Pas de révolution de palais!

L’Ardennais a repris du service et complètement digéré le choc de son éviction de D1.

Après sa mauvaise expérience à Charleroi, Etienne Delangre souhaite faire progresser son nouveau club Bas-Oha mais ne considère pas cette situation comme un nouveau défi. Une chose est sûre, il a le moral.

Quelles ont été vos premières impressions avec votre nouvelle équipe?

Etienne Delangre: C’est une équipe qui se montre assez offensive et c’est intéressant de la voir évoluer. Le noyau est un peu trop restreint car il ne compte que 17 joueurs parmi lesquels trois ou quatre ont une certaine expérience. En effet, la moyenne d’âge est fort jeune. Un point très positif: ils ont tous envie d’écouter et donc d’apprendre. Au point de vue des gabarits, la plupart des éléments ne sont pas impressionnants mais sont dotés d’une technique plus que valable.

Avec quels objectifs avez-vous signé à Bas-Oha?

En tout cas, c’est loin d’être un challenge pour raisons personnelles! J’en avais marre de rien faire. J’ai eu des contacts en D3 mais rien ne s’est concrétisé. Je suis venu dans ce club pour le sortir d’une spirale négative qui dure depuis deux mois. Je vais assumer mon nouveau poste le mieux possible. La base tactique va être conservée: le football en zone. J’ai déjà beaucoup travaillé les phases arrêtées, ce qui n’avait pas été fait avant mon arrivée. Il y a encore quelques autres petits réglages à faire. Ce n’est pas une révolution de palais que je vais entreprendre. C’est principalement le mental qui doit être amélioré. Il y avait apparemment un certain ras-le-bol qui régnait et, de ce fait, une mauvaise ambiance s’est installée dans le groupe.

Comment évaluez-vous le niveau de la Promotion D?

Par rapport à l’année dernière, il a baissé. Les ténors sont montés. Namur est premier alors que la saison passée, l’équipe n’a même pas participé au tour final. Il y a beaucoup d’équipes montantes dont Bas-Oha. Une chose est certaine, c’est que le niveau général n’est pas très élevé. »Bayat faisait pression sur moi »

Par rapport aux événements carolos et à votre nouvelle situation, comment cela se passe-t-il moralement?

J’ai supporté le choc. Ce n’est évidemment pas facile de quitter la D1 pour un club de Promotion mais je ne fais plus du tout de fixation là-dessus. La semaine après mon limogeage a été difficile. Désormais, je me sens bien. Charleroi, c’est de l’histoire ancienne! C’est le monde du foot qui veut cela. Un entraîneur a constamment une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Pour moi, le crin de cheval n’a pas résisté longtemps. Je n’ai jamais eu de problème avec le groupe et on s’est toujours entraîné sérieusement. L’équipe tournait mal, c’était fatalement la seule vraie raison de mon limogeage. J’ai été la victime de fautes individuelles énormes. La réussite a cruellement manqué. Face à cette situation, je devenais de plus en plus impuissant. En définitive, cela devenait invivable. Pour certains éléments, la motivation n’y était pas mais ce n’était pas la cause principale des mauvais résultats. Sur une courte période, un entraîneur est tellement tributaire du paramètre chance. Le fait qu’on travaille bien n’équivaut pas nécessairement à de bons résultats. Une grosse carence offensive est également à mettre en évidence. Maintenant, le Sporting vient de transférer quatre joueurs. Il y a principalement Boeka-Lisasi et Di Gregorio commence à aligner de bonnes prestations. En attaque, je n’avais qu’Eduardo et heureusement! Si cela n’avait pas été le cas, je me demande combien de points on aurait pu obtenir. Il n’y avait pas non plus de concurrence. Par rapport à Abbas Bayat, il exerçait une certaine pression sur moi. Il exigeait beaucoup. Nous avons eu des réunions difficiles mais chaque fois, j’ai su passer à autre chose et me concentrer à nouveau sur mon travail.

Pensez-vous que Charleroi soit capable de se sauver?

La Belgique est un des rares championnats dans lequel une équipe comptant 15 points peut espérer ne pas descendre. L’équipe a quand même des difficultés à progresser et elle va avoir des déplacements très délicats à Anderlecht et à Bruges. Ils ont en tout cas une chance de rester parmi l’élite.

Que pensez-vous du choix Brogno pour vous remplacer?

Aucun commentaire. Je suis encore sous contrat. J’ai entendu quelques déclarations assez pessimistes à Charleroi. Je dirai juste que je trouve ce choix étonnant.

Mis à part votre métier d’entraîneur, avez-vous d’autres activités?

Non, je ne fais plus rien d’autre pour l’instant. Quand je suis arrivé à Charleroi, j’ai arrêté d’enseigner à l’école des entraîneurs de l’Union Belge, d’être consultant pour Match 1, de faire du scouting pour l’équipe nationale, de travailler dans la téléphonie et d’écrire des articles tactiques pour Sport/Foot Magazine.Mais j’ai des touches pour l’année prochaine. Je verrai les offres à considérer « J’ai les qualités pour la D1 »

Gardez-vous l’espoir de réentraîner un jour une équipe de D1?

Oui. Je suis persuadé que j’ai les qualités requises. Je n’en suis pas incapable. Ma mauvaise expérience de l’élite n’a pas remis en cause mes convictions et mon approche du football. Je garde espoir. Je ne me sens pas inférieur par rapport aux entraîneurs qui ont fait la licence pro avec moi. Attention, il y en a sûrement des meilleurs. Dans ce métier, il faut toujours un peu de chance. Quand j’ai fais monter deux équipes, on disait de moi que j’étais un sorcier. La direction doit surtout s’y connaître. Bayat ne m’a pas laissé travailler. Quand j’étais à Sprimont il y a quatre ans, on était dernier et le président avait gardé confiance en moi. Pour progresser en football, il faut travailler dans la continuité. Parfois, un changement d’entraîneur n’est pas obligatoire. On peut prendre l’exemple de Verviers en D3 B pour illustrer cela. Le club est dernier mais l’entraîneur est maintenu. Le président se rend compte qu’il va falloir travailler le long terme. Il y a des présidents qui font bien leur boulot et qui jugent leur entraîneur moins vite que d’autres. Les bons dirigeants délèguent à des gens qui s’y connaissent plus. Par exemple à Mouscron. A Bruges, ils sont persuadés d’avoir ce qu’il faut et ils ont raison. Sprimont et Walhain sont également des clubs qui travaillent très bien à leur niveau. Enfin, ça n’est jamais facile.

Tim Baete

« Ce n’est pas facile de quitter la D1 pour un club de Promotion… »

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