Pas inférieurs

« Le Standard a décroché du peloton de tête par sa propre faute ».

Comme d’autres, il a été soumis à une amende de 500 euros. « C’est grotesque, je n’ai pas encore payé mais que je le veuille ou non, je vais bien devoir m’acquitter de l’amende. Mais changeons de sujet. Ce n’est pas une excuse pour mal jouer. Ce n’est certainement pas à cause de ça que ça tournait moins bien. »

« Le report du match contre le GBA a cassé notre rythme. Le grand nombre de blessés constituait un autre facteur important. Nous avons dû effectuer des changements. Avant la trêve, nous avons gagné des matches en une mi-temps et nous nous sommes livrés avec plus de retenue en seconde période. Quand on a moins de chance, comme depuis le début du second tour, qu’on ne marque pas, au contraire de l’adversaire, les problèmes arrivent. La mentalité, la tête. A chaque but adverse, nous sombrons dans la panique. »

Au début de la saison, suite au départ conjugué de Runje, Van Buyten, Prosinecki et Mornar, Harold Meyssen estimait que l’équipe avait perdu une partie de son talent. Le collectif devait compenser ce déficit, non? Meyssen: « Peut-être bien. L’année dernière, plusieurs joueurs étaient à même de déterminer le cours d’une rencontre, d’un coup de patte. Ce n’est pas possible cette année. Si, en plus, l’ensemble s’effrite, il ne reste rien. »

Le groupe a reçu une deuxième injection de talents en janvier, avec l’arrivée de Genaux, Spehar et Cavens. Mais finalement, est-ce que ces transferts n’ont pas entamé l’ensemble au lieu de le renforcer? Meyssen: « Je ne peux apporter de réponse. Nous avions des blessés, la Coupe d’Afrique des Nations nous a privés de joueurs et nous devions faire quelque chose. Nous avons récolté nos succès après avoir changé de tactique, après notre passage du 4-3-3 au 4-4-2, mais l’équipe n’a pas été modifiée. Les automatismes et la confiance ont grandi. Les blessures ont tout bouleversé. Par rapport à l’année dernière, l’équipe n’a pas d’hommes capables, comme Prosinecki, de conserver le ballon et s’insuffler du calme à l’ensemble de l’équipe. Il faut toujours foncer devant, vite, et pour les médians, c’est parfois trop. De longs ballons, contrer, peu de joueurs qui sont aptes à conserver le ballon: si en plus, vous ne marquez pas, ça devient difficile. »

Lifting tous les six mois.

Des joueurs de Genk ont également participé à la Coupe d’Afrique… Meyssen: « Oui, nous réglons le problème à notre façon, Genk à la sienne. Quel que soit le cas de figure, il faut trouver d’autres combinaisons, d’autres duos complémentaires. Des éléments qui n’ont plus joué depuis des mois ont besoin de temps pour se sentir bien et retrouver leur rythme. Au début de la saison, nous avons perdu des points à cause de ça aussi. »

Et ses rapports avec Johan Walem sur le terrain? « Au début, nous nous sommes cherchés. Sa blessure nous a empêchés de jouer souvent ensemble. »

Evidemment, si le noyau subit un lifting tous les six mois, Meyssen préfère dribbler ce thème brûlant : « Je dois jouer, pas m’occuper de ces choses-là. »

Mais est-ce encore possible alors qu’en arrière-plan, des managers se livrent une rude bataille? Certains joueurs qui ont signé chez Didier Frenay ( Didier Ernst prêt à jouer, mais retenu en réserve par Michel Preud’homme, et dont le nom a été scandé durant tout le match par les supporters, peut-être Michaël Goossens, blessé pour le moment, contacté selon lui par Didier Frenay et Bruno Heiderscheid), ne seraient plus alignés pour ce motif. Parce que Luciano D’Onofrio, l’homme fort du Standard, manager, aussi, préfère aligner ses poulains.

« Je ne lis pas la presse francophone » se défend Meyssen, « mais on m’a déjà raconté ça, en effet. »

Signer pour D’Ono ou partir?

Si c’est exact, une sélection dépend d’autres critères que les sportifs, au Standard. Prudent: « Ce n’est pas à moi qu’il faut le demander. Je suis sur le point d’exploser mais je comprends que je dois me contenir. Contre Lokeren, j’étais sur le banc… Ali n’a pas pu jouer pendant la CAN mais maintenant, il est en pleine forme, l’a prouvé contre Beveren. Que va-t-il se passer avec lui? L’année dernière, Didier Ernst était un des meilleurs mais il ne veut pas prolonger son contrat. Va-t-il rester? Ce sont des joueurs importants, leur absence pèse lourd… Didier est un battant, Ali pèse sur une défense et est très important dans le style de jeu que nous pratiquons, soit amener le ballon le plus vite possible devant le but ».

Les joueurs ont donc le choix: prolonger ou signer pour D’Onofrio. Sinon, ils ne jouent pas. Meyssen: « C’est possible, je n’en sais rien. J’attends de voir combien de temps ça durera. Pendant un an et demi, je me suis senti bien ici. Maintenant, je suis animé d’un étrange sentiment. Mais c’est encore trop tôt, attendons. »

Leader pendant la trêve, le Standard semble maintenant priviliéger des intérêts personnels à un trophée : « Je pense que tout le monde souhaite gagner quelque chose: les joueurs, les supporters, le club. Ça ferait rentrer de l’argent. Passer une fois de plus à côté d’une récompense me ferait très mal car je suis venu au Standard pour ça. »

Après le stress suscité par Tomislav Ivic, Michel Preud’homme a ramené calme, sérénité et amitié dans le groupe. Il s’est rapproché des joueurs.

« Peut-être certains en ont-ils profité, » pense Meyssen. « De sorte qu’un revirement radical s’est produit. Depuis quelques semaines, l’entraîneur a une tout autre approche. Je ne sais pas si ça nous fera du bien. Tout est lié à ces défaites. On change des choses, on limite la liberté des joueurs. Nous nous entraînons différemment, nous exerçons davantage les situations de matches et les automatismes, pour retrouver notre confiance. L’entraîneur parle moins aux joueurs, il ne leur demande plus comment ils se sentent. Il établit des limites que nul ne peut franchir. »

Le Standard court après un prix depuis si longtemps qu’on pourrait penser qu’il compte sur les joueurs les plus chevronnés : « Les jeunes commettent des erreurs, qui nous coûtent des points précieux. Le gouffre s’agrandit. Notre objectif était de ne pas perdre le contact avec le peloton de tête avant les gros matches, qui arrivent. Malheureusement, c’est ce qui est en train de se produire. Nous ne sommes pas inférieurs aux autres équipes, en talent, mais elles jouent avec les mêmes éléments depuis deux ou trois ans. Nous, nous recommençons chaque fois à zéro. D’autres ont appris à leurs dépens ce que ça implique: Anderlecht cette saison, Genk l’année dernière. Ceux qui briguent des prix doivent bâtir une équipe. Pendant un an, deux ans, trois ans ».

Peter T’Kint,

Dia 1

« Je suis sur le point d’exploser mais je dois me retenir. »

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