Malgré une saison cahoteuse, Ostende est toujours en course pour le doublé.

Ostende a terminé troisième de la phase classique. Et mercredi passé, en quarts de finale aller de la Coupe de Belgique, les Côtiers ont partagé à domicile 81-81 contre Liège. Malgré cela, le Joueur de l’Année 2002 estime – à juste titre – que son club peut toujours lutter sur les deux tableaux.

Comment vivez-vous cette saison sur un plan personnel?

ChristopheBeghin: J’ai l’impression qu’on m’attend au tournant. Je dois m’efforcer de faire honneur à ce titre de Joueur de l’Année 2002.

Les joueurs titrés attirent les convoitises: on a fixé un prix de 500.000 euros pour votre départ éventuel…

D’un côté, c’est une marque d’estime à mon égard. Cela freinera-t-il les candidats acquéreurs, s’il y en a? On verra bien. Je suis ouvert à toute discussion. L’an passé, j’ai prolongé mon contrat à Ostende jusqu’en 2005.

Avez-vous un plan de carrière?

Pas vraiment. L’étranger m’intéresse, mais pas au point de sauter sur la première offre venue. A côté de grandes réussites, comme Eric Struelens au Real Madrid ou Jean-Marc Jaumin à Malaga, j’ai aussi entendu d’autres joueurs se plaindre de retards de paiement dans les salaires ou d’un accueil laissant à désirer. Pour l’instant, mon challenge est de confirmer la saison passée. Ce n’est pas évident. Autrefois, je bénéficiais d’une plus grande liberté d’action. L’adversaire se focalisait sur d’autres joueurs, comme « VP », Virginius Praskevicius.

Individuellement, vous semblez avoir conservé votre niveau, voire progressé, mais au sein d’une formation qui tourne moins bien.

Il est clair que quelques grains de sable ont enrayé la belle mécanique ostendaise. Nous ne parvenons plus à nous trouver sur le terrain. Individuellement, nous avons assez de talent pour encore frapper un grand coup, mais la sauce ne prend pas. Les débuts de saison laborieux sont habituels à Ostende, mais cette fois on met plus de temps que de coutume pour carburer à plein régime. Il n’y a pourtant aucune animosité entre les joueurs. Au contraire: l’ambiance est meilleure que les années précédentes. Nous sommes 12 dans le groupe et tout le monde s’entend bien avec tout le monde. Au fond, c’est peut-être là que réside le problème: précédemment, nous trouvions dans l’une ou l’autre prise de bec l’énergie nécessaire à la révolte.Petit c…

Plusieurs joueurs importants vous ont quitté durant l’entre-saison: Tomas Van den Spiegel, Virginius Praskevicius, Ed Cota… Quel départ a-t-il été le plus durement ressenti?

Les départs de Tomas et de « VP » m’obligent à jouer davantage en n°5. En fait, avec Tony Dorsey, nous avons généralement deux n°4 sur le terrain, car Michael Nahar et Virgil Stanescu jouent relativement peu. Ralph Biggs, en revanche, est davantage handicapé par le départ d’Ed Cota. Il n’a plus le soutien d’un distributeur très rapide, qui le fait courir. Michael Hawkins a du talent -comment pourrait-il en être autrement avec une carte de visite aussi fournie que la sienne?- mais un autre style. Il pratique un jeu plus posé, et par conséquent, on voit un autre Biggs également. Le départ de tous ces joueurs ne m’avait pas trop inquiété, car les années précédentes, le club avait toujours très bien recruté. Mais cette fois, la réussite est moindre. Individuellement, ce sont tous de très bons joueurs. Mais certains, comme Nahar et Stanescu, ne se sentent pas en confiance. Lorsqu’on compare leurs prestations aux entraînements et en match, c’est le jour et la nuit.

Comment réagit Eddy Casteels?

Il continue à travailler, défend son groupe comme il l’a toujours fait. Il faut bien le connaître, car il n’est pas facile à sonder. On ne sait pas toujours très bien s’il plaisante ou s’il est sérieux. Je m’y suis fait. Parfois, à l’entraînement, il me traite de petit c… Je sais que c’est pour rigoler. Mais, s’il s’adressait de la même manière à Virgil Stanescu, le Roumain pourrait le prendre à la lettre.

Ralph Biggs a-t-il changé?

Il m’apparaît différent, oui. Il est orphelin d’Ed Cota, de « VP », d’autres joueurs capables de faire la différence, et veut porter l’équipe à lui tout seul. Ce n’est pas nécessairement la bonne manière.

L’incident de Pepinster fut-il l’expression de son malaise?

Sans doute. C’est toute la frustration accumulée pendant des semaines qui est ressortie de façon regrettable. Je ne peux pas pardonner son geste, même si d’une certaine manière, je peux le comprendre. L’équipe ne tourne pas, il a parfois envie de forcer, mais cela ne marche pas non plus. Il ressent une forte pression sur ses épaules, peut-être liée aussi à son titre de MVP et au fait qu’il est la dernière figure emblématique restée à la côte. On chuchote qu’il pourrait partir parce qu’il deviendrait trop cher. J’ai entendu qu’après quatre ans, il devrait être taxé comme un joueur belge. C’est sans doute cela, la différence.

Au coeur de cette saison cahoteuse, la défaite face à Wevelgem a fait tache. La direction n’avait pas tardé à réagir.

Effectivement, mais peut-être pas de la meilleure façon qui soit. Vouloir retenir 25% de notre salaire, c’est du jamais vu et c’est illégal. En outre, la presse était au courant avant les joueurs. Heureusement, notre contre-proposition a été acceptée: nous avons abandonné notre prime de victoire à Tournai et nos supporters sont venus nous encourager à Mons à nos frais, samedi dernier. Si la direction était restée sur sa position, j’ignore comment tout cela se serait terminé. Notre menace de grève aurait pu être exécutée et le récit des événements se serait rapidement propagé à l’étranger, peut-être dans une version amplifiée d’ailleurs. C’eut été néfaste pour les recrutements futurs.Pepinster peut être champion

Malgré toutes ces péripéties, Ostende est toujours en course pour le doublé.

En championnat, nous avons terminé troisièmes de la phase classique. Nous avons donc entamé la deuxième phase avec deux points de retard sur Mons. Mais la défaite subie par la formation hennuyère à Louvain a remis les pendules à zéro d’une manière inattendue. En coupe, nous avons concédé le partage à domicile face à Liège, mercredi dernier. Nous devrons donc nous imposer ce soir au Sart-Tilman. Nous l’avons déjà fait en championnat, ce n’est donc pas une mission impossible. La saison dernière, nous avions été éliminés en coupe dès les seizièmes de finale.

Quitte à affronter Charleroi en playoffs, vaut-il mieux le faire en demi-finale en trois manches, ou en finale en cinq?

Bien malin qui pourrait répondre à cette question. Dans les deux cas de figure, il faudra s’imposer au Spiroudôme. Ce ne sera pas simple. Mais Ostende est le seul club belge à avoir vaincu les Spirous cette saison. Depuis, je dois reconnaître que nos rivaux sont montés en puissance. En fait, le Charleroi de cette saison, c’est… l’Ostende des saisons précédentes. Précédemment, dans les rangs carolos, certains joueurs me donnaient l’impression de vouloir forcer la décision tout seuls. Comme Louis Rowe. Cette saison, les Spirous forment davantage un bloc. Et ils ont un beau banc. Mais rien n’est joué. Les quatre demi-finalistes des playoffs auront des arguments pour être champion. Y compris Pepinster.

Daniel Devos

« Charleroi, c’est comme Ostende avant »

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