Pas nécessaire d’avoir été un grand joueur

Les anciens équipiers du coach flamand à succès donnent l’image de quelqu’un avec qui on aurait aimé jouer… et faire la fête.

Par quel bout entamer un reportage sur le passé de Paul Put, l’entraîneur de Lokeren. Il a d’abord joué pour huit clubs de divisions inférieures: Beerschot, Tubantia Borgerhout, Audenaerde, Rotselaar, Bornem, Union St-Gilloise, Herentals et Wilrijk.

Manifestement, il n’a pas laissé de souvenirs impérissables comme joueur et n’est resté qu’une saison dans ses différentes équipes, à l’exception de Rotselaar et du Beerschot, où il a effectué ses classes. Il a tenu deux saisons complètes à Rotselaar…

Chris De Vos (ex-joueur du Beerschot)

« Nous avons joué ensemble depuis les Scolaires et nous avons été champions de Belgique en Juniors UEFA. Paul était toujours agréable. Il avait le sens de l’humour. Ce n’était pas un chef de bande mais il était charmant et apprécié par beaucoup de gens. Un gentleman, sur le terrain et en dehors. La famille comptait beaucoup pour lui. Son père et sa mère assistaient à tous ses matches. Ils étaient charmants aussi. J’éprouvais beaucoup de respect pour eux. Paul était de toutes les fêtes, mais n’en faites pas un sorteur car en fait, il était très discipliné. Si le football avait la priorité, hé bien, c’était comme ça. Il était fan de musique. Je me souviens qu’il avait une vieille Volvo avec une installation hi-fi. On rigolait toujours en lui disant qu’en fait, il aurait dû installer un spot de couleur dans sa Volvo, comme dans une discothèque. Paul était un excellent danseur.

Il avait une excellente vision mais il n’a malheureusement pas été épargné par les blessures, survenues à de mauvais moments. Il voulait toujours trouver une solution footballistique. C’était un vrai footballeur. Au Beerschot, LeonNollet lui a beaucoup appris. Il a constitué un modèle pour Paul car même en catégories d’âge, il s’attardait sur des détails. Cela lui est certainement resté car Paul, maintenant qu’il est entraîneur, place les mêmes accents que son ancien mentor ».

Ludo Gugliermetto (ex-joueur de Tubantia Borgerhout)

« C’était un défenseur rude, solide, mais il n’avait pas besoin de commettre beaucoup de fautes car il était très discipliné tactiquement. Il avait un excellent jeu de position. Il était à sa place en Promotion. Plus haut, il ne pouvait pas prétendre à une place de titulaire.

Mais les femmes l’aimaient bien! Combien de fois mon épouse ne m’a-t-elle pas seriné: -Paul avait encore un superbe costume ce soir. Récemment, j’ai vu sa photo dans le journal, avec une publicité sur le col de sa chemise. E5 mode. J’ai pensé : -Paul, tu l’as collé dessus car tu ne portes sûrement pas des chemises d’E5-mode! Entraîneur, il a toujours roulé en Porsche ou en Mercedes. éa lui donnait une certaine allure. Il a toujours eu de belles amies aussi. (Il éclate de rire). En fait, je pense que c’étaient plutôt les femmes qui lui couraient après que l’inverse. Il était bien fait. Maintenant, à la télévision, je constate qu’il a grossi mais quand il était affûté, il avait de l’allure. C’était un beau gars. Il travaillait beaucoup sa condition. Il possédait des engins de musculation. Quand on ne le connaît pas, on a l’impression qu’il est spécial et il l’est aussi. C’était un peu le fifils à sa maman: enfant unique, il avait tout ce qu’il voulait, il était gâté. Tout ce qu’il devait faire, c’était jouer au football. Mais quand il commence quelque chose, il s’accroche. Comme dans son commerce de vidéo, fondé à partir de rien.

Ses parents assistaient à tous ses matches et ils donnaient un coup de main au club quand on organisait une fête. Des gens très sympathiques. Il était toujours chouette envers ses collègues aussi. Ce qu’il gagnait comme entraîneur, par exemple, il l’offrait pour que toute l’équipe aille manger ensemble. C’est une des clefs de son succès: il est capable de transformer un noyau en groupe d’amis. Nous allions toujours boire un verre après l’entraînement, parfois un verre de trop, d’ailleurs, mais lui se contentait de jus d’orange quand il était joueur. Il se soignait bien ».

Danny Ost (ex-joueur de l’Union Saint-Gilloise)

«  »Au début, il était titulaire au stopper. BrunoDeLentdecker, qui était un monument à l’Union, était parti en France pour son travail et Paul l’a remplacé. Il pouvait jouer techniquement tout en travaillant dur. Nous étions jeunes et il jouait toujours à un niveau supérieur au mien. Peut-être à cause de sa présence.

Paul était mon copain de sortie. Il aimait la vie mais il était quand même sérieux. Je veux dire par là qu’il était le plus calme mais c’était un peu le play-boy de la bande. (Il rigole). Il roulait déjà en BMW décapotable et était toujours tiré à quatre épingles. Il y a des anecdotes, évidemment, mais ça reste entre nous, hein! ( Il rit). Il savait s’amuser. Quand on allait prendre un verre, on n’arrêtait pas de rire, mais il était travailleur: il voulait arriver. Je ne suis donc pas surpris par sa réussite comme entraîneur. Je ne me souviens plus de tous ceux qui ont joué à l’Union, mais de lui, bien! Je l’ai croisé alors qu’il jouait à Vorselaar avec Geel. Il s’est exclamé: – Nom de dieu, Danny Ost. éa faisait longtemps mais il m’avait reconnu… »

Jan Broeckaert (ex-président d’Audenaerde)

« Il nous a rejoints pendant l’époque de gloire du club en D2. Il se plaisait beaucoup chez nous mais il n’était pas titulaire. Il était à lalimite entre le 11 de base et le banc. Il n’en était pas très heureux et c’est la raison de son départ. Quand il ne jouait pas, il fallait lui fournir une explication mais ça ne dégénérait jamais en dispute. Je garde le souvenir d’un footballeur doté de bon sens, de vista et d’un bon bagage technique. Il était plus doué pour expliquer quelque chose aux autres que pour l’appliquer. C’était un footballeur dans l’âme, un connaisseur ».

Jean Janssens (ex-coach de Bornem)

« Mon stopper attitré, Hendrik Spiessens, était suspendu pour six matches en 83-84 et c’est pour ça que j’ai transféré Paul Put, mais il n’était pas titulaire. C’était un joueur banal, convenable, un garçon agréable, en plus, qui faisait ce qu’on lui demandait. Il n’était pas mauvais techniquement mais un rien trop lent et son jeu de tête était lacunaire, malgré sa taille et sa puissance. En réalité, il était défenseur central mais je l’ai également aligné à l’arrière gauche ».

Rik Van Looy (ex-président d’Herentals)

« éa fait longtemps… Laissez-moi réfléchir. Il était toujours dernier homme, je crois. Je ne suis pas sûr. Je ne sais pas s’il était rapide ou athlétique. Tout ce dont je me souviens, c’est qu’il ne refusait pas les duels mais qu’il ne prenait pas beaucoup de cartes. Ce qui m’a frappé, c’est la nature de son contact avec les autres. Il était calme, il passait inaperçu mais c’était quand même un leader ».

Eddy Bronckaerts (ex-joueur de Rotselaar en D3)

« A mon arrivée à Rotselaar, il entamait sa seconde saison. J’ai soigneusement rassemblé dans un album les compositions d’équipes et les résultats de ma carrière mais je ne vois aucun match auquel il ait participé, durant cette saison-là. J’ai épluché les 30 matches du championnat et il n’a été aligné qu’une mi-temps, en remplacement, durant la préparation. Dans l’entrejeu, en plus, alors qu’il me semblait plutôt être un arrière droit. Donc, je pense qu’il n’a même pas achevé cette saison, sinon, je l’aurais vu plus souvent dans l’équipe. Si je me souviens de lui, c’est parce qu’il était charmant ».

Urbain Spaenhove (ex-joueur de Wilrijk en 2e Provinciale)

« Il n’est resté qu’un an chez nous. Il a été longtemps blessé. Sa revalidation a été très longue. Je me souviens que c’était un authentique libero, doté de technique, d’une excellente vista, pas très rapide, mais il compensait ce handicap par son placement. Il poignait dedans, comme on dit, mais il s’appuyait sur sa technique. Ce n’était pas un joueur violent. Il était discipliné. Intelligent également, mais il ne donnait pas l’impression d’être fou de football. En dehors du terrain, il était très charismatique. Un jour, blessé, à la surprise générale, il a invité tout le groupe dans un restaurant espagnol à ses frais. Alors qu’il était nouveau chez nous et blessé! Le fait qu’il s’implique dans la vie du groupe malgré sa blessure lui a valu le respect général. Il restait à l’arrière-plan, il gardait ses distances. Il ne voulait jamais avoir le premier ni le dernier mot, il ne criait pas plus fort que les autres mais il se distinguait quand même. Son apparence était toujours soignée.

Comme il avait lancé son affaire de vidéo, il pouvait se permettre de prendre quelque distance par rapport au football. Du coup, sa carrière d’entraîneur a surpris beaucoup de gens. Ce qui m’a toujours frappé et charmé, c’est qu’un joueur qui s’appuyait sur une carrière si mince ait pu devenir un formidable entraîneur de D1″.

Raoul De Groote

« Je pense que c’étaient plutôt les femmes qui lui couraient après que l’inverse »

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