« Pas ma faute ! »

L’entraîneur serbe n’a rien vu venir et se défend d’avoir quitté le navire comme un rat. Philippe Dufermont ne l’avait informé de rien…

Alors que l’Excelsior Mouscron est toujours en sursis, et que le couperet pourrait tomber à chaque instant, vu que les recours aux tribunaux se succèdent et la Ligue professionnelle a inscrit l’exclusion des Hurlus à l’agenda de son AG du 4 décembre, Miroslav Djukic est rentré à Valence. Son ancien entraîneur a filé à l’anglaise une fois la licence retirée, sans demander son reste. Certains ont parlé de désertion et lui ont reproché un manque de solidarité. Nous l’avons joint en Espagne, où il a retrouvé son épouse et l’un de ses fils, l’autre étant actuellement aux études en Angleterre.

Que faites-vous, en ce moment, Djuka ?

MiroslavDjukic : Je suis chez moi, je profite de ma famille que je n’ai pas vue pendant plusieurs mois et j’attends un éventuel coup de fil d’un club intéressé. Ce n’est pas facile, à cette période de l’année, mais que puis-je faire d’autre ?

Quel sentiment gardez-vous de ce que vous avez vécu à Mouscron ?

Cela va peut-être vous surprendre, mais un bon sentiment. J’étais heureux là-bas, je m’épanouissais et j’estime avoir fait du bon travail. Mais il y a des éléments qu’on ne peut pas contrôler.

Votre démission, et celle de vos adjoints, au soir du match contre le Standard, a été brutale. Certains vous reprochent d’avoir été le premier à quitter le navire alors que le capitaine est censé rester à son poste.

Excusez-moi, mais ce qui est arrivé n’est ni ma faute, ni celle de mes adjoints. Je suis un entraîneur. A partir du moment où le football n’est plus la préoccupation principale, je ne peux plus travailler. Comment aurais-je pu demander aux joueurs de s’entraîner, de se donner à fond au risque de se blesser, alors que le lendemain ils pouvaient se retrouver au chômage ? Pour pouvoir exercer mon métier, j’ai besoin de pouvoir travailler dans un climat serein. Je dois pouvoir poser des exigences en matière sportive. C’était devenu impossible à partir du moment où l’avenir même du club était incertain.

Vous n’aviez rien vu venir ?

Rien. On n’apercevait aucun nuage, jusqu’au jour où la licence a été retirée. Subitement. Personne ne nous a jamais expliqué que la situation était à ce point grave. Il faut dire que mes contacts avec Philippe Dufermont étaient réduits au strict minimum.

Vous l’avez eu deux fois au téléphone pendant les quatre mois que vous avez passés à Mouscron, c’est cela ?

A peu près, oui.

C’est l’inconvénient d’avoir un président qui passe six mois de l’année en Chine et les six autres en Espagne ?

Probablement, oui. Il y avait des personnes, à Mouscron, qui géraient le club au quotidien, mais elles dépendent du boss.

Lorsque vous avez signé votre contrat, en juin, saviez-vous que le club était fragile économiquement ?

Je savais que l’Excel avait rencontré des problèmes financiers la saison dernière, mais Philippe Dufermont m’avait assuré que tout était désormais réglé, qu’il s’investirait personnellement pour qu’il n’y ait plus de tracas et serait souvent présent au stade.

Il vous a donc menti ?

On peut dire cela, oui. Maintenant, c’était peut-être son intention de s’investir, à ce moment-là. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans les mois qui ont suivi, pour que cela tourne mal à ce point-là. Les finances, ce n’est pas mon domaine.

Votre expérience belge a donc tourné court…

Oui, mais elle me servira aussi pour la suite de ma carrière. Mon staff et moi étions arrivés avec des idées neuves pour le championnat de Belgique. Cela a pris un peu de temps pour qu’elles soient assimilées, mais je pense qu’on était sur le bon chemin. On était arrivés avec un projet à long terme, qui aurait dû porter ses fruits dans deux ou trois ans. Hélas, les circonstances ne nous ont pas permis d’aller au bout. J’ai l’impression, aujourd’hui, que le club a voulu construire des châteaux en… Espagne.

Il y avait de la qualité dans le groupe ?

Tout à fait. Il y avait de bons jeunes, quelques joueurs expérimentés pour les encadrer, de bonnes conditions de travail. Le Futurosport était aussi un bel outil. Si le club venait à disparaître, ce serait aussi un beau gâchis pour tous ces gamins. Sportivement, il y a tout pour réussir à Mouscron.

Avez-vous encore des contacts avec les gens de l’Excel ?

Officiellement, non. Maintenant, j’essaie de me tenir au courant de ce qui s’y passe.

Votre avenir personnel ?

Il est incertain aussi, forcément. J’attends une bonne opportunité pour espérer rebondir.

par daniel devos

En juin, Philippe Dufermont m’avait assuré que les problèmes financiers appartenaient au passé.

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