© Lucie Appart

Pas sa Gueule

J’ai essayé. Franchement, j’ai essayé d’apprécier la victoire du PSG. Mais c’est comme si on me demandait d’être copain avec le nouveau mec de mon ex dont je suis toujours amoureux. Faut pas déconner.

Ça me l’a plus fait depuis longtemps en Ligue des Champions, mais j’étais à fond derrière les Bavarois. À bloc. Ç’aurait été pareil si Paris jouait contre le Barca, Manchester, Cologne ou le RWDM, peu importe, fallait pas qu’ils passent. Malheureusement, c’est passé et je ne sais pas si c’est mérité et d’ailleurs je m’en fous pas mal, comme chaque fois que je tiens pour une équipe. Sauf qu’ici, plus précisément, je tenais contre une équipe. Pas une rivale à mon club de coeur, non. Juste une équipe que je considère méprisable.

Retombée la déception, que dis-je, la rage, je me suis interrogé sur cet acharnement. Ainsi que celui de la moitié de la planète foot. Parce que je ne suis pas seul dans ma haine de ce club depuis que son importance grandit en Europe. C’est fifty-fifty. L’autre moitié les adule et porte leurs trainings à l’entraînement, leurs maillots dans des clips et leur blason dans le coeur. C’est comme la question Ronaldo ou Messi, qui est une question de merde, mais à laquelle chacun a sa réponse dans un coin de la tête comme ses papiers d’identité dans sa poche, au cas où elle se manifesterait et qu’il faudrait se prononcer. En fait, ce qui est dingue, c’est que le PSG a réussi à ce que chacun ait une opinion de lui. Certes clivante, mais personne ne s’en fout de la réussite de Paris. Tout le monde s’en cale de Naples, de Montpellier, du Shakhtar ou de Genk. Et je ne parle pas des Parisiens ou des supporters qui ont une vraie histoire avec le club, je pense plutôt à notre back gauche prépubère de fond de campagne namuroise qui va au lycée avec son survêtement ou de mon père qui n’est plus pubère, mais qui n’arrive pas à comprendre que je les trouve insupportables. Alors pourquoi tant de monde déteste Paris et pourquoi tant de monde les adule?

Le PSG a réussi à ce que chacun ait une opinion de lui. Tout le monde s’en cale de Naples, de Montpellier, du Shakhtar ou de Genk, mais personne ne s’en fout de la réussite de Paris.

L’oseille? Début de réponse. Sans doute que la moitié de la Terre aime l’argent et que l’autre aimerait en avoir et donc le fustige. Surtout quand il tombe du ciel. Et que d’un côté, on préfère réussir à la sueur du front qu’avec l’argent de poche de papa. Mais quand l’argent de poche de papa permet d’acheter de si beaux jouets…

Les stars? Des vedettes, dans ce que ça peut avoir de négatif. L’attitude, la posture. Pour moi, une star, c’est le gars qui a du talent, certes, mais qui va autant mouiller le maillot contre Guingamp que contre Madrid. Neymar, le mec, c’est une diva. Mbappé, il a le melon. Ces gars, ils méprisent leurs adversaires en championnat, ils se bougent que quand y a assez de caméras, et ils font des roulades quand on leur effleure le bronzage du bout du pied. J’en voudrais pas dans mon club, même s’ils me permettent de gagner la C1.

Quand je vois le sort réservé à certains, je ne peux pas cautionner. Cavani, dont l’attitude et le jeu sont moins sexy, il s’est fait allumer tout du long de son passage, alors que c’est un joueur exemplaire. Et quand il a finalement été mis à la porte, on a continué à lui cracher dessus parce qu’il est pas resté. Pareil pour Meunier, qui s’est impliqué à fond et n’a jamais eu de respect en retour. Que dire d’un Choupo-Moting dont le nom est devenu une vanne dans la capitale. Ingratitude.

En fait, chaque caractéristique de ce qu’est devenu ce club est une véritable question de société. L’argent, les strass, le rendement, le désengagement, la nouveauté, l’obsolescence, le chacun pour soi, le mépris, la recherche de la gloire. D’une certaine manière, supporter Paris, ou ne pas le faire, c’est embrasser une vision de notre monde.

Et comme dans la vraie vie, la leur l’a emporté contre le Bayern.

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