PAS DIFFICILE À COMPRENDRE

Le doping sanguin, qui est au c£ur du dossier Fuentes, ne constitue finalement pas un thème de réflexion très difficile à comprendre.  » Durant les périodes d’entraînement, l’athlète prend de l’EPO. « , affirme le professeur Frans Delbeke, d’un laboratoire gantois spécialisé dans les contrôles antidopage.  » L’organisme des coureurs fabrique dès lors plus de globules rouges. Après trois ou quatre jours, on prélève un demi-litre de sang. Le plasma est séparé des globules rouges. Ces dernières sont gardées au frigo durant un maximum de 42 jours. Au bon moment, un ou deux jours avant une grande épreuve, les coureurs reçoivent une transfusion contenant ces cellules rouges. Elles facilitent le transport de l’oxygène vers les muscles de l’athlète. Plus un coureur a de cellules rouges, plus il pourra élever son niveau de performance. Et le dopage avec son propre sang est impossible à déceler « .

L’hématocrite indique quand même le nombre de globules rouges par litre de sang. N’était-il pas trop élevé chez les tricheurs interdits de départ au Tour de France ?

Frans Delbeke : S’il y a trop de globules rouges, le taux d’hématocrite est forcément en hausse. Maintenant, il faut savoir que la plupart des équipes tiennent cela à l’£il. Je ne dis pas qu’ils le font tous les jours mais certainement à la veille du départ d’une grande course. Si le taux est trop élevé, on intervient…

Comment ?

En administrant au coureur une transfusion de sérum physiologique qui a un impact sur la proportion globules rouges/plasma et le taux d’hématocrite diminue. Le volume de plasma augmente tandis que le nombre de cellules rouges demeure le même.

Les directeurs sportifs de ces tricheurs sont au courant de ce qui se passe ?

Oui, bien sûr.

Affirmez-vous que les équipes des coureurs figurant sur la liste espagnole n’ignorent rien de tout cela ?

Disons qu’un certain nombre d’équipes savaient ce qui se tramait.

Pas tous ?

Je ne le pense pas. Il est quand même curieux de constater que ce sont des équipes espagnoles qui se font pincer ces dernières années. L’Espagne est le dernier pays où il est encore possible de chipoter.

Il y a eu récemment à Cologne une réunion des laboratoires spécialisés dans les contrôles antidopage. Les scientifiques ne progressent-ils pas dans la recherche d’une méthode dévoilant le dopage avec son propre sang ?

Les recherches continuent mais on ne progresse pas beaucoup dans ce domaine. Ce n’est pas facile. Je n’ose pas m’avancer quant à la durée et aux résultats de ces études. Il y a des années, le grand patron de la WADA (agence mondiale antidopage) a affirmé qu’une méthode de détection d’utilisation d’hormones de croissance avait été trouvée. Elle n’est toujours pas au point.

Quand une affaire est dévoilée au grand jour, une autre triche grandit dans le plus grand des secrets. Vrai ou faux ?

Je crois que c’est la réalité. Mais je ne vais pas donner de tuyaux aux athlètes. A l’heure actuelle, en raison de l’impossibilité de détecter le dopage avec son sang et des hormones de croissance, il ne sert à rien de chercher d’autres chemins interdits.

Les coureurs qui ont finalement pris le départ du Tour de France sont-ils propres ou plus rapides que les enquêteurs ?

La plupart sont clean. Je suppose que les principaux tricheurs ont été éliminés.

Avez-vous été surpris par la présence de grands coureurs comme UIlrich et Basso sur la liste des enquêteurs espagnols ?

Je ne m’y attendais pas. Je ne pensais pas que de tels calibres prendraient ce genre de risques.

Enormément de gens pensent que le sport cycliste a perdu sa crédibilité…

Et pourquoi en serait-il ainsi ? Le sport cycliste a justement gagné en crédibilité grâce à cette intervention décidée contre le dopage.

par jef van baelen

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