PASCAL DE WILDE

Pascal De Wilde rayonne de bonheur. Malgré les nombreux coups durs, ce joyeux drille a traversé la vie avec le sourire. Pendant sa carrière, déjà, ce médian excellent technicien était réputé bon vivant. Il a joué à Bruges, Harelbeke, Malines et Valenciennes avant de retourner à Harelbeke. Par la suite, il a tenté d’entraîner des clubs de Provinciale (Rhode et Bonheiden) mais n’a pas eu le courage de suivre les cours. Il ne joue plus au football mais pratique encore le squash. Parfois, il va voir les vétérans de Malines, avec qui il a encore joué jusqu’il y a deux ans.

Il a eu 50 ans en mai mais affirme que cela ne lui a rien fait. Ou presque rien…  » L’an dernier, un ami s’est plaint de maux de dos. Deux mois plus tard, il était mort. Ça m’a quand même fait réfléchir. Mais si je dois mourir demain, c’est ainsi. J’aurais au moins vécu à fond.  » Il dit cela sur le ton de la confidence car ses deux filles, jumelles de 26 ans, n’aiment pas l’entendre parler comme ça.

Chaque matin, à 4 heures, il part : depuis 2006, il travaille comme livreur pour une entreprise pharmaceutique de Malines. Il sert surtout des pharmacies et des hôpitaux de la région gantoise. Il ne va plus très souvent à Bruges, où il a grandi et commencé à jouer au football. Dans les équipes d’âge du Club, on le considérait comme un grand talent. Il était l’équipier de Marc Degryse et Pascal Plovie, entre autres. Son idole, c’était Jan Sörensen.  » Je l’adorais pour sa technique et son côté imprévisible. J’ai beaucoup appris rien qu’en le regardant.  »

Au Club, il n’a jamais percé. Il ne s’entendait pas avec Georg Kessler, l’entraîneur.  » Un gars qui s’écoutait parler « , dit-il.  » Il était toujours tiré à quatre épingles, il parlait bien et il avait du charisme, mais si on grattait un peu… A-t-il gagné quelque chose avec le Club ? Henk Houwaart a eu bien plus de succès que lui. Kessler ne m’a jamais donné ma chance puis je me suis fracturé le péroné et il est venu me dire : -Dommage parce que tu allais jouer ! Allez, c’est bon hein !  »

Il avait 20 ans et était un peu rebelle. Harelbeke, alors en D3, lui tendit la main. Ses dribbles et accélérations attirèrent le regard de Malines et d’Aad de Mos. C’est à Malines qu’il connut ses meilleurs jours : il fut champion et remporta la Coupe des Coupes face à l’Ajax.  » Aad était un entraîneur hors du commun. Il lui suffisait de voir deux minutes d’un match pour tout comprendre. Il cherchait le conflit mais nous nous entendions bien. Un jour, il m’a fait sortir après 25 minutes. J’étais furieux. Mais le lendemain, il m’a dit : -Même si tu joues cinq mauvais matches d’affilée, je te laisserai sur le terrain. C’était un type spécial.  »

De Mos utilisait l’arme psychologique avec ses joueurs mais aussi avec les adversaires.  » En demi-finale de la Coupe d’Europe, nous affrontions Bergame. Leur meilleur joueur était le Suédois Glenn Strömberg, un castard. La veille du match, De Mos n’avait rien trouvé de mieux que de piquer ses chaussures dans le vestiaire. Strömberg a donc dû jouer avec les godasses d’un autre.  »

Cette période de gloire prit fin de façon abrupte en 1990, lorsque De Wilde causa un accident de la route à Turnhout. Deux personnes y trouvèrent la mort et il resta quinze jours dans le coma, après quoi il fut condamné à huit mois de prison pour homicide volontaire. Sa carrière était finie. Par la suite, il tenta encore de jouer à Valenciennes et à Harelbeke mais ses éclairs se firent de plus en plus rares, les blessures s’accumulèrent et il reconnaît que la motivation n’y était plus.  » Je ne repense pas souvent à ma carrière mais parfois, en regardant des matches à la télévision, je me dis qu’à 25 ans, j’étais déjà fini, alors que mes meilleures années devaient encore venir.  »

PAR MATTHIAS STOCKMANS

 » Avant le match à Bergame, Aad de Mos est allé piquer les chaussures de Strömberg, leur meilleur joueur, dans le vestiaire.  »

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