible !

Patrick Vervoort :  » Aussi bizarre et incongru qu’il y paraisse, le maillot qui me tient le plus à c£ur concerne un des souvenirs les plus douloureux de ma carrière. Il remonte aux huitièmes de finale de la Coupe du Monde 1990, lorsque nous avons été battus 1-0, après prolongations, face à l’Angleterre, à Bologne. Ce soir-là, j’honorais ma 30e cap en tant que Diable Rouge, pour qui j’avais effectué mes débuts, quatre ans plus tôt, à la faveur d’une joute amicale face à la Bulgarie. Durant cette période, j’avais eu l’occasion de disputer l’un ou l’autre matches de la meilleure veine, avec comme apothéose la demi-finale du Mundial 1986 au Mexique, face à l’Argentine. Mais à l’heure des bilans, je ne pense pas que l’équipe nationale ait joué mieux, un jour, avec moi dans ses rangs, que lors de cette rencontre face à la puissante Albion. Jamais encore, le team coaché par l’emblématique Robby Robson n’avait souffert autant face à une formation continentale que cette fois-là. S’il n’y avait eu un brillant Peter Shilton entre les perches, sauvé à deux reprises par ses montants, par ailleurs, sur des essais de Jan Ceulemans et Enzo Scifo, nous aurions tout simplement créé la grosse sensation de l’épreuve.

Finalement, comme chacun s’en rappellera, la partie s’est jouée à la toute dernière minute du temps réglementaire sur un coup franc généreusement accordé à la bande à Gary Lineker et transformé par David Platt. Le hasard a voulu qu’au moment du coup de sifflet final, je me trouve dans les parages immédiats du grand tourmenteur de notre sélection et que nous procédions tous deux à l’échange traditionnel. Je ne sais trop si lui-même a conservé mon bien mais moi, je ne m’en séparerais pour rien au monde. Car un match pareil, cela ne s’oublie pas, même s’il s’est scellé par une défaite. Pour suivre régulièrement notre formation représentative, je ne vois qu’une seule confrontation, ces dernières années, où nos meilleurs éléments ont livré une prestation d’un niveau à peu près semblable : au Mondial 2002, devant le Brésil. Ce jour-là aussi, les troupes de Robert Waseige auraient mérité mieux qu’un revers par 2 à 0 devant les futurs champions du monde. Mais on ne refait évidemment pas l’histoire. Tout bien considéré, on doit même être fier qu’une petite nation comme la nôtre ait pu donner un jour du fil à retordre à deux grandes puissances mondiales.

Parmi les autres vareuses qui ne me laissent nullement insensible, je citerai en tout premier lieu celle de l’Argentin Ricardo Giusti, que j’ai recueillie après le fameux demi au stade Aztèque, à Mexico. Je possède également un tricot d’un joueur de la Sampdoria de Gênes contre qui j’ai livré la finale de la Coupe des Coupes en 1990, à Göteborg, avec Anderlecht. Mais avec la meilleure volonté du monde, je ne pourrais dire de qui il s’agit. Il est vrai qu’à ce moment-là, le nom des joueurs n’était pas encore floqué sur les maillots. Un ultime souvenir marquant, pour moi, est le shirt que j’ai reçu de l’Allemand Thomas Hässler. Je l’avais rencontré lorsque je jouais dans le Calcio, à Ascoli, et que lui défendait les couleurs de l’AS Roma. Comme bien l’on pense, plusieurs de mes coéquipiers étaient intéressés par sa tunique. Mais en fin de match, c’est spontanément vers moi qu’il s’était avancé. Ce sont des choses qu’on n’oublie pas « .

par Bruno Govers

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