Pas pour tous, le quota de Poco !

Anderlecht et Standard ont bouclé 2011 sur un petit couac. Les Rouches ont craqué à Courtrai, où j’ai aimé l’arpentage de son flanc par Mustapha Oussalah.

Quand il s’agissait de défendre à gauche, Mustapha repoussait Ervin Zukanovic vers l’axe défensif ; quand il s’agissait d’attaquer à gauche, Mustapha repoussait alors Mohamed Messoudi vers l’axe offensif. C’était ce coulissage joli, huilé, via lequel on ne sait jamais si Hein Vanhaezebrouck est l’adepte d’une défense à trois, quatre ou cinq ! Et le lendemain, après avoir mené par la grâce d’un penalty gentil, les Mauves gaffaient à Mons : pas, comme on l’a trop dit, sur une énorme bourde de Roland Juhasz, mais sur une énorme mésentente avec Silvio Proto qui avait choisi de s’avancer…

Là-dessus, les deux camps évoquèrent leur noyau et la trêve qui s’amenait. Ariel Jacobs a lâché qu’on pourrait s’en passer, bougonnant par ailleurs sur son effectif trop fourni : être 25 à l’entraînement empêche parfois de bien s’entraîner. Ariel n’a pas tort, ce n’est pas avec 14 garnements en surplus dans les pattes que tu peux peaufiner l’organisation de ton onze de base, en vue du match qui va suivre… Par contre, Jean-François de Sart m’a surpris par ses explications du couac à Courtrai. D’abord en se plaignant de l’absence de huit titulaires, au point que certains parleront d’un Standard décimé ! Mollo : quand 25 gars briguent le onze de base, faut pas causer de titulaires, y a de quoi parer aux emmerdements, les gros noyaux sont là pour s’en servir ! Franck Berrier, Mbaye Leye et Aloys Nong ont juste à bosser et obéir, même si José Riga ne les choisit plus guère : de là à les enterrer vivants pour mieux pleurnicher quand d’autres manquent à l’appel et à la pelle… Les gros noyaux concurrentiels permettent-ils de mieux parer aux blessures éventuelles ? Ou s’y blesse-t-on davantage tant la concurrence y est implacable ? Faudrait l’avis de Vanhaezebrouck, 4e au classement avec 18 gars grand max.

Jef le Dirlo a aussi parlé de calendrier démentiel : 33 matches officiels en 24 semaines, les mecs sont tous crevés, la trêve est bienvenue ! Soit, calculons. Admettons que Sébastien Pocognoli soit crevé : il a été le plus utilisé, avec l’équivalent de 28 matches complets. Comptabilisons maintenant 10 joueurs de champ prestant 90′ pendant 33 matches : ça fait 29.700′ de temps de jeu disponible. Sachant que surviennent blessures et suspensions (qui, accessoirement, rechargent les accus : à quelque chose, malheur est bon !), posons qu’en moyenne, environ 20 joueurs de champ sont disponibles pour se répartir ces 29.700′ de temps de jeu : cela permet l’équivalent de 16 matches et demi pour chaque prétendant… c’est-à-dire deux matches complets toutes les trois semaines. Ne me dites pas qu’un pro entraîné peut cramer à ce rythme ! Certes, dans les faits, certains jouent plus et d’autres moins. Mais au Standard, où 28 gars différents ont presté en championnat depuis le début, rares sont ceux qui approchent le quota de Poco !

Le problème est ailleurs. Quand Riga faisait tourner le noyau sans trop gagner, il se ramassait la critique de ne pas parvenir à dégager d’équipe-type. Mais depuis qu’une équipe un peu type s’est dégagée (sans gagner toujours, mais sans guère se faire battre), des évincés tirent la gueule comme partout ailleurs, se démotivent, envisagent de se tailler. En fait, à la trêve, si fatigue il y a, elle n’est que nerveuse chez la plupart. Car vouloir à la fois un gros noyau heureux de son sort et une équipe-type performante, c’est vouloir le beurre et l’argent du beurre.

C’est pourtant ce que font les clubs, avec plus ou moins de bonheur : plutôt plus au Standard, toujours présent sur trois fronts… et plutôt chançard en championnat ! Car compulsez le classement et scrutez la différence de buts, élément d’analyse révélateur à ce stade : 6e défense et 13e attaque, le Standard pourrait squatter les environs de la 9e place, non ? Eh bien, il a la chance d’être 5e avec un average pas faramineux de 23-23… alors que ses quatre poursuivants ont un average positif ! Tant mieux pour les Rouches mais gaffe, pareil constat n’indique pas que les play-offs 1 sont déjà in the pocket ! A moins de renforcer le noyau durant ce mercato ? Non, pitié : pas de syndrome/PSG, pouah !

PAR BERNARD JEUNEJEAN

Vouloir un gros noyau heureux et une équipe-type performante, c’est vouloir le beurre et l’argent du beurre.

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